Intervention en Syrie : elle est où, l’opposition aux bombardements ?

Ça fait des semaines qu’il en parlait, certainement des mois qu’il en rêvait : Hollande aussi veut mettre un pied en Syrie. Pourtant les affaires traînaient parce qu’il n’est pas si simple de jouer à la guerre. À moins de mentir comme W. Bush junior en 2003. Alors il a osé...

Prenant prétexte de l’émotion suscitée par la publication de la photo du petit Aylan retrouvé mort sur une plage, le gouvernement français a donc expliqué que les migrants/es fuyaient Daesh et que pour les aider, il faudrait exterminer Daesh. Imparable !

Après le Mali, l’Irak et la République centrafricaine, voilà Hollande de nouveau chaussant ses rangers et armant ses avions de guerre pour aider les réfugiés/ées à surtout rester chez eux, puisqu’en France, son gouvernement les accueille à coups de lacrymo et de matraque. C’est pourtant à force de mener des guerres, de tuer des populations civiles, de détruire l’économie de ces pays que les impérialistes, dont la France, attisent le feu.

Le 15 septembre, Hollande a donc annoncé que l’État français allait effectuer des missions de surveillance en Syrie sans exclure des bombardements de zones ciblées de Daesh. Un vaste programme qui a donné lieu à un florilège de déclarations... mais pas à une opposition antiguerre.

À droite, toujours plus loin, toujours plus fort !

La droite n’y va pas avec le dos de la cuillère. L’un des meilleurs d’entre eux, Éric Ciotti, se lâche : « Il faut utiliser tous les moyens pour éradiquer Daesh grâce notamment à une nouvelle coalition intégrant la Russie et l’Iran. (…) Des frappes aériennes ont déjà été lancées, mais elles n’ont pas obtenu les résultats escomptés, il faut passer à l’étape supérieure. Donnons-nous les moyens de gagner cette guerre ! » L’intervention au sol est envisagée...

De façon globale reviennent dans les déclarations de droite l’exigence d’une coopération resserrée avec le gouvernement russe... et une aide au régime de Bachar el­-Assad ! Pourtant, depuis 4 ans, ce régime assassine tout ce qui résiste à sa politique. Cela ne semble pas gêner la droite qui considère avant tout qu’il reste pour le moment un élément de stabilité dans la région... En attendant de trouver de nouvelles alliances ?

Sur le fond, le Front national, qui a mille liens avec le régime de Damas, n’a pas une position sensiblement différente...

ONU or not ONU ?

Du côté du Front de gauche, on ne peut pas dire que la critique soit aiguisée et surtout, elle ne porte absolument pas sur l’intervention en elle-même mais sur son encadrement. Pour Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, ce ne sont pas vraiment les bombardements qui posent problème mais le fait qu’ils aient lieu sans mandat de l’ONU (!), ce qui est globalement la position de son parti.

Et André Chassaigne, député du parti communiste et président du groupe à l’Assemblée nationale, d’enfoncer le clou. Ce qui l’inquiète, c’est que la France va faire cavalier seul alors que ce qu’il faudrait c’est la « perspective d’une grande coalition contre Daesh notamment avec les Russes » !

Enfin, cerise sur le gâteau, le député Front de gauche de Seine-Saint-Denis, François Asensi, va même jusqu’à s’interroger sur l’efficacité des frappes annoncées, et s’inquiète de leur illégalité internationale, compte tenu du fait qu’elles se feraient sans mandat de l’ONU.

Non à l’intervention militaire !

Bombes, faim, misère, dictatures, c’est cela que fuient les réfugiés/ées, c’est cela qu’ont semé au fil des guerres et des opérations néocoloniales les grandes puissances. C’est pourquoi, avec ou sans ONU, nous sommes contre toute nouvelle intervention militaire de notre propre impérialisme.

Le seul moyen de sortir de l’ornière, c’est d’abord d’affirmer qu’en Europe, ceux qui sont de trop, ce ne sont pas les migrants/es, mais ceux qui sèment le chômage et la pauvreté, tous les rapaces de la finance, les patrons voyous et les dirigeants à leur service. La seule unité que nous reconnaissons, elle n’est pas nationale, c’est celle des exploités/ées d’où qu’ils viennent, face à leurs bourreaux. Autant de prises de position que l’on n’a pas entendues à l’Assemblée lors du débat parlementaire sur la Syrie mardi 15 septembre...

Il est plus que temps qu’une grande manifestation s’organise pour dire notre solidarité sans faille avec celles et ceux qui cherchent refuge, et pour s’opposer sans réserve à la politique guerrière de Valls et Hollande !

Denise Sarraute
dans l'hebdo L'Anticapitaliste (n° 304, 24/09/15)

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