C’est maintenant incontestable, Rémi Fraisse a été tué par une grenade offensive lancée par les gardes mobiles alors qu’il manifestait pacifiquement contre le barrage de Sivens.
Violence policière pour museler la contestation
Comment ne pas être choqué quand Valls déclare que les affrontements en marge de plusieurs manifestations sont « une insulte à la mémoire de Rémi Fraisse » ? Aidé dans cette besogne par les médias, il cherche à faire parler de violences urbaines plutôt que de la responsabilité des forces de l’ordre, de leurs donneurs d’ordre et du gouvernement dans la mort d’un étudiant de 21 ans. Le ministre de l’Intérieur, Cazeneuve, a quant à lui parlé de « débordements inacceptables ». Mais quel est le rôle exact de la police, alors que des photos montrent que des agents de police encagoulés infiltrent les manifestations en se déguisant en « casseurs » ? La réalité, c’est que pendant toute la semaine, les mobilisations – ponctuées de provocations policières – ont été violemment réprimées.
Lorsqu'une partie de la jeunesse se révolte, l’État emploie une répression violente et criminelle, envoie ses flics et nervis pour empêcher toute contestation. De la même façon qu’il s’en prend aux salariés quand la répression patronale et les sanctions disciplinaires ne suffisent plus à les faire taire.
Violence sociale pour satisfaire une minorité de capitalistes
Le barrage de Sivens profiterait à un tout petit nombre de gros exploitants agricoles, une vingtaine tout au plus. Il est le résultat de conflits d'intérêts et d'alliances politiciennes : à la base de ce projet, il y a les notables du PS, la FNSEA – championne de l’agro-business –, des banques et des grands groupes. Les études préalables à la construction ont été basées sur les chiffres de la chambre d’agriculture, tenue par la FNSEA, et réalisées par la société d'économie mixte qui pilote les travaux, qui sont eux financés à 100 % avec de l’argent public.
Ces petits arrangements entre amis sont révélateurs. On nous ment effrontément depuis des années : il serait urgent de geler les salaires, les pensions, de réduire les dépenses utiles comme celles consacrées à la santé ou à l'éducation, car il n'y aurait pas d'argent dans les caisses. Un refrain répété à longueur de temps, au point que certains finissent par y croire. Et parallèlement à cela, les élus votent pour de nombreux projets très coûteux, et font cadeau de leur exécution à de grands groupes, Vinci et Bouygues pour les plus connus, comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ferme-usine des Mille Vaches, sans parler des énormes centres commerciaux qui s'implantent sur tout le territoire.
La dégradation de nos conditions de vie et les dégâts sur l’environnement leur importent peu, tout autant qu'ils se fichent des intérêts des travailleurs quand ils suppriment des emplois, restructurent ou augmentent la charge de travail pour plus de rentabilité : ils ne s’intéressent en fait qu’à leurs profits. Voilà la violence dont font preuve le patronat, les actionnaires et les banquiers, et le gouvernement à leur service.
Notre arme : la mobilisation
Ce que le gouvernement craint le plus, c’est la mobilisation commune des travailleurs, des jeunes et de toute la population. Participons aux manifestations pour exiger l’arrêt définitif des travaux du barrage de Sivens ; la création d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur la mort de Rémi Fraisse et sur les méthodes de la police ces derniers jours ; le désarmement de celle-ci et l’interdiction immédiate des armes soi-disant non létales (grenades offensives, flashballs, tasers, etc.) ; la démission de Cazeneuve.