Malgré la polémique suite au préavis de grève déposé par la CGT services publics qui couvre pendant tout le mois d'avril les salariés des collectivités territoriales, l'Union sacrée espérée par Macron et le Medef se lézarde. Des travailleurs ne veulent pas se satisfaire de discours et de félicitations interessées, mais exigent des moyens concrets et le respect qui leur est dû.
Le retour des grèves ?
Vendredi 3 avril, ce sont les salariés du supermarché Auchamps de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) qui se sont mis en grève. « Notre vie ne vaut pas 1 000 euros mais encore moins, 350 euros » : sur le piquet de grève, le message brandi sur la banderole était clair. Les caissières refusaient de se contenter de la prime de 350 euros bruts proposée par la direction aux seuls titulaires à temps plein. Surtout quand en pleine crise sanitaire une caisse sur deux du magasin n'est pas protégée. « En plus, en ce moment, ils font du chiffre. On reçoit beaucoup de clients, l'argent rentre ! » expliquait la déléguée syndicale au Parisien. Les grévistes ont obtenu une prime de 600 euros nets pour tous les salariés quel que soit leur statut. Une petite victoire mais une victoire.
En Dordogne, chez Fromarsac une fromagerie industrielle, trois jours de grève pour les salaires ont paralysé l'usine alors que les syndicats dénonçaient l'augmentation de la production de 20 % depuis le début de la pandémie.
Suite su deuxième décès d'un salarié de Carrefour, la CGT commerces et services à appeler les salariés à utiliser l'arme de la grève à partir du 8 avril. « Une grève pour sauver des vies » indique le syndicat qui a constaté que beaucoup d’enseignes de la grande distribution, de la sécurité privée, de la logistique, des services à la personne etc. ne respectent pas les règles sanitaires de base.
Chez Amazon, les syndicats appellent également à la grève et exigent la fermeture des sites. « Plutôt que d'assumer ses responsabilités, Amazon empile des mesures inutiles comme la prise de température qui génère des concentrations de salariés avec un fort risque de contamination ou en engageant des 'safety angels', des intérimaires chargés de faire respecter deux mètres de distance (entre deux salariés), alors que même un mètre est impossible, 500 salariés travaillant en permanence au même moment sur un site » dénonce Laurent Degousée de SUD Commerces. Une vingtaine de travailleurs de l'entrepôt de Montélimar ont débrayé jeudi 9 avril.
Ce même jour, dans le secteur de l'agroalimentaire, 90 % des travailleurs du site logistique de Jacquet-Brossard à Cébazat (Puy-de-Dôme) ont arrêté le travail pour exiger des mesures concrètes de protection pour les travailleurs. Dans cette boîte où beaucoup de travailleurs n'avaient jamais fait grève, le mouvement est appelé à se poursuivre aujourdhui.
Dans le Nord, six agents de sécurité et sept femmes de ménages de l'usine Lesieur de Coudekerque-Branche ont fait grève pour exiger de percevoir la prime de 30 euros par jour travaillé promis par la société à ses salariés (y compris ceux qui télétravaillent). Rappelant ainsi comment sont traités les travailleuses et travailleurs de la sous-traitance dont beaucoup sont actuellement en première ligne.
À Poitiers, ce sont les éboueurs qui ont débuté hier un mouvement de grève : 44 ripeurs sur 58 ont débrayé et 20 camions sur 22 étaient à l'arrêt ! Ils dénoncent des conditions de travail indignes.
La lutte des classes n'est pas confinée, et la grève pourrait se propager, pas dans des semaines mais maintenant... Au moment où les travailleuses et travailleurs doivent protéger eux-mêmes leur santé et leur vie et se défendre pour ne pas payer la crise. Espérons que cette propagation-là soit bientôt plus rapide que celle du virus.