- Les sureffectifs par classe et par établissement. Ce mouvement de rentrée a montré pour la première fois que non seulement les effectifs explosent par classe – en école, collège ou lycée –, mais aussi par établissement : la construction de lycées n’a absolument pas suivi la poussée démographique, et nombre d’entre eux dépassent de plusieurs centaines le maximum d’élèves prévus pour la région.
- Les suppressions de postes – CPE, surveillants, agents d’entretien ou de cantine, personnels qui suivent les élèves handicapés –, lourdement aggravées en cette rentrée par le non-remplacement des contrats aidés.
- La volonté, de la part de la hiérarchie, de briser des équipes en éducation prioritaire qui ont un peu trop tendance à se mobiliser depuis quelques années, comme au lycée Suger.
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/ Une rentrée 2017 sous le signe de la mobilisation
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Cette rentrée a été marquée par de nombreuses grèves d’établissements – surtout dans des quartiers populaires, et souvent reconductibles – qui ont bien compromis la communication de Blanquer et Macron sur les classes de CP à 12 en éducation prioritaire.
La mobilisation a commencé deux jours avant la pré-rentrée des professeurs, avec déjà 150 personnes rassemblées devant le rectorat de l’académie de Créteil. Les raisons de la colère : l’un des collègues du lycée Suger de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Pascal Stoller, qui avait participé à la grève reconductible de 15 jours de la rentrée 2016, est muté d’office dans l’arbitraire le plus total. L’année dernière, suite à l’agression d’un surveillant, tout le lycée Suger s’était mis en grève reconductible pour demander des moyens humains supplémentaires (et non pas des caméras de surveillance ou davantage de flics devant l’établissement, comme le proposait le rectorat) ; Pascal Stoller est sanctionné pour sa solidarité. Mais la réaction des collègues, des élèves et des parents n’a même pas attendu la rentrée !
Dès le lundi de la rentrée, le lycée Germaine-Tillion du Bourget (Seine-Saint-Denis) a connu quatre jours de grève reconductible massive, alors même que ce bahut était présenté comme une vitrine par l’ancien recteur de Créteil… un certain Blanquer ! Les grèves de rentrée se sont enchaînées sur la semaine dans d’autres lycées à Aulnay, au Blanc-Mesnil, à Argenteuil, Sarcelles et Stains, mais aussi dans l’est parisien, ce qui n’avait pas été le cas l’an dernier. Très rapidement, le besoin de mener des actions communes devant le ministère ou le Conseil régional s’est fait ressentir, et les collègues ont alors fait appel aux liens tissés l’an dernier dans le cadre du mouvement « Touche pas ma ZEP ! », pour organiser rapidement des AG dès le mardi de la rentrée et se coordonner au niveau de l’Île-de-France.
Les grèves de l’an dernier ont laissé des traces
Ce début de structuration a débouché sur des cortèges auto-organisés des établissements mobilisés de région parisienne, qui ont été visibles dans les manifestations interprofessionnelles des 12 septembre (plus de 35 lycées) et 21 septembre, ou dans la manifestation de la fonction publique du 10 octobre (plus de 65 lycées). Ce succès a permis de rompre avec la croyance selon laquelle se mobiliser avec d’autres risque de « noyer nos revendications spécifiques ». Ces dates ont aussi permis aux nouveaux lycées qui étaient entrés dans la bataille les semaines suivant la rentrée – surtout en Seine-Saint-Denis (Villepinte et Sevran, puis La Plaine et Pantin) – de se regrouper.
Des grèves aussi dans des collèges et des écoles, et pas qu’en région parisienne !
Mais la colère ne s’est pas exprimée qu’en région parisienne. Dès le jeudi de la rentrée à Marseille, tout le lycée Saint-Exupéry, lui aussi membre de « Touche pas ma ZEP ! », s’est mobilisé contre la suppression de… 30 contrats aidés sur ce seul lycée dont tous les services sont sinistrés : la cantine, l’entretien, la vie scolaire… La mobilisation a été exemplaire : le lycée a fermé et la hiérarchie a promis le maintien des collègues. Cette promesse n’ayant pas été tenue, les personnels ont fait valoir leur droit de retrait du 5 au 10 octobre, et le cortège du lycée a défilé en tête de la manifestation marseillaise.
À Grenoble, le vendredi de la rentrée, c’est du collège Vercors (classé REP) qu’est partie la grève reconductible contre la perte de plusieurs contrats aidés, cette fois-ci à la vie scolaire. Après trois semaines de grève, la détermination des collègues a permis une victoire partielle : des demi-postes d’assistants d’éducation et de CPE. Contrairement au mouvement « Touche pas ma ZEP ! » de l’an dernier dans les lycées, ce mouvement touche aussi des collèges et des écoles, qui connaissent les mêmes problèmes de sureffectifs et de suppressions de postes : la grève reconductible a ainsi concerné des collèges de Colombes (Hauts-de-Seine) ou de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise).
À Vaulx-en-Velin, dans une école REP+ qui « bénéficie » pourtant des CP à 12, les enseignants ont fait grève dès la rentrée contre la suppression du dispositif « Plus de maîtres que de classes », l’augmentation des effectifs dans les autres classes de la même école ou le manque de locaux : c’est un sérieux coup porté à la propagande gouvernementale !
« Ma cité scolaire va craquer » (slogan du lycée-collège Voltaire, Paris)
Il est apparu rapidement que les mêmes questions revenaient dans toutes ces grèves de rentrée :
C’est sur la base d’une plate-forme revendicative commune qu’il faudra essayer de construire un mouvement toutes et tous ensemble, en allant plus loin dans la coordination entre établissements, si nous voulons vraiment gagner face à la politique réactionnaire de Blanquer !
David 92N