Bilan et perspectives du mouvement en cours :
quelle politique pour les révolutionnaires ?
Après le 19 octobre, qui était la quatrième journée de mobilisation interprofessionnelle depuis la rentrée de septembre, et avec le point de mire d’une cinquième date annoncée pour le 16 novembre de la part de la CGT, FO, Solidaires, l’UNEF, l’UNL et la FIDL, il est plus que nécessaire de faire un bilan d’étape concernant le mouvement social en cours contre la politique de Macron-Philippe.
Faire un bilan d’étape, c’est d’abord réaffirmer notre détermination à poursuivre la construction du rapport de forces, pour permettre une victoire de notre classe sociale. Les deux mois qui viennent de s’écouler ne peuvent que renforcer cette détermination. En effet, si ces quatre journées de mobilisation nationale face aux ordonnances Macron, aux coups portés à la Fonction Publique et à la politique générale du gouvernement, en seulement un mois et demi, ne sont pas un raz-de-marée, elles indiquent clairement qu’une frange significative de notre classe sociale semble déterminée à vouloir livrer combat. Travailleuses et travailleurs du public, du privé, jeunes, chômeurs et retraités se sont rendus disponibles par dizaines ou centaines de milliers, quasiment chaque semaine depuis la rentrée, pour engager sérieusement la lutte contre le gouvernement et le patronat.
Mais faire un bilan d’étape, c’est aussi pointer le décalage entre cette disponibilité et la politique menée par les directions syndicales qui, en usant de tous les moyens de dispersion et de division, sont en train de faire lentement échapper la vapeur de tous les côtés au lieu de la concentrer pour amener à l’explosion sociale.
Enfin, mener à bien ce bilan d’étape, c’est avoir la volonté d’en tirer une « feuille de route », pour les militants révolutionnaires que nous sommes, pour la suite de la mobilisation. Une feuille de route à la hauteur des responsabilités qui sont les nôtres, alors même que les principales organisations anticapitalistes et révolutionnaires du pays ne semblent pas, comme nous l’avions déjà constaté durant le mouvement contre la loi Travail El Khomri, vouloir proposer une politique alternative aux directions syndicales et essayer de la mettre en œuvre, ne serait-ce qu’à leur échelle, en s’appuyant sur leurs forces militantes et sur leur implantation certes limitée mais loin d’être inexistante. C’est ce qu’à l’inverse tente de faire le Front social depuis les six mois de son existence, et c’est ce qu’il va tenter de faire une nouvelle fois le 18 novembre avec l’appel à une marche nationale en direction de l’Elysée. Pour nous, l’urgence est de regrouper les forces du monde du travail et de la jeunesse au lieu de les diviser. Pour nous l’urgence, ce n’est plus seulement de critiquer la politique des directions syndicales, mais de proposer à toutes celles et à tous ceux qui veulent en découdre des initiatives qui montrent qu’il y a du monde prêt à se battre. Bien sûr, l’enjeu majeur reste la construction de la grève générale, celle qui pourra à la fois bloquer l’économie, mais aussi permettre à des centaines de milliers voire à des millions de personnes de s’organiser afin de disputer aux classes dominantes le droit exclusif de gérer les affaires publiques. Nous avons évidemment conscience du fait que rien, dans l’immédiat, n’indique que cet objectif soit à portée de main. Mais a contrario, laisser croire que cet objectif ne serait ni dans l’air du temps, ni la seule façon de faire céder Macron et les patrons, c’est un renoncement à une politique clairement révolutionnaire. Pour notre part, nous sommes à la fois lucides concernant les difficultés, conscients des possibilités, et déterminés à faire que ces dernières soient exploitées au maximum pour surmonter les premières.
Tout le monde (ou presque !) déteste Macron et son monde...
Six mois après sa victoire électorale, la politique de Macron, ouvertement en faveur des riches, suscite colère et indignation bien au-delà des cercles militants. « Président des riches » est une formule qui, à juste titre, va définitivement lui coller à la peau. Cet ex-banquier, chouchouté par Hollande qui lui a mis le pied à l’étrier, a bénéficié des encouragements de Gattaz et de la logistique offerte par le Medef. Il n’est rien de plus que le mercenaire des entreprises du CAC 40. À présent, l’ivresse du pouvoir l’amène à éructer le fond de sa pensée, c’est-à-dire sa haine des ouvriers en particulier, des salariés, des pauvres et de tous ceux qu’il cherche consciencieusement à appauvrir. Ses injures à répétition ont fait s’effriter son mince vernis de culture et de froide politesse. D’un certain point de vue, il « travaille » pour nous quand il nous insulte, car il suscite indignation et révolte chez toutes celles et tous ceux qu’il attaque, et qui sont nombreux. Macron bat des records d’impopularité pour un président fraîchement élu. Mais finalement, quoi de surprenant ? Macron a décroché la timbale électorale en arrivant premier lors d’un concours de circonstances. Lui et sa petite bande ne sont soutenus que par le noyau dur de la grande et moyenne bourgeoisie, représentant peut-être 10 % de la population au maximum. Mais cela suffit à les griser. « Nous sommes légitimes », répètent-ils quotidiennement comme des perroquets, comme s’il s’agissait d’un sauf-conduit aussi permanent que leur état d’urgence, leur permettant de cogner sans retenue sur les classes populaires et en particulier sur les plus faibles, les retraités, les handicapés, les salariés ayant peu de ressources, les mal-logés, les jeunes sans emploi et sans avenir. « Nous tenons nos promesses ! », clament-ils avec arrogance, le sourire aux lèvres. Et là, on est obligé de reconnaître qu’ils n’ont pas tort, mais que nous devons en tirer avantage. Pas d’état de grâce, pas d’illusions. L’espace paraît bien dégagé pour que nous puissions l’occuper avec la force du nombre et l’expression d’un programme représentant les intérêts fondamentaux de notre classe sociale.
Avec la mobilisation du « premier tour social », puis avec la constitution du Front social et de ses collectifs un peu partout dans le pays, avec des initiatives de rue régulières au début du mandat (8 mai, 19 juin, 14 juillet), l’idée de la convergence des luttes, du « tous ensemble » et aussi et surtout l’idée que « c’est dans la rue » que se construira le rapport de forces contre Macron, ce qu’une poignée de militants syndicalistes et révolutionnaires affirmaient depuis le mois d’avril est redevenu une réalité pour des centaines de milliers de personnes durant les deux derniers mois. Car nous ne repartons pas à zéro : l’expérience accumulée pendant la mobilisation contre la loi El Khomri ne s’est pas évaporée. Et c’est bien pour cette raison qu’au moment où nous écrivons, au lendemain du 19 octobre, la stratégie des directions syndicales est de plus en plus discutée et critiquée parmi les militants syndicalistes et les travailleurs les plus déterminés à stopper l’offensive menée par Macron et ses sbires. Quand vont donc cesser les appels dispersés, secteur par secteur, public d’un côté, privé de l’autre, syndicat par syndicat, etc. ? Si les quatre journées (12 et 21 septembre, 10 et 19 octobre) avaient été regroupées les unes derrière les autres la même semaine, cela aurait forcément donné une autre force et une autre dimension au mouvement, pour commencer à faire vivre la réalité de la grève qui peut bloquer l’économie. Pourquoi détacher la mobilisation du public et du privé, ou celle des cheminots, de celle des fonctionnaires ou des métallos, ou des salariés de la santé, alors que nous sommes toutes et tous attaqués et que c’est ensemble que nous pouvons gagner ? Pourquoi les directions syndicales des routiers, des portuaires et dockers, des raffineries et des industries chimiques, ne mettent-elles pas le poids déterminant que représenteraient ces secteurs en grève au service de la bataille collective ? Pourquoi préfèrent-elles négocier une exception à l’inversion de la hiérarchie des normes uniquement pour leur secteur ? Au risque d’ailleurs que ces aménagements se révèlent totalement illusoires d’ici quelque temps, quand tout risque de mouvement d’ensemble sera écarté par le gouvernement et le patronat et qu’ils jugeront possible de revenir sur ces aménagements.
Défendre une politique alternative à celle des directions syndicales
Entre l’élection de Macron le 7 mai et la première date de mobilisation proposée par la CGT le 12 septembre, l’attentisme des directions syndicales avait déjà quelque chose d’incompréhensible, car Macron ne s’était pas présenté sous un faux-nez, contrairement à Hollande qui s’était prétendu l’ennemi de la finance. Il avait clairement annoncé la couleur : défaire tout ce qu’il est possible de défaire encore en matière de droits des salariés. Non seulement les dirigeants syndicaux n’ont appelé à aucune mobilisation avant la rentrée, mais ils ont fréquenté assidûment l’Elysée durant toute la phase de pseudo-négociations au sujet des ordonnances sur le travail. Aujourd’hui, force est de constater que la « machine à perdre » semble de nouveau avoir été mise en service par les directions syndicales. De « journée saute-mouton » en journée sectorielle durant les deux mois écoulés, elles vont toutes en définitive remettre bien tranquillement les pieds sous la table dans les salons de la République, et elles semblent, comme le gouvernement, être passées à autre chose. Les carottes sont cuites pour les ordonnances, passons à l’étape suivante : quémander un probable minable aménagement, du côté de l’assurance chômage ou bien encore de la formation professionnelle, en attendant le gros morceau des retraites. Tous les dirigeants syndicaux ont accepté l’invitation du président et du Premier ministre les 12 et 17 octobre ; y compris ceux de Solidaires. Sourire à Macron, serrer la main à Philippe sous les flashes des photographes, c’est entrer dans leur jeu, car l’objectif du gouvernement est clair : il prétend ouvrir des négociations, mais il mènera ensuite sa politique comme il l’a décidé, c’est-à-dire complètement dans l’intérêt des patrons ! En prétendant discuter avec les organisations syndicales sur d’autres sujets que la loi Travail, le gouvernement veut nous faire croire que les ordonnances sont irrévocables et qu’il faut passer à autre chose. Le compte-rendu, interne à la CGT, de la rencontre entre Martinez et Macron n’a pas dû faire très peur au gouvernement, puisqu’il se conclut par ses lignes : « En résumé, Macron a pris quelques engagements… et nous ne manquerons pas de vérifier que ceux-ci seront tenus » !
La journée de « mobilisation » du 19 octobre, à l’initiative d’une CGT rejointe du bout des lèvres par Solidaires, n’a pas été conçue comme une suite aux précédentes mobilisations. Elle a été appelée a minima, de façon éclatée, sans un véritable appel à la grève dans la plupart des cas : elle ne pouvait guère entraîner au-delà des plus convaincus. Bien que le lendemain, la presse ait parlé d’un « essoufflement du mouvement », la mobilisation et la colère des salariés et des militants n’ont pas disparu.
La journée du 19 a surtout montré l’absence, de la part des directions syndicales, d’un plan de bataille d’ensemble et d’une volonté d’affrontement : ces directions sont bien plus préoccupées par le « dialogue social » avec le gouvernement. Comme moyen de s’opposer aux ordonnances, la CGT, en particulier, préconise la rédaction de « cahiers revendicatifs » entreprise par entreprise, ce qui équivaudrait à une fragmentation des luttes. À la suite des routiers, des Ports et Docks, la CGT des raffineries menace d’une grève reconductible à partir du 23 octobre, pour sécuriser sa convention collective. Le mouvement ne peut être qu’affaibli par un tel éparpillement des mobilisations, qui ne lui permet pas de s’opposer frontalement à Macron, de dénoncer sa politique publiquement et de l’isoler dans l’opinion. Solidaires peut critiquer les appels aux journées « saute-moutons » de la CGT ou des autres, mais elle n’a défendu aucune stratégie alternative jusqu’à ce jour. À l’issue de la réunion intersyndicale nationale du 24 octobre, une nouvelle journée de grèves et de manifestations – le 16 novembre – a donc été annoncée par une partie des organisations présentes, avant la ratification des ordonnances par le Parlement. FO s’est donc enfin décidée pour un appel commun avec la CGT et Solidaires contre les ordonnances loi Travail. La FSU a botté en touche, sans doute pour ne pas se dévoiler avant l’intersyndicale de la Fonction publique du 26 octobre qui regroupe 9 centrales dont plusieurs, comme la CFDT et l’UNSA, refusent de lier les problèmes rencontrés par les fonctionnaires avec ceux des autres salariés !
Partout où nous militons, dans nos structures syndicales de base comme au sein des instances auxquelles nous participons, nous devons désormais défendre l’objectif que cette prochaine journée de grève interprofessionnelle du 16 novembre regroupe le secteur public et le secteur privé, et qu’elle marque enfin le début d’un mouvement de grève prolongé ; le début d’une grève qui gêne le fonctionnement normal de la société, qui s’attaque aux profits des capitalistes. C’est important que le plus possible de structures syndicales, locales, départementales voire fédérales défendent cette position. Les militants et les militantes d’extrême gauche peuvent largement y contribuer, à condition d’avoir bien conscience que la bataille d’influence que nous devons mener pour capter l’attention d’une partie de notre classe sociale, notamment de celles et ceux qui s’affirment disponibles pour l’affrontement, est un des enjeux des semaines qui viennent. Des franges significatives de militants syndicalistes, notamment de la CGT mais pas seulement, pourraient se défaire du sentiment de fatalisme qu’engendre la stratégie actuelle de leurs directions fédérales ou confédérales, et reprendre confiance avec un plan de bataille commun à l’ensemble du monde du travail : à la mi-novembre, on cesse de faire grève ou de manifester de manière dispersée, on s’arrête une bonne fois pour toutes, on démarre le jour de la ratification des ordonnances et on continue le lendemain et les jours suivants. On se réunit sur nos lieux de travail en assemblée générale, on discute et on décide démocratiquement de notre mouvement, on s’organise pour bloquer l’économie, pour donner envie à celles et ceux qui hésitent de nous rejoindre en leur faisant voir que cette fois c’est du sérieux. Que risquent les militants et les organisations révolutionnaires à défendre une telle politique ? Quand allons-nous cesser de sous-estimer nos responsabilités et nos possibilités d’intervention dans la situation ? Notre implantation ouvrière est faible, mais elle n’est pas nulle, loin de là. La politique menée par les camarades du NPA de la Poste dans les Hauts-de-Seine, qui consiste à proposer de reconduire la grève dans plusieurs bureaux du département dans la foulée du 10 puis du 19 octobre, est un exemple ce que peuvent tenter de faire des militants révolutionnaires implantés syndicalement et politiquement dans une entreprise. Avec l’idée que la grève reconductible interprofessionnelle, ça se construit, ça se prépare, d’abord en réussissant à la matérialiser, à la faire vivre dans son secteur, en reliant les revendications générales du mouvement à celles du secteur. Une politique coordonnée de tous les militants révolutionnaires dans ce pays, en ce moment, ne résoudrait pas tous les termes de l’équation pour aboutir à la grève générale, mais le fait de ne pas vouloir essayer s’apparente à un renoncement à chercher à disputer l’influence des bureaucraties syndicales. Ce serait aussi l’occasion de discuter ouvertement de cette nécessité de la grève générale, de l’affrontement avec la bourgeoisie et son appareil d’Etat, et de notre capacité à prendre notre sort en main, bien plus largement autour de nous, d’en faire un axe de propagande dans l’ensemble du matériel militant des organisations anticapitalistes (presse, tracts, expression des porte-parole, etc.). Cela devrait être la tâche urgente de l’ensemble de l’extrême gauche (NPA, LO, Alternative Libertaire notamment).
La manifestation du Front social du 18 novembre : un appel pour s’unir et ne plus subir
Le collectif d’animation du Front social a pris quant à lui ses responsabilités, en appelant à une « marche vers l’Élysée » le 18 novembre : « Contre la violence tous azimuts du président des riches, nous proposons de riposter en marchant sur l’Élysée le 18 novembre l’avant-veille du passage de la loi devant l’Assemblée, tous ensemble, en même temps, au même endroit, le même jour. Et il est temps… Côté Macron, l’offensive libérale se déploie, des ordonnances à l’Impôt sur la fortune, des emplois aidés à la campagne contre les chômeurs, des aides au logement à la CSG. L’arrogance, l’insulte, le mépris accompagnent les coups. Côté résistance, le compte n’y est pas. L’opinion est au rendez-vous, pas la mobilisation. La division règne : journées d’action saute-mouton, négociations séparées, grèves endormies, visites sans mandats chez Macron pour faire... semblant de négocier. Et ça dure depuis juin ! On va passer à l’heure d’hiver, prenons nos responsabilités ! ». Cet appel va entrer en écho avec les préoccupations de dizaines de milliers de personnes, syndiquées ou non, jeunes ou salariés, privés d’emploi ou retraités. Le Front social a pris cette initiative, mais a bien évidemment proposé à l’ensemble des forces syndicales, associatives et politiques de gauche et d’extrême gauche de co-organiser cette manifestation nationale. Cette date a été décidée au moment du grand vide du calendrier après le 19 octobre. Un vide qui se devait d’être comblé, à la fois pour proposer une échéance afin d’unifier toutes celles et ceux qui veulent se battre – indépendamment de leur secteur d’activité, de leur étiquette syndicale, de leur appartenance politique –, et pour cibler le pouvoir de Macron, en marchant vers l’Élysée, tous ensemble, non pas pour y discuter ou négocier quoi que ce soit mais pour montrer qu’il y a une force prête à se battre « loin des salons ». C’est un samedi, parce que le Front social n’a pas les forces d’appeler seul à la grève. Mais la réussite de cette manifestation peut largement contribuer à ancrer de nouveau la possibilité de démarrer une grève reconductible dans la foulée de la prochaine journée de grève interprofessionnelle : le 16 novembre, on est tous et toutes en grève, public, privé, le 17 on continue et le 18 on manifeste à Paris vers l’Élysée ! Il nous faut donc désormais préparer à fond cette initiative, dans le cadre des collectifs Front social existants, bien sûr, mais aussi dans toutes les organisations syndicales et politiques dans lesquelles nous militons, en déclenchant la discussion pour que celles-ci rejoignent l’appel et mettent leurs forces dans la construction de cette manifestation.
Le rôle de la jeunesse dans le plan de bataille pour gagner
La jeunesse n’est pas encore entrée dans la mobilisation contre le gouvernement qui a été engagée par une partie des salariés. Mais cette situation pourrait changer avec l’annonce mi-octobre de la mise en place de la sélection à l’entrée des études universitaires, interdite depuis la loi Faure adoptée en 1968. Du fait d’un besoin en main d’œuvre qualifiée, la bourgeoisie avait, dans une certaine mesure, démocratisé l’accès à l’enseignement supérieur. En 1986, la loi Devaquet avait cherché à remettre en cause ce principe. Elle avait dû affronter une mobilisation d’ampleur de la jeunesse, qui avait contraint le gouvernement de l’époque à retirer sa loi. Depuis, aucun gouvernement n’a osé remettre la sélection à l’ordre du jour, de peur de devoir affronter une nouvelle réaction de la jeunesse. Macron veut aujourd’hui tenter le pari, pour satisfaire les désirs patronaux. Trop de jeunes arrivent sur le marché du travail munis d’un diplôme de l’enseignement supérieur, en pouvant ainsi prétendre à des droits en termes de salaire et de conditions de travail : de tels droits sont trop coûteux pour la bourgeoisie. Macron veut donc rétablir la sélection à l’entrée de l’université. Ce sont les jeunes issus des classes populaires qui seront les premières victimes de cette sélection. Les filles et fils d’ouvriers n’auront comme seul avenir que le chômage, la précarité et les bas salaires. Ne pas laisser passer ces attaques est un enjeu déterminant pour l’avenir des jeunes. Macron veut modifier le Code de l’éducation par ordonnance, comme à son habitude, à la hussarde, dans le courant du mois de novembre. La réaction de la jeunesse doit être à la hauteur de l’attaque. Dans les facs et les lycées, les jeunes doivent tout faire pour empêcher cette réforme. Comme en mai 1968, en 1986 contre Devaquet ou en 2006 contre le CPE, pour gagner il faudra se mettre en grève ! Il est donc extrêmement urgent que l’ensemble des militantes et des militants des organisations de jeunesse – et bien évidemment celles et ceux des organisations révolutionnaires – déploient une activité de propagande et d’agitation massive dès la rentrée des vacances de la Toussaint devant les lycées, et aussi dans les universités, même si les étudiants d’aujourd’hui se sentiront d’emblée moins concernés. L’appel de trois organisations de jeunesse (UNEF, UNL et FIDL) à rejoindre la journée interprofessionnelle du 16 novembre est un bon point d’appui pour lancer concrètement le mouvement de mobilisation chez les jeunes. Ces derniers ont tout à perdre dans le monde que leur préparent Macron et la classe dirigeante : un avenir de précarité, où les salariés seront corvéables à merci pour répondre aux besoins des capitalistes. De la combinaison entre la colère ouvrière qui couve depuis des années, et la capacité de la jeunesse à mettre le feu lorsqu’elle sort massivement dans les rues, peut naître le mouvement d’explosion sociale que nous attendons. Alors préparons-le, de toutes nos forces !
Marie-Hélène Duverger
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Anticapitalisme & Révolution !