Le 9 août dernier, à Ferguson, une ville de l’État du Missouri aux États-Unis, Michael Brown, un jeune Noir désarmé de 18 ans, était tué de douze balles par un policier blanc, Darren Wilson. Il avait été laissé dans la rue pendant quatre heures et demie, avant que les premiers secours soient appelés. Pendant les dix jours qui ont suivi le drame, la communauté noire de Ferguson qui représente 70 % des habitants de cette ville, s'est soulevée pour exprimer sa révolte face ce crime policier.
Un non-lieu scandaleux
Le 24 novembre, un grand jury composé de neuf Blancs et trois Noirs a décidé de ne pas poursuivre Darren Wilson devant la justice. Cette décision révoltante a provoqué à nouveau la colère et des manifestations dans plus de 170 villes, rassemblant des milliers de personnes de toutes les origines aux cris de « Hands up, don't shoot !» (« J'ai les mains en l'air, ne tirez pas !»), les derniers mots prononcés par Michael avant de mourir. Des manifestants ont forcé un centre commercial de Saint-Louis, proche de Ferguson, à fermer pendant deux heures, en pleine période des soldes du Black Friday. A Londres, des milliers de manifestants ont dénoncé ce crime légal.
Le président Obama a osé demander à la population d’accepter « dans le calme » ce verdict scandaleux. « Pas de justice ! Pas de paix ! » lui ont répondu les manifestants excédés par l'impunité des soi-disant « forces de l'ordre ». Car ce non-lieu donne quartier libre à la police face aux Noirs américains. Les policiers peuvent continuer à tuer, ce qu'ils ne se privent pas de faire : samedi 22 novembre, Tamir Rice, jeune Noir de 12 ans, a été tué sans sommation par des policiers blancs. Un Noir a vingt-cinq fois plus de « chance » de tomber sous les balles de la police qu’un Blanc !
Une société gangrénée par le racisme
Ces crimes ne sont pas des accidents, ils sont la conséquence de la violence que l’État américain fait endurer à la communauté noire depuis des dizaines d'années. Cinquante ans après les grandes luttes des Noirs pour leurs droits civiques et la fin de la ségrégation aux États-Unis, cette communauté se trouve encore confrontée au racisme du système judiciaire et policier. Au moins un homme afro-américain est assassiné par la police ou des forces de sécurité privées toutes les vingt-huit heures. Moins de 13 % des victimes avaient une arme à feu sur elles. En 2010, il y avait un Afro-américain sur quinze en prison, contre un adulte blanc sur cent six !
En plus de tout cela, les Noirs sont beaucoup plus confrontés que les Blancs à la pauvreté, au chômage, aux emplois précaires. 30 % des Afro-américains vivent en-dessous du seuil de pauvreté contre 10 % des Blancs. Il y a six ans les Américains élisaient le premier président des États-Unis de l’histoire. Mais les inégalités sont toujours aussi grandes et le racisme a la vie dure.
Leur combat est le nôtre !
Heureusement, les mobilisations se multiplient ces derniers temps ; outre les manifestations de protestations contre les meurtres policiers, des milliers de salariés de fast-food, dont une majorité de Noirs, ont manifesté à plusieurs reprises pour réclamer une augmentation de leur salaire de misère.
Leur lutte est la nôtre, car en France aussi nous sommes confrontés à la violence du système capitaliste, au chômage et aux salaires ridicules. Et en France aussi nous sommes confrontés au racisme et aux exactions policières. Des deux côtés de l'Atlantique, clamons haut et fort qu'on ne veut pas de cette société-là !