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Publié dans la presse du NPA
/ MEDEF : L’examen des candidats à son service
Mardi 28 mars, le Medef faisait passer un grand oral à quatre des
candidats à la présidentielle, dont Macron, Fillon et Marine Le Pen.
Une première d’ailleurs pour le FN, que le Medef avait boycotté lors des
précédentes élections...
Pas de doute, c’est toujours Fillon
qui reste le candidat chéri des patrons. C’est le seul à avoir fait
l’objet d’applaudissements nourris avant même son discours, et Gattaz
l’a chaleureusement accueilli. La guerre sociale ultra-rapide annoncée
depuis des mois par Fillon s’il est élu fait rêver le patronat. En cent
jours, avec une majorité parlementaire de droite solide, Fillon promet
d’en finir avec tout ce qui peut encore ressembler à de la protection
sociale et avec la résistance syndicale. Pour Gattaz, « le programme
économique et social de François Fillon a une vision vers le plein
emploi, une ambition (...). Les réformes restent tout à fait
pragmatiques, cohérentes pour aller vers la croissance ».
Mais
rien ne dit à l’heure actuelle que Fillon arrivera à passer le premier
tour... Alors contre mauvaise fortune, bon cœur : les patrons commencent
à réfléchir sérieusement à l’option Macron. « C’est un homme nouveau, il doit avoir l’âge de Kennedy quand il est arrivé au pouvoir », a déclaré Loïc Armand, vice-président de L’Oréal et président de la commission Europe du Medef. «
L’alternative pour cette élection, c’est lui ou Le Pen. Or, c’est le
seul européen convaincu et l’Europe a besoin de changer. Je crois que
c’est lui qui a la solution pour une sortie collective. S’il n’y a plus
de confiance, il n’y aura plus d’investissement. Et sans investissement,
il n’y aura pas de croissance ».
La victoire de Macron fait
encore pour l’instant figure de saut dans l’inconnu pour une majorité du
Medef. Mais elle l’est quand même moins qu’une arrivée de Marine Le Pen
à l’Élysée ! Et la prestation de la candidate du FN a vraiment fait
ressortir que la sortie de l’Union européenne et de l’euro qu’elle prône
n’est pas le choix privilégié à l’heure actuelle par le grand patronat
français. Le Pen s’est d’ailleurs bien plus adressée aux patrons de PME
qu’au noyau dirigeant du CAC 40.
Macron ou Fillon, Fillon ou Macron ?
Pour
Macron, ce n’est bien entendu pas « l’homme » ni son « programme » qui
évidemment font hésiter les patrons, mais leur difficulté à évaluer sa
capacité à mener à bien une politique aussi brutale à l’encontre du
monde du travail. Il lui faudra non seulement une majorité législative
stable mais aussi des relais puissants à tous les échelons des pouvoirs
locaux. Et pour l’instant, « En Marche » est loin d’avoir une stature
équivalente à des appareils politiques comme ceux des Républicains ou du
Parti socialiste.
Certes, le ralliement de Valls, qui va encore
accélérer la crise voire l’éclatement du PS, pourrait, en revanche, lui
permettre d’avoir une majorité législative assez confortable, allant
d’une partie de la droite à une partie du PS. Mais plus les ralliements
du côté socialiste s’accumulent, plus Macron pourrait être rattrapé par
son passé d’homme de confiance de Hollande durant presque cinq ans !
S’il gagne la présidentielle, rien n’est écrit encore sur quelle
majorité parlementaire il s’appuiera ensuite pour gouverner. Peut-être
que le Medef se plaît à imaginer un Macron président et une majorité
parlementaire de droite ? Dans l’isoloir, il y aura peut-être de la
diversité du côté du patronat, mais de toute façon, le ou la gagnante le
retrouvera uni derrière lui ou elle face au monde du travail.
Marie-Hélène Duverger