Alors que les plans de licenciements se multiplient depuis plus d'un an, le gouvernement ne trouve rien de mieux à faire qu'une réforme de l'assurance chômage, qui va accroître la misère de centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses privés d'emploi. Le cynisme de nos dirigeants n'a d'égal que la soif de profits des capitalistes...
Réforme... ou carnage ?
Cette réforme avait connu une première version en 2019, avant la crise sanitaire. L’objectif alors
était de faire 3,4 milliards d'euros d'économies en rendant plus difficile l'ouverture des droits en
sortie de CDD ou de mission d'intérim et en baissant les indemnisations.
Difficile de dire que la nouvelle mouture va dans un autre sens ! La réforme modifie le mode de
calcul du montant de l'indemnité : celui-ci est fixé en fonction du « salaire journalier de référence », c'est-à-dire le salaire moyen gagné par une personne durant les six mois précédents lorsqu'elle occupait un emploi. Dorénavant, pour des salariés qui ont enchaîné des CDD ou des missions d'intérim, les périodes d'entre-deux emplois sont aussi prises en compte. Ainsi, un travailleur qui a été au chômage deux mois sur six, verra son salaire de référence amputé d'un tiers. Et pour peu que l'on ait travaillé durant la moitié d'un mois, le reste de ce mois ne sera plus indemnisable !
D'après l'UNEDIC, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, le revenu de plus d'un million d'allocataires va baisser de 17 %, et pour 800 000 de plus de 20 %. Pour 365 000, la somme versée passera de 885 à 622 euros ! Le gouvernement ose prétendre qu'il ne s'agit pas d'une baisse, car la durée de l'indemnisation sera prolongée. Outre que cela ne concerne en fait qu'un tiers des chômeurs et chômeuses, cette réponse est scandaleuse : que ce soit pour un, dix ou douze mois, un revenu de misère reste un revenu de misère !
Le gouvernement assure également qu'il va lutter contre « l'abus » de contrats courts par les entreprises. Celles qui proposent des emplois longs toucheront des bonus, celles qui recourent trop souvent à des CDD seront pénalisées. Bien sûr, les « bonus » seront de nouveaux cadeaux fiscaux, payés par les impôts des travailleurs et des travailleuses. Comme si notre travail ne rapportait pas déjà bien assez aux entreprises ! Quant aux mesures de malus, elles n'entreront en vigueur qu'à la fin de l'année 2022, alors que pour les chômeurs et chômeuses, ce sera dès le 1er juillet prochain ! En fin de compte, la réforme va faire économiser 2 milliards d'euros à l'État... Sur le dos des plus précaires. En 2019, la ministre du Travail d'alors, Muriel Pénicaud, avait dit par erreur que son projet allait lutter « pour la précarité ». Un lapsus bien révélateur !
La lutte est entamée
Depuis le 4 mars, des travailleurs et travailleuses du spectacle et de l'audiovisuel, ainsi des précaires de différentes professions, occupent les théâtres de nombreuses villes. Leur secteur est particulièrement touché par l'incertitude du lendemain et donc par la réforme. Mais ce n'est pas seuls que les occupants et occupantes gagneront contre le gouvernement et sa politique. C'est pourquoi un appel à manifester est lancé pour le vendredi 23 avril.
C'est une étape dans la mobilisation contre la réforme, avant les manifestations du 1er mai, pour la journée internationale des travailleurs et travailleuses, et celle du 12 juin, à l'appel de la réunion nationale des boites en lutte contre les licenciements et les suppressions d'emplois.
Nous subissons toutes et tous l'offensive de Macron et de la classe possédante, quel que soit notre secteur : dans le privé, où les patrons profitent de la crise sanitaire qui n'en finit plus pour virer à tour de bras, ce qu'ils avaient parfois souvent prévu de longue date ; dans les services publics, où des postes sont supprimés, où de plus en plus d'emplois sont confiés à des précaires et ne sont pas renouvelés à la fin des missions ; dans la jeunesse scolarisée, où la pauvreté est galopante... Chacun et chacune a une bonne raison de se battre !