Après le Mali et la Centrafrique, François Hollande se lance dans une nouvelle aventure guerrière. Celui qui l’été dernier soutenait sans hésiter les crimes israéliens à Gaza prétend maintenant mettre fin aux atrocités commises par l’« État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).
Une situation provoquée par les guerres
L’EIIL n’est pas né par enchantement. Avant de venir de Syrie, il s’est constitué dans le chaos provoqué en Irak depuis la guerre de 2003. Ce sont les bombardements puis la répression par les gouvernements soutenus par les Etats-Unis de toutes les manifestations populaires en Irak qui leur a permis de recruter parmi des jeunes Irakiens désespérés ou révoltés. En 2012 et 2013, des manifestations sunnites à Fallouja ont été réprimées dans le sang par l’armée irakienne... Est-il étonnant que Fallouja soit tombée en janvier dernier dans les mains de l’EIIL sans opposition de la population ?
Comme Al-Qaïda, l’EIIL s'est construit sur la misère, la détresse et l’injustice créées par les guerres occidentales depuis le début des années 1990. Il a même été financé et armé par les alliés locaux des États-Unis et de la France : l’Arabie saoudite et le Qatar l'ont considéré jusque très récemment comme le meilleur rempart contre la révolte sociale qui a éclaté en Syrie en mars 2011, dans la foulée des révolutions tunisiennes et égyptiennes. Quant à la Turquie, elle n’a pas hésité à aider l'EIIL à combattre la rébellion kurde.
Les pompiers pyromanes
Et voilà que les États-Unis, l’Union européenne et les pays de la Ligue arabe prétendent « mettre fin à la barbarie » ? Quelle hypocrisie ! Leur unique préoccupation est de sécuriser la région la plus riche en pétrole du monde. Et si leurs bombes doivent au passage tuer des centaines ou des milliers d’innocents, ils n’hésiteront pas un seul instant !
L’embargo qu’ils ont imposé à l’Irak entre 1991 et 2003 n’a-t-il pas déjà tué un million de personnes, notamment des enfants ?
Une nouvelle guerre intérieure ?
L’odieux assassinat d’Hervé Gourdel en Algérie émeut bien évidemment toute la population. Notre sympathie va à sa famille et à ses proches, et nous respectons leur refus de toute récupération ou instrumentalisation politique. Le gouvernement et les politiciens, de gauche comme de droite, n’ont manifestement que faire de cette demande pourtant évidente. S’ils voulaient vraiment mettre fin à la violence et à la haine, nos dirigeants arrêteraient de piller les richesses d’Afrique et du Moyen-Orient. Et ils arrêteraient de stigmatiser les peuples de ces régions ou les immigrés. Au lieu de cela, ils prônent aujourd’hui l’union nationale derrière la guerre et exhortent les musulmans et musulmanes vivant en France à se « désolidariser » publiquement des actions de l’EIIL. Comme si l’on demandait aux chrétiens de se « désolidariser » de tous les crimes commis par l’Occident dans le monde ! Les manifestations organisées par des politiciens de tout bord ou des autorités religieuses au nom de « l'unité contre les djihadistes » n'ont qu'un but : tenter de souder la population derrière l'armée française alors qu'une nouvelle guerre sans fin s'engage.
Les opprimés et les exploités du monde entier, ceux et celles qui subissent la barbarie des guerres, qu’elles soient « religieuses » ou économiques, ne pourront jamais compter sur les États capitalistes pour les défendre. Nous devons exiger l’arrêt immédiat de la guerre menée par l’État français et l’ouverture des frontières à l’ensemble des réfugiés. C’est le moins que puisse faire la France après le chaos qu’elle a participé à semer.