Suite à la manifestation du 19 juin il avait été décidé d’une nouvelle rencontre nationale afin de se doter d’un plan de bataille commun contre les licenciements et les suppressions de postes.
Le 2 octobre, à l’appel des PPG et des TUI, c'est une centaine de salariés et syndicalistes du privé et du public qui se sont retrouvés pour discuter de la situation et des perspectives à apporter.
Étaient présents, outre les PPG (secteur de l’industrie) et les TUI (premier groupe du secteur du tourisme en France), des syndicalistes du commerce, de l’enseignement, de La Poste, de Pôle emploi, du comité de mobilisation du travail social, Solidaires 92, l’UNEF (Nanterre, Le Mans, Grenoble) Solidaires 76, la CGT Prévention sécurité, TVO Transdev, la FSU 92, la CGT Adecco, la CGT TUI, la CGT PPG, la CGT Fiducial, Solidaires Industrie, le SNES 93, la fédération SUD PTT, SUD poste 92, la CGT Santé action sociale, Solidaires RATP, l'UL CGT de Bezons, l'UD CGT 95, la CGT AP-HP 92, le collectif CGT Monoprix IDF, le PCF du 95, la mairie PS de Bezons, le NPA, la FI, LO… Une palette de forces syndicales et politiques relativement large.
Cette réunion s’est tenue un an après le début de cette démarche de regroupement initiée par les TUI, touchés par un PSE annoncé par visioconférence en juin 2020… Comme le disent les camarades, ils et elles ne sont pas des victimes et ont choisi de se battre en s’adressant à d’autres secteurs. Et elles et ils ont obtenu l’annulation de leur PSE par la justice, avec réintégration des agents qui en effectuent la demande ! Les PPG (ex Joint français, racheté par PPG en 2015) se sont vu annoncer un PSE en octobre 2020. Avec la même volonté de se battre, ils et elles ont réussi à faire annuler l’homologation de leur PSE à deux reprises ! La présence de salariés de Transdev était importante, au moment où se mène une grève contre la mise en concurrence et ses conséquences sur les conditions de travail.
Depuis le début de la crise du Covid, 1 041 PSE ont été annoncés. Dans le public, les suppressions de postes continuent. Et c’est dans ce contexte que le gouvernement fait le choix d’imposer une réforme de l’assurance chômage criminelle : les salariés qui alternent déjà chômage et contrats courts sont directement visés (40 % des inscrits à Pôle emploi verront baisser leurs allocations de 17 % en moyenne). Sans compter les effets secondaires sur le cumul salaire-allocation et sur le prolongement des indemnisations ! Les secteurs en lutte contre les licenciements et la réforme de l’assurance chômage devaient se retrouver. Et, justement, cette réunion a permis de consolider le travail engagé depuis un an. Sans les initiatives prises sur l’année précédentes et les manifestations du 23 janvier et du 19 juin, cette réunion n’aurait pas permis de regrouper si largement.
Le constat est là : face au refus des directions syndicales d’organiser la mobilisation contre les 1 041 PSE depuis mars 2020, de même qu'elles ont organisé une journée de grève et de manifestation le 5 octobre alors que la réforme de l’assurance chômage était annoncée pour le 1er octobre, il n’y a pas d’autres solution que de regrouper les différents secteurs, en organisant une nouvelle manifestation nationale après celles du 23 janvier et du 19 juin. L’absence de volonté d’élaborer un plan de bataille contre la classe dirigeante de la part des directions du mouvement ouvrier, la nécessité de ne pas les attendre pour prendre des initiatives sur le terrain de la lutte, tout en menant le débat à l’intérieur de nos organisations : ces principes ont été largement débattus lors de cette rencontre.
Avec ou sans emploi, c’est l’ensemble des travailleurs et des travailleuses qui sont concernés. De ce point de vue, la question de l’assurance chômage doit aussi être prise en charge par les organisations syndicales. Interdiction des licenciements et abrogation de la réforme du calcul des montant des allocations, font partie d’une même lutte. Les occupations de théâtre du printemps dernier ont permis que se tissent des liens entre intermittents, extras de la restauration et associations de privés d’emplois. Le cadre unitaire dit du « collectif Unedic » réunissant MNCP, CGT chômeurs, AC, APEIS et trois syndicats de Pôle emploi (CGT, FSU et SUD) a également contribué à ces mobilisations et a participé à la manifestation du 19 juin. Mais, alors que la lutte contre cette réforme continue, sur le terrain des actions (envahissement des DRIETS/Inspections du travail, des directions régionales de Pôle emploi, interpellation d'Élisabeth Borne dans plusieurs déplacements) et sur le plan juridique (dépôt d’un nouveau recours au Conseil d'État), il n’a pas été possible que les travailleurs et travailleuses de la culture et les mouvements de privés d’emploi soient présents, contrairement à la réunion du 10 avril qui avait permis de préparer la manifestation du 19 juin.
Interdire les licenciements : par la loi ou par les mobilisations ?
Au-delà de la revendication de l’interdiction des licenciements, c’est aussi la question des moyens d’y arriver qui a été posée. À ce titre, disons-le clairement : la politique de la France insoumise, qui consiste à proposer une loi qui interdirait les licenciements uniquement « dans les entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires et font des profits » n’est pas à la hauteur des enjeux ! Il n’y aucune illusion à avoir sur la possibilité d’interdire les licenciements par la loi. Seule la mobilisation pourra l’imposer, en affirmant une idée simple : le patronat n’est pas légitime pour licencier, c’est nous qui produisons les richesses et assurons le fonctionnement des services publics ! Les entreprises du CAC 40 ont empoché des milliards et, qu’elle annoncent faire des profits ou pas, les licenciements sont inacceptables ! Car quand une entreprise ne fait pas de profits, elle est en péril sur le terrain de la concurrence capitaliste. Et à ce moment-là, ce n’est pas aux travailleuses et travailleurs de payer les pots cassés. Si les patrons de telle ou telle entreprise ne sont pas capables de la gérer, c’est aux travailleurs et aux travailleuses d’imposer la réquisition sans indemnité ni rachat.
Admettre le principe d’aides publiques aux entreprises en les conditionnant au respect de tel ou tel principe, comme le proposent les réformistes, revient également à chercher à distinguer entre « bons » et « mauvais » patrons : en réalité, les patrons tirent leurs richesses de l’exploitation de notre force de travail, nous « subventionnons » déjà ces parasites tous les jours en travaillant pour eux, on ne va tout de même pas leur donner par-dessus le marché de l’argent public dont l’essentiel provient d’ailleurs de nos propres poches !
Les PPG sont confrontés à un patron qui n’a racheté la société que dans le but de récupérer les brevets et le savoir-faire industriel, avant d’annoncer le PSE une fois pris ce qui l’intéressait. De ce point de vue, la discussion autour d’une loi interdisant de récupérer les brevets, avancée par la FI autour de l’idée de la « protection des emplois en France » ne peut que semer des illusions et entraîner la confusion sur des prétendus intérêts communs avec le patronat « français ».
En un mot, la lutte contre les licenciements est internationale. Une entreprise, bien « française » comme La Poste, par exemple, a supprimé des emplois par dizaine de milliers. Pas d’illusion à avoir non plus sur la défense des emplois en France indépendamment de ce qui se passe dans les autres pays. Par exemple, Airbus licencie en Espagne : il est essentiel d’organiser la lutte des deux côtés de la frontière. Le patronat est organisé à l’échelle internationale, la riposte doit l’être également !
À ce titre, l’idée lancée par les TUI d’organiser le déplacement des PPG aux USA pour aller manifester devant le siège prend tout son sens !
Préparer la manifestation du 27 novembre !
Cette réunion s’est traduite par une mise en pratique immédiate, avec la décision de constituer un cortège commun dans la manifestation du 5 octobre à Paris, un cortège qui a permis d’apparaître de façon dynamique et remarquée, avec une réalité interprofessionnelle qui rappelait l’ambiance du mouvement sur les retraites ! Au-delà du 5 octobre, il ressort de cette réunion la nécessité de continuer à se coordonner et d’être présents et présentes aux mobilisations des différents secteurs.
Après le 23 janvier et le 19 juin, l’objectif est donc de préparer une nouvelle manifestation nationale vers des lieux de pouvoir, qui ne soit pas une redite des deux premières, en traduisant de façon plus « active » le regroupement déjà constitué et l’énergie accumulée par les différentes luttes !
La manifestation partira à 14 heures de Bercy, en direction du ministère du Travail.