Samedi 17 octobre, des manifestations ont eu lieu pour commémorer les 60 ans du massacre de 1961. À Paris, en pleine guerre d'indépendance de l'Algérie, la police avait jeté dans la Seine des centaines de manifestants algériens qui protestaient contre le couvre-feu qui leur était imposé. Cette année, pour la première fois, le chef de l'État a rendu hommage aux victimes et reconnu qu'il s'agissait d'un crime. Mais pas question pour lui d'admettre que la police tue et que l'État français a du sang sur les mains.
Des violences systématiques
Quelques jours plus tôt, le ministre de l'Intérieur Darmanin a annoncé qu'il allait déposer plainte contre Philippe Poutou. Ce dernier, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste à la prochaine présidentielle, avait répondu à une question de journaliste en affirmant que la police tue... Il n'y a pourtant là rien que des faits évidents !
Cédric Chouviat, Olivia Gomes, Steve Maia Canico, Ibrahima Bah, Zineb Redouane, Adama Traoré, Rémi Fraisse, Amine Bentounsi... Mais aussi Zyed Benna, Bouna Traoré ou Malik Oussekine... Voilà quelques unes des victimes de violences policières ayant entraîné la mort ces dernières années et décennies. Le média en ligne Basta ! en recense 746 entre 1977 et 2020.
Les violences ou meurtres, mais aussi les conditions de détention et d'interrogatoires dans les commissariats sont régulièrement dénoncées par des ONG de défense des droits humains comme Amnesty International, la Ligue des droits de l'Homme ou l'Observatoire des libertés.
Une institution au service de l'exploitation
La police, l'armée et l'État ne sont pas des institutions neutres, qui connaîtraient malencontreusement des dérives ponctuelles, des « bavures » isolées. Il ne suffirait pas que d'autres gouvernements, ministres et préfets en prennent la tête pour les humaniser et les mettre au service de la majorité de la population.
L'État est l'instrument qui permet à la classe dominante de maintenir son pouvoir. La police et l'armée sont ses bras armés. Leur rôle fondamental est de protéger la propriété privée, à commencer par celle de ceux qui possèdent les entreprises et la majorité des richesses.
La police est toujours envoyée contre les manifestations, les occupations de lieux de travail ou d'études. Elle fait peser au quotidien la répression dans des quartiers populaires que les services publics, eux, ont déserté faute de moyens. Les mains arrachées et les yeux crevés dans les manifestations, notamment celles des Gilets jaunes, n'ont fait que révéler plus largement ce rôle fondamental des forces de l'ordre.
Mobilisons-nous pour nos conditions !
À l'heure où l'augmentation des prix de l'essence pourrait justement remobiliser les Gilets jaunes, le gouvernement craint pour sa tranquillité. En l'absence de mouvement social d'ampleur et visible nationalement, il comptait sur la droite et l'extrême droite pour faire diversion et invisibiliser notre camp social en vue de la présidentielle, en réduisant le débat politique à un face à face entre Macron et Le Pen, ou Zemmour, c'est-à-dire entre différentes manières de défendre le capitalisme. À nous de les faire mentir en reprenant le chemin des luttes, contre ce système, ses institutions et ses serviteurs !