The look of silence de Joshua Oppenheimer |
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/ Cinéma : The Look of silence, de Joshua Oppenheimer
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Ophtalmologiste itinérant, Adi visite d’anciens bourreaux afin de les interroger sur les circonstances de la mort de son frère, victime des massacres de 1965 en Indonésie, alors que lui-même n’était pas encore né.
Dans son précédent film, le réalisateur avait interrogé des assassins et des commanditaires. La construction de The Act of killing (2012) était sidérante par la reconstitution et le récit des scènes de meurtre et de violence, revendiqués fièrement plus de 40 ans après.
Cette fois-ci, tout se joue sur les regards, les non-dits, les moments de silence. C’est un film à nouveau déroutant, très émouvant et très intimiste. Parce que c’est au travers du drame intime de toute une famille que l’on s’interroge sur ce massacre de masse qui a frappé les membres du parti communiste indonésien, sympathisants ou supposés tels. Qu’est-ce qu’un génocide ? Qu’est-ce que cela signifie pour les survivants des familles de vivre au milieu des assassins de leurs proches, des hommes qui détiennent toujours le pouvoir ?
Comme le dit le réalisateur, ce film ouvre une porte sur la reconnaissance d’un massacre encore difficile en Indonésie, sur « un passé traumatique laissé en suspens, qui continue à hanter le présent. » Aujourd’hui, 18 ans après la fin de la dictature, la vérité collective sur l’ampleur des massacres et des arrestations, sur le sort des disparus, sur les responsabilités, est toujours à écrire. Malgré le rapport de la commission nationale des Droits de l’homme indonésienne, l’État indonésien n’a pas reconnu ses torts, les auteurs n’ont pas été poursuivis, les puissances occidentales n’ont pas reconnu leur complicité. Dans une société où la classe ouvrière reconstruit ses organisations, où les paysans se battent contre l’appropriation de terres par de grandes compagnies, il est toujours difficile de se dire communiste ou athée sous peine de raviver de vieilles peurs entretenues par les mensonges du pouvoir.
Christine Schneider
dans l'hebdo L'Anticapitaliste (n° 303, 17/09/15)