Avec deux tiers d’abstention, les élections régionales et départementales 2021 ont battu un record historique, tous scrutins confondus. C'est notamment la jeunesse qui a le plus boudé les urnes, avec près de 90 % d’abstention, tout comme dans certaines communes populaires.
Rien à attendre de ce système
Les politiciens et politiciennes s’émeuvent de cette « crise démocratique ». Mais comment donner tort à ceux et celles qui estiment que mettre un bulletin dans une urne ne changera rien à leur vie ? Comment ne pas juger inutile de déléguer son pouvoir à des professionnels de la politique, qui n’ont jamais vécu la galère des bas salaires, de la précarité et du chômage ?
Face à Macron et aux partis qui ont été au pouvoir ces dernières décennies, le Rassemblement national prétend incarner une alternative. Il ose même se dire « anti-système ». Mais Le Pen et sa bande défendent au contraire l'ordre social établi, et même le retour à un vieil ordre moral, c'est-à-dire le maintien et le renforcement de toutes les injustices sociales, de toutes les oppressions, de toute l'exploitation que nous subissons au quotidien.
Les gouvernements d'extrême droite en Europe ou ailleurs dans le monde sont des ennemis acharnés des travailleurs et travailleuses, de la jeunesse, des classes populaires. Le RN serait un serviteur des capitalistes aussi zélé que les Macron, Hollande et Sarkozy.
La vraie démocratie est dans nos luttes
Dans ce contexte, nous nous félicitons du résultat des listes de Lutte ouvrière, qui ont réuni plus de 320 000 voix, en étant les seules à dire que ce n'est pas dans le cadre des institutions et avec les partis politiques bourgeois que nous défendrons nos intérêts. Ces institutions n'ont aucun poids face à l'arbitraire du patronat, puisque la démocratie s’arrête à la porte des entreprises, où seuls ceux qui possèdent le capital ont voix au chapitre.
Tout ce que notre classe sociale a conquis de droits démocratiques et sociaux, elle l’a pris par les luttes, avec ses armes : les grèves, les blocages, les manifestations. Ce n’est qu’en se mobilisant, en ne comptant que sur ses propres forces qu’elle peut forcer les possédants à lâcher un peu pour éviter de tout perdre.
C'est cela la vraie démocratie : la reprise en main de leurs affaires par les exploités !
Regroupons nos forces sur le terrain social
Samedi 19 juin, la veille des élections, des centaines de travailleurs et de travailleuses menacés de licenciement ou déjà privés d’emplois ont manifesté à Paris, entre le siège du MEDEF et Matignon – malgré l’interdiction totalement arbitraire du préfet Lallement de s’approcher de ce lieu de pouvoir.
Des équipes militantes d’entreprises de l’industrie chimique, automobile, agro-alimentaire, du commerce, de la téléphonie ou encore du tourisme se sont retrouvées pour dire non aux plus de mille plans sociaux actuellement annoncés en France, aux suppressions d’emplois, y compris dans les services publics, et à la réforme de l’assurance chômage. Ce sont les salariés licenciés de TUI, groupe du tourisme, qui ont initié ce regroupement.
Comme la crise sanitaire nous le rappelle depuis plus d’un an, ce ne sont pas ceux et celles qui sont le plus utiles à la société qui s’en sortent le mieux, bien au contraire ! Les riches deviennent toujours plus riches, grâce au travail de la majorité... et ils demandent à cette même majorité, aux travailleurs, aux travailleuses, à la jeunesse, de se serrer la ceinture, d’accepter les sacrifices et de se taire.
Infiniment plus que l'attente de 2022 et les promesses électorales, l'initiative des TUI est porteuse d'espoirs pour ceux et celles qui veulent relever la tête. Cette convergence doit se poursuivre, s'élargir, se donner d'autres échéances dans les prochains mois. Faire reculer le patronat, interdire les licenciements, maintenir les revenus de chacun et chacune : voilà des nécessités vitales pour des millions de personnes.
Alors si cela n'est pas possible dans le cadre du capitalisme et de ses institutions, renversons-les !