Voici une contribution écrite à l’occasion du prochain Comité
International de la Quatrième Internationale (dite « SU ») par des
camarades d’A&R (France), d’IZAR (Etat espagnol), de Socialist Action (USA),
Socialist Action-LAS (Canada), de l’OKDE-Spartakos (Grèce) et du
Collettivo Guevara (Italie).
L’objectif de ce texte : dans la même
perspective que celle que nous défendons en France, regrouper dans la QI
autour d’une orientation pour une internationale communiste et
révolutionnaire. Mais aussi mener le débat sur le nécessaire
regroupement des anticapitalistes et révolutionnaires à l’échelle
internationale avec des forces révolutionnaires à l’extérieur de la QI
comme le PCL italien par exemple qui a manifesté la volonté
d'approfondir les relations et rapports politiques avec nous.
Les sites des organisations/courants des signataires :
I- L’état de la QI
aujourd’hui
A- La politique des « partis
larges » : un bilan catastrophique
La direction de la QI a remplacé
l’objectif stratégique de construction de partis révolutionnaires par celui de
« partis larges ». Un siècle après la révolution russe, le principe
« pas de révolution sans parti révolutionnaire » est-il dépassé ?
Nous ne le pensons pas. La direction de la QI s’est explicitement donné comme
objectif depuis ses derniers congrès de construire des partis « larges »,
sans délimitations programmatiques et stratégiques claires. Quels ont été les
résultats de cette politique ?
Dans la période récente, les échecs ont
été cinglants. Dans l'État espagnol, Anticapitalistas se prépare à former une
majorité commune avec Pablo Iglesias, s’adaptant ainsi à une direction
bureaucratique qui se donne explicitement comme but de gouverner dans le cadre
des institutions capitalistes. À force de chercher à gagner de l’influence
électorale ou médiatique, on en vient ainsi à sacrifier notre objectif de
renversement du système capitaliste.
L’expérience de Syriza, lui aussi un temps
présenté comme modèle à tel point que la section grecque qui a refusé de le
soutenir a même été accusée au CI d'être contre-révolutionnaire, a constitué
une catastrophe : ce qui était présenté comme un parti et un gouvernement
« anti-austérité » s’est révélé une machine de guerre contre les
travailleurs et contre les peuples. Syriza est en train de conduire depuis
plusieurs années une des pires offensives qu’on ait connu depuis des décennies
contre la classe ouvrière et la jeunesse.
Mais ce ne sont que les deux derniers exemples
d’une série de catastrophes, dont aucun bilan n’a été tiré. La liste est
longue : au Brésil avec la participation au gouvernement Lula, en Italie
où les camarades avaient soutenu au parlement la formation du gouvernement
Prodi et avaient voté les crédits de guerre, au Portugal avec le soutien récent
au gouvernement PS... Les points communs à ces échecs sont l’appui à des forces
politiques ou des gouvernements qui se placent dans le cadre de la gestion du
capitalisme et la dislocation des sections de la QI.
C’est bien la politique de construction de
« partis larges » au lieu de partis révolutionnaires qui a conduit à
la dissolution de nos forces dans des coalitions réformistes. En effet,
pourquoi construire un courant révolutionnaire s’il n’y a pas de programme
communiste révolutionnaire à défendre ici et maintenant ? La situation est
aujourd’hui alarmante : nous avons assisté au fil des années à la
disparitions, à la dissolution ou à l’adaptation de sections à un rythme
accéléré. La question de notre capacité à défendre le principe d’indépendance
de classe, la capacité de notre classe sociale à agir indépendamment de la
bourgeoisie et de son État est posée quand un appui est donné à un politicien
lié à un parti bourgeois comme Bernie Sanders, ou à une personnalité étrangère
au mouvement ouvrier comme Pablo Iglesias.
B- « Nouvelle situation, nouveau
programme… » ou actualité de la révolution et d’un programme communiste
révolutionnaire ?
Pourquoi la direction de la QI
persévère-t-elle depuis des années dans cette politique malgré la succession
d’échecs ? Elle a implicitement renoncé à l’actualité de la révolution :
celle-ci est devenue un horizon éloigné. Pour elle, le rapport de forces est
tellement dégradé que les tâches de l’heure consistent à reconstruire une
conscience de classe élémentaire, à partir des luttes des opprimés en réaction
à l’offensive de la classe adverse. Nul besoin de boussole révolutionnaire, nul
besoin de bataille organisée pour un programme de transition, et pour un
programme communiste. Il suffit de regrouper toutes celles et tous ceux prêts à
résister, réformistes comme révolutionnaires, pour être en mesure d’accumuler
lentement de l’expérience et des forces en attendant des jours meilleurs. Et
pour ce faire, l’outil adapté, c’est justement le « parti large ».
C’est la justification pour s’allier
partout à des forces sociales qui ne sont mêmes pas réformistes dans le sens
classique du terme. Des forces sans aucune base programmatique communiste et
sans base sociale dans la classe ouvrière.
Pourtant, l’actualité et la nécessité d’un
programme révolutionnaire a été démontrée par les processus révolutionnaires au
Sud de la Méditerranée et par la situation grecque : la radicalisation de
l’affrontement de classe demande des réponses révolutionnaires. N’était-il pas
indispensable de défendre l’abolition de la dette, la réquisition des banques
et des secteurs clés de l’économie sous contrôle des travailleurs ? Ces
mots d’ordre ne sont pas réservés aux livres d’histoire sur la révolution russe.
La direction de la QI n’a pas soutenu sa section grecque qui a tenté avec ses
forces de mener une telle politique révolutionnaire. Cela impliquait évidemment
une bataille politique contre la direction de Syriza. C’est précisément cette
bataille qui n’a pas été menée : au nom de la nécessité d’un « nouveau
programme » et de « nouveaux partis » adaptés à la « nouvelle
situation », la direction de la QI a au contraire appuyé jusqu’à la 25ème heure
Tsipras. (citation de la déclaration de la QI, août 2015) L'exemple de la Grèce
est extrêmement parlant sur l'impossibilité du réformisme dans les périodes de
crise du capitalisme. Le gouvernement dirigé par Syriza s'est non seulement
avéré être l'un des gouvernements bourgeois les plus durs, mais Syriza lui-même
a aussi presque complètement changé en tout juste un an, plus ou moins, passant
du réformisme de gauche à la social-démocratie bourgeoise. La formation du
gouvernement avec le parti nationaliste bourgeois ANEL (ce qui n'a jamais été
contesté par ceux qui plus tard ont fondé la parti Unité populaire, le parti
que la direction de la QI soutient actuellement en Grèce), l'intégration dans
le gouvernement de nombreux membres du personnel politique et administratif des
deux grands partis bourgeois, la ND et le PASOK, et surtout la rupture avec la
grande majorité de sa base militante et dans la jeunesse, ont irréversiblement
modifié la nature du parti Syriza. C'est un destin que partagent tous les
partis réformistes qui veulent gérer la crise dans le cadre du capitalisme,
quelles que soient les intentions de leurs directions. C'est une conclusion à
laquelle la direction de la QI n'est jamais parvenue, parlant plutôt d'une
« capitulation » inexpliquée de Tsipras, dépourvue de tout contenu de
classe.La conséquence pratique, c'est sa promptitude à répéter les mêmes
erreurs. Elle continue de s’allier et de s’adapter à la politique d’Iglesias
aujourd’hui par l’intermédiaire de la majorité de la section espagnole.
C- Une carence militante et un grave
problème démocratique
Les réunions du CI de la QI sont
aujourd’hui réduites à des débats d’analyse sans conséquence dans la pratique.
Les débats se succèdent sans que soient définies des campagnes coordonnées à
l’échelle internationale. Pourtant, aux quatre coins du globe nous avons des
camarades qui mènent des luttes qui s’affrontent concrètement au capitalisme.
Les discussions de fond doivent être nourries par l’action : les bilans
d’activités des sections devraient nourrir la discussion, et la confrontation
des idées devraient aboutir à la définition de tâches communes. Sans objectifs
communs à l’échelle internationale et sans entraide politique et matérielle, il
est impossible de se construire au-delà d’une certaine échelle dans chacun de
nos pays. Mais surtout, notre internationale doit être plus qu’un club
d’échanges théoriques. Elle doit être un outil pour l’action révolutionnaire.
Se poser ensemble les problèmes politiques de la lutte de classes à l’échelle
internationale et réfléchir ensemble aux problèmes que nous posons dans chacun
de nos pays pour tenter de les résoudre ensemble, voilà à quoi devrait servir
un « parti mondial ». La construction d’un tel parti international,
avancer dans cette direction, est une tâche pour aujourd’hui.
L’exclusion récente par la majorité de la
section de l'État espagnol de la minorité d’Anticapitalistas qui pesait 20 % à
son dernier congrès et qui a formé aujourd’hui IZAR, révèle un grave problème
démocratique. C’est le refus d’accepter la critique de l’orientation
majoritaire de la QI. Plus grave, le refus de donner aux camarades la
possibilité de s’exprimer devant le CI sous prétexte d’un veto de la section
est contraire à tous nos principes de démocratie ouvrière : la possibilité
de se défendre au moment d’une exclusion existe pourtant dans toute une série
d’organisations réformistes… mais elle n’a pas existé dans la QI pour les
camarades d’IZAR. Il a donc été acté que la majorité d’une section pouvait
exclure comme bon lui semblait sa minorité… sans la moindre chance de recours.
Heureusement que la majorité des camarades de la section française qui sont
membres du NPA n’ont pas cette vision autoritaire des divergences politiques et
n’ont donc pas agi de la sorte avec leur minorité (1) ! Nos
camarades de Socialist Action Canada ont été et sont toujours à l’heure
actuelle victimes de la même exclusive. Il y a bien évidemment une logique
politique à l’œuvre derrière ces exclusions : les règles démocratiques de
base sont mises de côté quand il s’agit de camarades qui sont en désaccord, sur
la gauche, avec la politique de la direction. Celle-ci favorise alors le
travail avec des groupes extérieurs à la QI, et exerce une pression sur la
section pour l'isoler, comme en Grèce. La direction de la QI présente souvent
notre organisation internationale comme la tendance internationale « la
plus démocratique ». Les déclarations d’intentions sont bien loin des faits
concrets. En effet, face à des situations de scissions pour désaccords
politiques, l’IST dans l'État espagnol (2) et la LIT au Brésil (3)
se sont montrés plus ouverts, en maintenant dans les deux cas des
relations avec les différents groupes issus des scissions.
Nous ne pouvons plus esquiver les bilans
de la politique défendue par la majorité du dernier congrès mondial de la QI en
2010. Le prochain CI doit effectivement acter le lancement et la date du
prochain congrès mondial qui doit se tenir en 2018.
II-Une situation où existent des occasions
de renforcement pour les révolutionnaires et les idées communistes
Nous ne partageons pas l’appréciation de
la situation que fait la direction de la QI. Si elle est effectivement marquée
par une offensive de plus en plus violente de la bourgeoisie, elle est
néanmoins contradictoire et recèle des possibilités pour les communistes
révolutionnaires de faire entendre leurs idées et de se renforcer.
A- La baisse tendancielle du taux de
profit : racine de la crise
Le problème fondamental des capitalistes
reste la baisse tendancielle du taux de profit. La crise écologique se conjugue
avec la crise économique et le capitalisme est ainsi dans une situation de
crise prolongée dont il ne sortira pas spontanément. Pour restaurer le taux de
profit, les capitalistes se voient obligés de bouleverser leur mode de
domination, en infligeant une défaite historique à la classe ouvrière. C'est le
sens de l'offensive capitaliste actuelle. Les tensions inter-impérialistes
augmentent et les interventions militaires se multiplient. Le nombre de
réfugiés explose, le racisme et la xénophobie sont ouvertement encouragés par
les gouvernements de toutes les grandes puissances. La barbarie n’est pas une
possibilité prévisible pour le futur, c’est la réalité pour la majeure partie
de l’humanité.
B- Directions traditionnelles et
« nouveaux réformismes » : adaptation à l'offensive capitaliste actuelle
Loin de combattre l’offensive capitaliste,
les directions traditionnelles du mouvement ouvrier s’y adaptent. La
social-démocratie est totalement intégrée à l'appareil d'État et les directions
issues du stalinisme accompagnent les politiques des bourgeoisies nationales.
Ce recul massif de la social-démocratie et
des formations de type Labor Party ne se limite pas à l'Europe. Il est mondial.
Au Canada, par exemple, nous avons vu la direction du New Democratic Party
(NDP), liée aux syndicats, promettre un « budget équilibré » quelles
que soient les circonstances, lors de la campagne menant aux élections
fédérales d'octobre 2015. Mettre en œuvre cette politique empêcherait un
gouvernement NDP de retirer la plupart des sévères mesures d'austérité
introduites par le gouvernement précédent du Conservative Party, mené par
Stephen Harper. Le forfait politique du NDP et la position de « vote
utile » d'une grande partie de la bureaucratie syndicale, a canalisé le
mécontentement massif de la classe ouvrière contre l'austérité pour aboutir à
une victoire du Liberal Party de Justin Trudeau, qui a brièvement fait mine de
passer sur la gauche du NDP.
Quant aux courants dits
« populistes » en Amérique du Sud, ils ont démontré leur incapacité à
changer sur le fond la situation, ils refusent toute rupture franche avec
l'impérialisme et le capital.
Les prétendus « nouveaux
réformismes » sont un symptôme de politisation, un reflet de
l'augmentation des luttes. Mais la politique de Syriza au pouvoir montre à quel
point ces forces se sont adaptées au capitalisme en crise en un temps record et
sont prêtes elles-mêmes à mettre en œuvre les plans de la bourgeoisie, sans
avoir pour autant l'ancrage ouvrier de masse qu'avaient pu acquérir les
« anciens » réformistes.
Les courants anarchistes ou autonomes
parviennent à capter une partie de la révolte de la jeunesse. Nous devons mener
une politique en direction de ces courants, avec parfois des possibilités
d’accords tactiques avec certains d’entre eux. Mais nous ne devons pas leur
laisser le terrain de la radicalité, tout en expliquant en quoi leur politique
est une impasse.
C- Instabilité chronique du système,
résistances de masse et politisation
Le rapport de forces nous est bien sûr
très défavorable. Mais des résistances de masse agitent tous les continents. La
crise du système nourrit une instabilité politique chronique.
La violence de l’offensive capitaliste
nourrit évidemment des phénomènes de régression sociale et politique. La gauche
traditionnelle, lorsqu'elle parvient au gouvernement, mène l'offensive
capitaliste et ouvre ainsi un espace à l'extrême droite. Mais c'est loin d'être
le sentiment majoritaire dans la classe ouvrière. Dans la base électorale de
ces courants d'extrême droite, on trouve néanmoins un nombre significatif de
travailleurs, qui ont été les premières victimes du capitalisme. Une riposte
sérieuse de la classe ouvrière qui remporterait de victoires significatives
pourrait reconquérir nombre de ceux qui ont été momentanément captés par la
démagogie de l’extrême droite.
L’effet de l’offensive dans le cadre de la
crise n’est pas unilatéral. Elle suscite également des résistances massives et
une nouvelle politisation. Cette dynamique de polarisation est bien représentée
par l’élection de Trump : s’il symbolise la politique de plus en plus
réactionnaire des classes dirigeantes, il a été élu dans une situation où les
mobilisations sont en augmentation et où l’intérêt pour les idées socialistes
sont au plus haut depuis des décennies dans la principale puissance mondiale.
De même, à l’échelle internationale, les possibilités d'explosion sociale et de
luttes collectives augmentent.
Il y a chez des franges significatives de
la classe ouvrière et de la jeunesse une perception que ce système est pourri
et nous mène à la faillite. La plupart du temps, les masses en lutte savent ce
qu'elles ne veulent plus et éprouvent un profond dégoût pour le système
capitaliste, sans avoir d'idée de quoi mettre à la place ni comment. Mais nous
n’assistons pas seulement à des luttes en réponse mécanique aux attaques. Nous
assistons aussi à des processus d’accumulation d'expériences, de politisation,
de regroupement et d'organisation. Les mobilisations nationales massives contre
la remise en cause du code du travail en France, la lutte des travailleurs à
bas salaires pour le droit à former des syndicats et un salaire minimum de
15 $ et la montée de Black Lives Matter aux États-Unis, les
mobilisations étudiantes sans précédent au Québec, les grèves massives des
travailleurs en Asie, particulièrement en Chine et en Inde… mais également
l'intérêt renouvelé pour le socialisme illustré par la double victoire de
Jeremy Corbyn à la direction du Labour Party britannique, ainsi que le regain
d’intérêt pour les idées socialistes aux États-Unis indiquent que les éléments
d’une prise de conscience anti-capitaliste sont présents. C’est un processus
très inégal et limité. Ce sont principalement des courants hostiles au
socialisme qui sont nourris par le profond mécontentement. L'audience électorale
du FIT en Argentine, ou les recompositions dans le mouvement syndical en
Afrique du Sud, malgré les limites de ces deux expériences, mais surtout le
regain d'intérêt pour le « socialisme » aux États-Unis indiquent
cependant que les idées anticapitalistes peuvent acquérir une audience de
masse.
III- La classe ouvrière joue toujours un
rôle central
Une vision largement partagée dans les
milieux militants contribue à nourrir le scepticisme sur l’actualité de la
révolution : l’offensive néo-libérale aurait tellement précarisé et
affaibli la classe ouvrière qu’elle ne jouerait plus de rôle central. En
réalité, la classe ouvrière est globalement aujourd’hui plus nombreuse que
jamais : rien qu’en Corée du Sud aujourd’hui il y a plus de travailleurs
salariés que dans le monde entier à l’époque de Marx. La classe ouvrière qui de
notre point de vue est composée des travailleurs salariés n'exerçant pas un
pouvoir hiérarchique, constitue aujourd’hui entre 80 et 90 % de la
population dans les pays les plus industrialisés et presque la moitié de la
population mondiale. Globalement, le nombre de travailleurs industriels est
passé de 490 millions dans le monde en 1991 à 715 millions en 2012 (chiffres de
l'Organisation internationale du travail). Le rythme de croissance de l’industrie
a même été supérieur à celui des services entre 2004 et 2012 ! Ce n'est
pas le secteur industriel qui a baissé mais le secteur agricole, en passant de
44 à 32 % de la force de travail globale. Il est vrai que la classe
ouvrière industrielle a régressé numériquement dans les anciennes puissances
capitalistes. Mais son rôle dans la lutte de classe est très loin d'être
secondaire, comme l'ont prouvé par exemple les cheminots et les raffineries en
France dans les grèves de masse de 2010 et 2016. Et la prolétarisation des
services a créé de nouveaux secteurs salariés dans les anciennes métropoles
capitalistes qui ont récemment prouvé leur combativité comme dans le nettoyage
(comme par exemple les grèves historiques aux Pays-Bas en 2010 et 2012), ou dans
la grande distribution et les fast-food avec le mouvement Fight for 15 aux
États-Unis.
Il n'est pas vrai que le développement de
la précarité a rendu la classe ouvrière incapable de mener des luttes
significative et de jouer un rôle révolutionnaire. Dans le passé, une condition
prolétarienne bien plus précaire qu'aujourd'hui et l'absence de grande
industrie n'avaient pas empêché les ouvriers parisiens de prendre le pouvoir
lors de la Commune... et aujourd'hui, les travailleurs trouvent le chemin des
mobilisations malgré les obstacles créés par l'offensive capitaliste : la
plus grande grève en France depuis plusieurs décennies, en termes numérique et
de durée, a été la grève des travailleurs sans-papiers de 2009-2010, qui a
impliqué 6000 grévistes, dont 1500 dans l’intérim, organisés en comité de
grève, sur dix mois. La grève générale en Guadeloupe en 2009 a montré la
capacité des travailleurs de fédérer les opprimés et de menacer le pouvoir.
En opérant un redéploiement international de l'industrie, la mondialisation
capitaliste a créé de nouvelles classes ouvrières dans les pays du Sud, dont
les mobilisations récentes ont montré le potentiel : la vague de grèves que
connaît la Chine depuis 2010, les grèves massives de Bursa en Turquie en 2015,
la formation de syndicats de masse combatifs en Indonésie, le rôle du mouvement
syndical et des grèves de masse dans la démission de la Première ministre en
Corée du Sud fin 2016...
Ces luttes se déroulent pour l'essentiel à
l'encontre des directions syndicales. Pour que ces luttes débouchent sur une
remise en cause du système, il est nécessaire de reconstruire une direction
ouvrière lutte de classe à l'échelle internationale. Construire cette aile
lutte de classe du mouvement ouvrier, indépendante des directions syndicales,
capable en particulier de susciter la construction d'organes
d'auto-organisation, de comités de grève, est une tâche centrale pour une
internationale révolutionnaire. Des différenciations ou des ruptures au sein du
mouvement ouvrier indiquent que de nouvelles possibilités s'ouvrent :
processus de création d'une nouvelle confédération syndicale en rupture avec
l'ANC en Afrique du Sud, différenciations au sein de la CGT en France et
discussions en vue de la formation d'un « pôle ouvrier » lutte de classes
suite au mouvement sur la loi Travail...
Si on tient compte de toutes ces
évolutions, la classe ouvrière mondiale n'a jamais eu un rôle potentiellement
aussi puissant. Tous les secteurs de la classe ouvrière n'ont pas le même poids
objectif dans l'appareil de production et ne sont pas en capacité de jouer le
même rôle, et nous devons en tenir compte dans nos efforts d'implantation. Mais
les révolutionnaires doivent prendre au sérieux le rôle central de la classe
ouvrière et développer une intervention politique systématique dans sa
direction. Cette tâche devrait être prise en charge non seulement par les
sections nationales mais faire l'objet de discussions régulières au niveau
international.
IV- Ce que
nous proposons
A-
Construire des partis révolutionnaires d'avant-garde : l’actualité du
léninisme
Voilà comment Lénine dans La Maladie
infantile du communisme : le gauchisme définissait la discipline de
parti, comment se forge un parti de cadres pour la révolution, à l'opposé de la
vision caricaturale des staliniens :
« Et tout d'abord la
question se pose: qu'est-ce qui cimente la discipline du parti révolutionnaire
du prolétariat ? Qu'est-ce qui la contrôle ? Qu'est-ce qui l'étaye ? C'est,
d'abord, la conscience de l'avant-garde prolétarienne et son dévouement à la
révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme. C'est, ensuite,
son aptitude à se lier, à se rapprocher et, si vous voulez, à se fondre jusqu'à
un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef
avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non
prolétarienne. Troisièmement, c'est la justesse de la direction politique
réalisée par cette avant-garde, la justesse de sa stratégie et de sa tactique
politiques, à condition que les plus grandes masses se convainquent de cette
justesse par leur propre expérience. À défaut de ces conditions, dans un parti
révolutionnaire réellement capable d'être le parti de la classe d'avant-garde
appelée à renverser la bourgeoisie et à transformer la société, la discipline
est irréalisable. Ces conditions faisant défaut, toute tentative de créer cette
discipline se réduit inéluctablement à des phrases creuses, à des mots, à des
simagrées. Mais, d'autre part, ces conditions ne peuvent pas surgir d'emblée.
Elles ne s'élaborent qu'au prix d'un long travail, d'une dure expérience ;
leur élaboration est facilitée par une théorie révolutionnaire juste qui n'est
pas un dogme, et qui ne se forme définitivement qu'en liaison étroite avec la
pratique d'un mouvement réellement massif et réellement révolutionnaire. »
« Pas de révolution sans parti
révolutionnaire.» Cela signifie que par-delà la diversité des tactiques que
peuvent adopter les révolutionnaires dans la construction de leur parti en
fonction des pays et des situations, construire des partis révolutionnaires,
des partis pour la prise du pouvoir et le communisme reste l'objectif
stratégique.
Pour construire des organisations
révolutionnaires qui ne se contentent pas de proclamer des principes, nous nous
donnons comme objectif de construire un parti de cadres capable de
donner vie à ces principes programmatiques, ce qui signifie chercher à donner
les moyens à toutes nos militantes et militants d’acquérir le niveau de
formation le plus élevé possible pour jouer un rôle dans la destruction du
capitalisme et la construction d’une autre société. Mais cette formation doit
être cohérente avec notre pratique militante. Pour être en mesure d'en finir
avec ce système qui génère exploitation et oppressions, nous devons au maximum
réduire la séparation entre la sphère privée et la sphère politique. Cette
séparation est le produit du système capitaliste dans lequel nous vivons.
Contre cette logique de la « séparation », nous nous donnons
consciemment à la perspective de la révolution et nous la mettons en cohérence
avec nos choix et modes de vie. Cela est tout le contraire de la frustration de
chaque individu, c’est au contraire l’émancipation et l’association librement
consentie et à contre-courant de l’idéologie dominante véhiculée par l'État,
l’école et la famille, de se regrouper pour atteindre un but commun : la
destruction du système capitaliste, fait d’exploitation et d’oppressions pour
construire une autre société, la société communiste.
La recherche d’une implantation
dans la classe ouvrière et dans les secteurs opprimés est décisive et doit
faire l’objet de discussion systématiques et d’outils propres. L'actualité de
la grève générale insurrectionnelle comme « hypothèse
stratégique » principale dans une majorité de régions du globe, notre
analyse du rôle central de la classe ouvrière doit ainsi avoir d’emblée des
conséquences pratiques, dans nos sections et à l’échelle internationale. Que
voulons-nous dire ? Cela veut dire que nous avons une politique
volontariste d’implantation dans les secteurs clés de l’économie capitaliste.
Qu’un effort dans chaque section doit être fait dans ce sens, mais aussi que
l’internationale aide à atteindre cet objectif participe à l’effort. À travers
un apport théorique, mais aussi de centralisation de l’information. Cela veut
aussi dire que nous développons de façon systématique une intervention
politique indépendante en direction de notre classe.
Tous les révolutionnaires
doivent réfléchir à comment riposter à la fois contre l’austérité et contre le
système capitaliste. La seule manière de défendre nos droits sociaux et d’en
gagner de nouveaux est toujours la mobilisation de la classe ouvrière et de la
jeunesse. Tout acquis social l’a été par la mobilisation. L'histoire du 20ème
siècle le démontre. Les droits des travailleurs et des femmes n’ont pas été
gagnés dans les élection mais par des grèves et des mobilisation. En ce sens,
notre principale tâche et de reconstruire la conscience de classe. La manière
la plus efficace pour ce faire est la confrontation des intérêts de la classe
ouvrière à ceux de la bourgeoisie. Les luttes, manifestations, occupations,
assemblées, grèves, sont les meilleurs outils pour élever le niveau de
conscience des opprimés. Nous ne pouvons certes pas ignorer les élections, mais
elles doivent être subordonnées aux mobilisations. Dans notre stratégie, les
élection ne sont pas un but en soi, mais un moyens pour renforcer la
mobilisation de notre classe, dans le but d’élever sa conscience; Les
travailleurs et la jeunesse doivent mener la lutte contre toutes les
oppressions et les lier à la lutte pour l’émancipation de classe. Ainsi, est-il
nécessaire que les organisations de masse du mouvement ouvrier incluent dans
leurs plateformes des éléments tels que « à travail égal salaire
égal », le respect des droits des LGBT et la socialisation du travail de
reproduction sociale.
L’hypothèse stratégique que nous défendons
pour mettre fin au capitalisme est une suite ininterrompue de mobilisations qui
rendent la classe ouvrière consciente de la nécessité de prendre le pouvoir
pour construire le socialisme. Nous ne fétichisons pas les grèves mais elles
constituent un biais essentiel pour élever la confiance des travailleurs dans
leurs propres forces. Les grèves sont des écoles de combat parce qu’elles
constituent des moments dans lesquelles la classe ouvrière peut
s’auto-organiser et elles constituent un moyen de conflit.
Nous, révolutionnaires, ne pouvons ignorer
les luttes d’aujourd’hui même si elles sont petites. Au contraire, nous devons
y prendre part.
Une internationale révolutionnaire qui n’a
pas comme priorité la jeunesse, est une internationale vouée à disparaître. La
jeunesse joue toujours un rôle d'avant-garde tactique. Cette théorie développée
par Ernest Mandel est toujours d’actualité : que l’on prenne les processus
des révolutions arabes ou les mobilisations en Amérique latine, au Mexique et
au Chili, mais aussi en France au moment du CPE, et vraisemblablement bientôt
aux USA avec les mobilisations anti-Trump. Son rôle dans les luttes est
toujours primordial, et le recrutement dans la jeunesse est tout simplement
vital pour toute organisation révolutionnaire. Être conséquent avec cette
affirmation, c’est ne pas abandonner plusieurs acquis théoriques et
d’intervention de notre courant. Nous défendons l’autonomie de la jeunesse, une
autonomie subordonnée au prolétariat et à ses intérêts historiques, mais avec
des formes d’organisation, non pas indépendantes mais autonomes des
organisations du mouvement ouvrier et des partis que nous construisons. Nous
nous fixons donc, quand c’est possible, l’objectif de la construction
d'organisations révolutionnaires de jeunesse. Les secteurs jeunes dans nos
partis sont une médiation pour atteindre ce but. Nous devons par ailleurs avoir
une orientation spécifique en direction de la jeunesse scolarisée. Il s’agit
d’un secteur de la jeunesse qui participe activement aux bouleversements lors
des processus révolutionnaires. Le camp international de jeunes joue donc un
rôle fondamental dans le cadre de cette politique. Mais il ne doit pas se
transformer en un lien excluant pour les voix discordantes vis-à-vis de la
direction de la QI. L’interdiction de faire participer le secteur jeune du NPA,
au dernier camp montre une faiblesse théorique et militante inquiétante. Tout
comme le refus de faire que quatre camarades d'IZAR puissent simplement entrer
pour tenir un atelier au sein du camp, obligeant ces derniers, qui pour
certains ont construit la QI pendant quinze ans, à devoir animer leur atelier sur
le parking avec plus de 70 jeunes qui voulaient comprendre, débattre, échanger.
Ces épisodes sont symptomatiques d’un sectarisme sclérosant et craintif formant
de fait des jeunes qui s’habituent à ces pratiques sous prétexte de pureté
idéologique et de lutte contre le « fractionnisme ».
Il n'y pas de muraille de Chine entre ce
que nous défendons comme projet de société, le communisme, et le parti que nous
cherchons à construire. Il doit y avoir une cohérence entre ces deux termes.
Notre parti ne sera pas un îlot de communisme car il vit et se développe dans
le cadre de rapports sociaux déterminés par le système capitaliste et le
patriarcat. Mais nous devons au maximum nous en approcher. Cela concerne bien
sûr les rapports militants qui doivent respecter les principes démocratiques et
ne pas contredire notre programme de lutte contre toutes les oppressions. Mais
au-delà, c’est l’association librement consentie d’hommes et de femmes qui
luttent pour le communisme et qui sont régis par des rapports qui ne peuvent
être contradictoire avec ces principes d’émancipation. Qui combattent toute
forme de « séparation » produite par le capital entre travail
intellectuel et le travail manuel, entre les hommes et les femmes, entre les
nationaux et les étrangers, entre les sphères privée et politique… qui refuse
toute forme de tabou à l’intérieur de l’organisation, mais construit au
contraire grâce au débat et à la vérification par la pratique une unité
programmatique et d’intervention de l’ensemble de ses membres.
B- Défendre un programme de transition
pour le 21ème siècle
La QI devrait défendre un ensemble de
mesures clés, une démarche transitoire : on part des revendications
quotidiennes, on les lie à la question du pouvoir et à l’aspiration à une autre
société. En définitive, lier les luttes actuelles à la remise en cause des
piliers du système capitaliste.
L’un des premiers axes de ce programme est
l’expropriation des secteurs clés de l'économie. La crise bancaires et les
plans de sauvetage ont ouvert une nouvelle possibilité d’expliquer de manière
populaire la nécessité de réquisitionner les banques. Les faillites
d’entreprises, les licenciements massifs et les luttes qu’ils suscitent nous
donnent également la possibilité de remettre au goût du jour la lutte pour le contrôle
ouvrier et pour expliquer la nécessité de la réquisition des grands moyens de
production, de communication et d’échanges. Une démarche transitoire, c’est par
exemple lier l’interdiction des licenciements avec le contrôle par les
travailleurs eux-mêmes de l'embauche.
Les ressources fossiles et minérales ne
sont pas infinies. Le pic maximum d’extraction sera atteint dans les années qui
viennent. Le capitalisme avec sa logique structurelle vise à consommer toujours
plus de matières premières et d’énergie. L’objectif du capitalisme est de
produire toujours plus et de faire toujours plus de profits. Le capitalisme ne
peut pas être « vert ». Le capitalisme détruit notre environnement et
ses espèces. Il détruit notre planète. Mais là encore, il ne peut y avoir
d’écologie conséquente sans une lutte conséquente contre le capitalisme et sans
la compréhension que le seul sujet qui peut en finir avec le capitalisme et le
désastre écologique qu’il engendre, c’est la classe ouvrière. Si nous
partageons cette analyse, nous devons en tirer les conséquences,
d’implantation, d’intervention et d’orientation. En effet, c’est la classe
ouvrière alliée avec d’autres secteurs qui est capable d’imposer, face à la
catastrophe écologique, un programme de transition écologique anticapitaliste,
axé sur la remise en cause des énergies fossiles et nucléaires et sur la
nécessité de la planification de l'économie à l’échelle internationale.
Le monde capitaliste reste structuré,
organisé par l’impérialisme dont les intérêts ne sont jamais liés par aucun
engagement vis-à-vis d’aucun peuple, même si ponctuellement ils peuvent faire
le choix de soutenir telle ou telle lutte avec leurs propres méthodes et leurs
propres objectifs.
L’anti-impérialisme doit constituer un axe
central de notre propagande et de notre activité : nous nous positionnons
contre toutes les interventions impérialistes et pour le retrait des troupes
impérialistes. Mais cela veut dire qu’être solidaire par exemple du peuple
kurde, ce n'est pas éluder la responsabilité centrale de l'impérialisme dans le
développement de courants réactionnaires comme l'EI. Et la situation que vivent
les peuples de la région. Sans pour autant nier que ces courants réactionnaires
ont également leur propre logique et autonomie. Nous devions et devons donc
participer aux manifestations en défense du peuple kurde, tout en liant cette
défense inconditionnelle avec notre refus sans ambiguïté de l'intervention
impérialiste. C'est pourquoi nous ne signons pas d’appels à manifester qui
demandent à notre gouvernement de fournir des armes aux Kurdes. Nous ne donnons
pas l'illusion que notre bourgeoisie pourrait défendre les peuples de la
région.
Face à notre propre impérialisme, ce n’est
pas à nous de susciter des illusions sur le thème : des armes et pas des
bombes. Et c’est très exactement ce qui est arrivé aux députés de l’Alliance
rouge et verte dont des membres de la QI qui ont voté au parlement les crédits
de guerre sous prétexte que cela permettait d’envoyer des armes ; mais se
sont retrouvés très vite confrontés à la deuxième étape, la seule réellement
importante pour le gouvernement danois comme pour les autres : l’envoi de
F-16 danois qui aujourd’hui bombardent l’Irak aux côtés des États-Unis et de la
France.
Les classes ouvrières qui se soulèveront
devront se confronter à la fois à « leur propre » appareil d'État
national et aux institutions internationales impérialistes comme l'UE.
« Le principal ennemi est à la maison » signifie également que nous
devons nous battre simultanément contre les coalitions impérialistes
internationales auxquelles nos propres bourgeoisies participent. Tout en étant
fermement opposés à toute alternative capitaliste nationaliste, nous savons
qu'une politique anticapitaliste est incompatible avec l'UE.
Nous savons que la lutte contre
l'impérialisme, le racisme, l'austérité et la domination capitaliste n'est pas
un combat qui peut se mener au seul niveau d'un seul pays. Elle ne peut non
plus se mener sans rompre avec la politique au service des capitalistes, de
l'UE et de la BCE, avec l'Europe de la finance. S’attaquer au pouvoir de nos
bourgeoisies nationales c’est rompre avec les institutions de l’Union
européenne.
Contre l'Europe de la troïka nous
défendons la solidarité internationale pour une Europe socialiste des travailleurs
et des peuples.
L'imposition de l'austérité à l'échelle
mondiale est inséparable de la montée correspondante des guerres et
interventions impérialistes. Nous sommes les témoins quasi quotidiens de
guerres, de bombardements massifs, de meurtres de masse par des armées
privatisées ou mercenaires, à coups de drones, d'embargo ou de sanctions, et de
guerres quasi-secrètes, menés par les États-Unis, la seule super-puissance
mondiale, avec leurs congénères historiques impérialistes européens. C'est le
cas avec le Commandement africain des États-Unis qui recolonise et pille
l'Afrique. L'impérialisme français aussi, tout comme d'autres anciennes
puissances coloniales européennes, interviennent de plus en plus en Afrique et
ailleurs pour maintenir et accroître ses intérêts.
Il n'y a pas de « guerres
humanitaires » conduites par la bête impérialiste. Il n'y en a jamais eu.
Le terme lui-même est rédhibitoire pour les révolutionnaires, dont la raison
d'être est de s'opposer à toutes les guerres et interventions impérialistes. Le
soutien inconditionnel au droit des peuples et des nations opprimées à
l'auto-détermination est un principe socialiste révolutionnaire fondamental. La
QI doit refuser inconditionnellement tous les appels à l'impérialisme pour
qu'il aide à la défaite des tyrans et dictateurs locaux. Cette
« aide » a inévitablement des conséquences, des conséquences
mortelles qui ressemblent plus à une corde au cou qu'à une quelconque sorte
d'assistance « bénigne » ou « démocratique ».
La libération des opprimés ne peut être
menée à bien que par leurs propres organisations de masse indépendantes et par
la construction, au moment voulu et quelle que soit la difficulté des
circonstances, de partis socialistes révolutionnaires de type léniniste. Le
refus de l'intervention impérialiste sous toutes ses formes est le pré-requis
des luttes de libération nationales victorieuses, et de toute autre victoire.
Libérées du joug impérialiste, les nations opprimées sont les mieux à même de
déterminer leur propre avenir et de remettre en cause effectivement leurs
propres bourgeoisies.
Face aux incessantes guerres de conquête
impérialistes, les revendications centrales de la QI devrait se concentrer
autour de deux mots d'ordre : « rapatriement immédiat des
troupes ! » et « droit à l’auto-détermination pour toutes les
nations opprimées ! »
Nous défendons les droits des peuples à
leur auto-détermination. Mais nous ne nous plaçons pas sous la direction d’une
quelconque bourgeoisie nationale, même si elle issue d’une nation opprimée. Dans les nations opprimées,
nous défendons un équilibre entre la lutte démocratique pour le droit à
l’auto-détermination et la lutte pour une société sans classes. Cela signifie
qu’en fonction de notre stratégie, la lutte pour l’émancipation nationale peut
être utile pour l’émancipation de la classe ouvrière, seulement quand la classe
ouvrière dirige la lutte. Ainsi, nous devons maintenir une indépendance de
classe vis-à-vis de la bourgeoisie des nations opprimées. Par exemple, la lutte
pour le droit à l’auto-détermination des nations opprimées par l'État espagnol
peut être un tremplin dans la lutte contre le capitalisme si notre classe y
joue un rôle dirigeant.
Ce programme, n’est pas une plateforme
électorale, un programme de gouvernement. Nous expliquons qu’il ne peut être
imposé que par une mobilisation d’ensemble de la classe ouvrière et des
opprimés, qui porte au pouvoir un gouvernement des travailleurs qui détruise
l'État bourgeois en s’appuyant sur les organes d’auto-organisation issus de la
mobilisation de notre classe alliée aux opprimés.
C- Construire une internationale
révolutionnaire
Nous insistons, nous devons nous fixer
l’objectif de construire une internationale militante, une organisation capable
de mener des campagnes coordonnées à l'échelle internationale. Même avec des
forces modestes, une organisation implantée dans plusieurs pays qui agit de
manière coordonnée peut multiplier l’efficacité de son intervention.
Notre internationale doit remettre à
l’ordre du jour la discussion d’un programme communiste révolutionnaire qui se
confronte aux réalités du capitalisme du 21ème siècle, au lieu de discussions
théoriques sans lien entre elles et séparées de la pratique.
Nous ne pouvons incarner seuls
l'internationale communiste révolutionnaire. Nous devons chercher à regrouper
les révolutionnaires issus de différentes traditions, à partir d'un accord sur
la situation et les tâches. C'est par une pratique commune que les discussions
politiques peuvent aboutir à des regroupements. Regrouper les révolutionnaires
à l’échelle internationale devrait faire partie des objectifs en discussion
dans la QI. La construction d’une internationale révolutionnaire capable
d’exercer une influence significative ne passera pas uniquement par le
renforcement de notre organisation : la QI pourrait proposer aux autres
groupes révolutionnaires nationaux ou internationaux d’entamer des discussions
concernant les réponses à apporter à la crise du capitalisme, sur les campagnes
communes à mener et sur le type d’organisation à construire.
Nous savons que cette politique de
recherche de discussion avec d’autres traditions n’aboutira pas à court terme à
des rapprochements rapides compte-tenu de la conviction des directions
trotskystes des différentes internationales de la justesse de leurs postions
programmatiques et tactiques. De plus, la conviction qu’il faut construire
autour de son propre groupe est la règle dans l’ensemble des internationales.
Pour autant, nous devons être conscients que nous ne construirons pas une internationale
pour la révolution et le communisme par une lente accumulation de forces autour
de nous. Nous avons toujours des choses à apprendre des différentes traditions
révolutionnaires trotskystes et même au-delà. Il existe des expériences et des
militants et militantes de valeur dans de nombreux courants et organisations.
C’est au travers du débat théorique et programmatique en tension avec
l’intervention sur le terrain de la lutte des classes que se produiront les
explosions, regroupements et recomposition aux niveaux national et
international.
Conclusion provisoire
Cette contribution est la base d’un
premier regroupement pour lancer les débats du prochain congrès. Nous défendons
l’actualité d’une internationale qui sache saisir les occasions de la situation
et qui construise une internationale pour la révolution et le communisme. À
partir des axes politiques de cette contribution, nous voulons lancer un large
débat en direction des courants révolutionnaires dans et en dehors de la QI.
Nous comptons défendre ces idées dans le cadre du CI et dans la perspective du
prochain congrès de la QI qui ne peut plus être reporté : il doit se tenir
en 2018 ! Nous allons pour cela engager un débat avec toutes et tous les
camarades, toutes les sections qui le veulent dans la QI. Nous souhaitons que
ce débat respecte les divergences et serve à renforcer notre internationale
dans un contexte de crise du capitalisme. Nous organiserons pour cela une
conférence internationale qui sera une étape supplémentaire dans la discussion
et le regroupement pour mener ce débat face à l’actuelle majorité de la QI.
Mais plus largement, pour forger un courant le plus large possible, qui défende
la perspective et l’actualité de la construction d’une internationale pour la
révolution et le communisme.
(1) les membres de la QI en France sont
membres de plusieurs organisations politiques : le NPA, la Gauche
Anticapitaliste et la Gauche Unitaire. Lors de la scission entre le NPA et la
GA, personne n'a envisagé d'exclure de la QI la minorité partie fonder la GA.
(2) En Lucha, section espagnole de l'IST
(regroupement international rattaché au SWP britannique) a connu une scission
en 2016. Le groupe exclu de Séville est reconnu comme observateur par son
internationale.
(3) le PSTU, section brésilienne de la
Ligue internationale des travailleurs (issu du courant dit « Moreniste »),
a connu une scission en 2016, les deux courants sont reconnus par la LIT.
Xavier
Guessou, Comité Politique National NPA
Armelle
Pertus, Comité Exécutif NPA
Gaël
Quirante, Comité Exécutif NPA
Juliette
Stein, Comité Politique National NPA
Mariajo
Teruel, dirección política estatal (IZAR-Malaga)
Javier
Castillo, dirección política estatal (IZAR-Madrid)
Tomás
Martínez, dirección política estatal (IZAR-Almería)
Rubén
Quirante, dirección política estatal (IZAR-Granada)
Jeff
Mackler, National secretary Socialist Action
Michael
Schreiber, editor, Socialist Action news paper
Christine
Marie, political committee, Socialist Action
Barry
Weisleder, federal secretary, Socialist Action/Ligue pour l’Action Socialiste
Elizabeth
Byce, federal treasurer, SA/LAS
Julius
Arscott, central committee member, SA/LAS
Giuseppe
Caretta, Collettivo Guevara
Angelo Cardone, Collettivo Guevara
Kleanthis
Antoniou, Political Bureau OKDE-Spartakos
Taxiarhis
Efstathiou, Central Committee OKDE-Spartakos, National Coordination Body
ANTARSYA, General Council of ADEDY (public sector workers' national
confederation)
Fani
Oikonomidou, Political Bureau OKDE-Spartakos
Manos
Skoufoglou, Central Committee OKDE-Spartakos, Central Coordination Committee
ANTARSYA
Kostas
Skordoulis, Control Commission OKDE-Spartakos
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