C’est au nom de la « crise » que le gouvernement entend faire accepter la réforme de l’assurance-chômage, une remise sur le tapis de la réforme des retraites combattue en décembre 2019 et la tendance généralisée à la précarité et aux licenciements. Pourtant cette crise économique, entraînée par l’arrêt ou le ralentissement des activités depuis un an, n’a pas la même réalité pour tout le monde. Plus de deux millions de personnes vivent dans la grande pauvreté en France et lorsque l’on se penche sur le rapport de l’Observatoire des multinationales, on constate que 2020 a vu augmenter les dividendes versés aux actionnaires de nombreux groupes du CAC40.
Alors que les grandes entreprises ont abusé du chômage partiel, c’est-à-dire de la prise en charge d’une partie des salaires par l’Etat, et qu’elles licencient, on apprend qu’elles ont versé 140% de leurs bénéfices à leurs actionnaires pour une somme totale de 51 milliards d’euros, soit une hausse de 22%. Les grands groupes capitalistes français ont ainsi reversé l’intégralité de leurs profits et ont puisé dans leur trésorerie pour arroser leurs actionnaires. Les familles capitalistes françaises, Bettencourt, Arnault, Bolloré, Hermès… en sont les principales bénéficiaires, après le fonds Black Rock et l’Etat.
A elles seules, les entreprises du CAC40 ont annoncé la suppression de près de 30 000 emplois en France pendant que certains PDG ont augmenté leurs revenus. Les plans sociaux se multiplient, des milliers d’emplois sont détruits malgré les milliards d’euros d’aides : sur les 10 entreprises qui ont le plus bénéficié de prêts garantis par l’Etat 7, dont Renault et Air France, ont supprimé des emplois. On cherche à ancrer dans les esprits qu’il va falloir faire avec la nécessaire austérité budgétaire dans les temps à venir et pendant ce temps-là, la minorité qui organise la précarité se gave en profitant largement de l’argent public. S’il était à prévoir que les capitalistes sauraient tirer profit de la crise sanitaire, les chiffres établis par l’Observatoire des multinationales permettent de se représenter assez nettement les inégalités à l’œuvre au sein des grandes entreprises.
Face à cette situation, on ne peut pas se contenter d’exiger des contreparties à l’argent public versé aux grandes entreprises ; seul le renversement de tout le mode capitaliste de production et de circulation des richesses peut venir à bout de ces inégalités. L’urgence est à ce que les travailleurs et les jeunes se saisissent de ce mot d’ordre essentiel : nous ne paierons pas cette crise dont certains profitent activement. Le 19 juin c’est au Medef et à Matignon qui travaillent main dans la main que nous le ferons entendre.