Les dirigeants de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) avaient promis les flammes de l’enfer à la population grecque s’il lui venait l’audace de refuser les mesures qu’ils voulaient lui imposer. Eh bien pourtant, à 61 %, les électeurs grecs ont voté « Non » au référendum portant sur l’acceptation de ces mesures.
Recul de l’âge de la retraite, baisse ou gel des pensions de retraite, hausse de la TVA, facilitation des licenciements, baisse des aides sociales, baisse des salaires dans le public, privatisations, etc. Ces mesures n’ont qu’une cible : les travailleurs et les classes populaires de Grèce, qui se sont déjà terriblement appauvris ces dernières années, et à qui on demande encore de s’appauvrir. Cette fois-ci, le chantage n’a pas fonctionné et on ne peut que s'en réjouir !
Nous sommes tous des travailleurs/euses grecs
Depuis quelques semaines, des politiciens de gauche et de droite français, bien aidés en cela par les principaux médias, s’évertuent à nous mettre dans la peau d’un créancier de l’État grec. On a même tenté de nous faire croire que les Grecs devaient de l’argent à chaque contribuable français. Alors même qu’en réalité l’État français s’est enrichi avec la dette grecque.
Mais qu’avons-nous de commun avec une Christine Lagarde, directrice du FMI, prête à punir la population grecque parce que l’Etat n’a pas pu rembourser les 1,5 milliard d’euros qu’il devait au FMI ? La même était moins regardante quand il s’agissait, alors qu’elle était ministre française des Finances, de faire un cadeau fiscal de 1,7 milliard d’euros à la Société générale au moment de l’affaire Kerviel. Qu’avons-nous de commun avec un Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui exige de la Grèce un budget excédentaire, alors que lui-même, à la tête du gouvernement du Luxembourg, organisait l’évasion fiscale vers son pays ? Qu’avons-nous de commun avec Hollande et Merkel, prêts à enfoncer la tête des couches populaires grecques sous l’eau pour satisfaire l’appétit des banques, des institutions financières internationales ou des États, français et allemand en premier lieu ?
Comme les travailleurs de Grèce, nous subissons ici les chantages continuels du patronat : acceptez de voir votre condition se dégrader, ou alors on licencie. Comme en Grèce, la dette est devenue le prétexte à toutes les attaques contre les services publics. Ce qui se passe en Grèce concerne les exploités d’ici. Le peuple étranglé par la finance, c’est aujourd’hui le peuple grec. Demain, à qui le tour ?
Se donner les moyens d’un vrai « Non », non à l’union nationale !
Le « Non » au référendum, s’il exprime le refus de la population grecque de se voir une nouvelle fois appauvrie, ne résout aucun des problèmes qui se posent aux travailleurs de Grèce. Car les dirigeants des banques et des États européens ne relâcheront pas aussi facilement que cela leur emprise sur la population de ce pays. Ils veulent en faire un exemple politique, pour démontrer qu’il ne faut pas leur résister.
Le gouvernement Syriza ne demande pas autre chose que de reprendre les négociations avec les institutions internationales pour trouver un compromis avec les étrangleurs des classes populaires.
L'heure n'est pourtant plus à la négociation ! Il faut en finir avec toutes ces discussions inégales. Pour trouver de l’argent, il faut aller le chercher là où il se trouve : dans les coffres-forts de la bourgeoisie. Chez les riches armateurs grecs et l’Église de Grèce, puissant propriétaire foncier, qui sont exonérés d’impôts. Parmi les biens des grands bourgeois grecs, notamment ceux qui sont allés planquer leurs milliards en Suisse. Dans les réserves des banques. En prenant sur le budget de l’armée, qui sert surtout à enrichir un marchand d’armes bien français comme Dassault. Il ne devrait pas y avoir de scrupules à réquisitionner les biens de la bourgeoisie et à annuler la dette.
Cependant, sous la houlette de Tsipras, un front commun entre Syriza, PASOK, Nea Demokratia, ANEL et To Potami se dessine. Tous ces partis pro-patrons et Syriza sont d'accord pour soutenir les dernières propositions d’austérité du gouvernement grec à l'Eurogroupe. Sa popularité renforcée permettra-t-elle à Tsipras de faire accepter l'austérité à des électeurs qui viennent de voter contre ? Ou ceux-ci, rendus confiants par leur victoire, seront-ils capables de rejeter l'austérité même si elle vient de Tsipras?
Car pour en finir avec l’austérité et la politique de la Troïka il faudra que les travailleurs et la jeunesse grecque se mettent en action.
Pour accomplir cette tâche, les travailleurs de France et des autres pays d’Europe peuvent être les meilleurs alliés des travailleurs de Grèce en reprenant eux-mêmes les chemins de la révolte sociale contre leur propre gouvernement, leurs propres patrons.