Pas de congrès sans bilan

Quasiment dix ans après sa fondation, force est de constater que le NPA n’a pas atteint l’objectif qu’il se fixait. 

Le congrès est l’occasion, afin de définir une orientation politique pour la période, de revenir sur certains bilans. Ainsi, il est important de comprendre la responsabilité de la majorité de la direction actuelle du NPA. Les camarades qui prétendent aujourd’hui diriger majoritairement le NPA ne se préparent pas à des bouleversements révolutionnaires. Ils estiment que la période est trop marquée par un rapport de forces favorable à la bourgeoisie. L’heure serait de construire une « alternative politique », une « nouvelle représentation politique des exploités et des opprimés », sur la base d’une politique d’interpellation des appareils réformistes. 

Durant la mobilisation contre la loi El Khomri, le NPA n’a joué aucun rôle significatif en tant qu’organisation du fait de sa faible implantation mais aussi en raison de l’absence d’une orientation pour le mouvement, alternative à celle des directions syndicales. Ces camarades ne voient plus forcément l’intérêt de défendre activement le dépassement de la politique des directions syndicales par l’agitation autour du mot d’ordre du « tous ensemble », ni de le mettre en pratique dans les secteurs où nous sommes implantés. À la place, cette direction a développé une hypothèse stratégique problématique : celle visant à combiner des victoires sociales d’ampleur avec l’accès au pouvoir de partis se réclamant de la gauche antilibérale ou anti-austérité, hypothèse qui a conduit à présenter la victoire de Syriza en Grèce comme une victoire pour les classes populaires ou de défendre l’idée qu’une présence de Mélenchon au second tour aurait changé bien des choses. C’est surtout l’échec de cette orientation qui conduit aujourd’hui à la paralysie organisationnelle et la faiblesse programmatique du NPA. 

Construire un parti pour influencer la lutte des classes 

Le symptôme de cette orientation a été la campagne autour de Philippe Poutou. Si l’on peut se réjouir des prestations de notre candidat face aux candidats de la bourgeoisie, de manière générale le NPA s’est surtout posé dans cette campagne comme observateur, sans rien proposer en termes de perspectives de lutte réelle contre le patronat. Le parti apparaît comme tétanisé à l’idée de disputer à la gauche réformiste ou aux directions syndicales la représentation des intérêts de notre classe. Dans ce congrès, la plateforme V propose à l’ensemble des militants du NPA de renouer avec une organisation qui cherche à influencer la lutte des classes avec une politique d’implantation dans le monde du travail et la jeunesse, avec un parti qui prenne des initiatives pour tenter de dépasser les contradictions de la situation. Par exemple, c’est ce que nous tentons de faire avec le Front social comme regroupement d’équipes militantes combatives et critiques au-delà des rangs de l’extrême gauche pour favoriser leur convergence dans l’action.

Plateforme V
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 409 (14/12/17) 

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