Syriza, le parti anti-austérité grec vient de remporter des élections législatives anticipées qui ont eu lieu dans la foulée d’une nouvelle vague de luttes. Le gouvernement de droite, qui avait encore aggravé les conditions de vie déjà dramatiques de la classe ouvrière grecque, a chuté sous la pression populaire. Les travailleurs grecs peuvent en être fiers ! Cette victoire est à mettre à leur compte !
Aujourd’hui, leurs espoirs se tournent vers Syriza et son leader Tsipras. Mais suffit-il de faire confiance à ceux qui se hissent au pouvoir ? Sûrement pas ! Nous sommes bien placés, ici en France, pour savoir que l’on a payé cher de telles illusions ! Les espoirs dans les programmes réformistes et dans les gouvernements populaires peuvent conduire aussi à la démoralisation et à la défaite si la classe ouvrière et la jeunesse n’interviennent pas activement dans la lutte contre la droite et le capitalisme, avec leurs revendications et leurs objectifs propres.
Alors que faire ?
Alexis Tsipras, le porte-parole de Syriza, a fait campagne autour de mesures telles que la hausse du salaire minimum de 540 à 750 euros, la mise en place d’un système de santé gratuit. Il est évidemment logique et nécessaire d’exiger qu’elles soient adoptées immédiatement. Mais la « Troïka » (composée d’experts, représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international), et derrière elle les banquiers, en particulier allemands et français, sont loin de s’avouer vaincus : eux qui se sont engraissés sur la « dette » grecque vont tout faire pour maintenir leurs profits, et exercent déjà une forte pression sur Syriza.
Les premiers signes que Tsipras envoie avec la constitution de son gouvernement et l'accord avec le parti nationaliste de droite ANEL vont à l’opposé d’une politique de défense inconditionnelle des intérêts de celles et ceux d’en bas et sont en contradiction avec la volonté exprimée dans les élections. Comme s’il était possible de s’appuyer sur des représentants de la classe dirigeante grecque... pour la faire céder, elle et ses partenaires de l’Union européenne ! Tsipras cherche explicitement à « renégocier » la dette avec la « Troïka » et non plus à l’annuler. Ce n’est pourtant pas aux travailleurs grecs de payer la dette mais aux capitalistes et aux banquiers de la supporter. Le seul moyen pour ceux d’en bas pour arracher quoi que ce soit de positif et de durable, c’est de briser leur pouvoir de nuisance.
La lutte de classes est la seule voie
Il n'y a pas le choix : ce qui doit être à l’ordre du jour, c’est la mobilisation, l'organisation du peuple grec et la solidarité active des peuples d'Europe. C'est la seule manière d’affronter les défis qui nous attendent. Une mobilisation générale est nécessaire. Aucune confiance dans les négociations avec les prédateurs ! Pour remettre en cause l’austérité, il faut s’attaquer aux intérêts de ceux qui l’organisent et qui en bénéficient, c’est-à-dire les capitalistes grecs et européens. Et celles et ceux qui ont la capacité, qui ont intérêt à leur arracher le pouvoir réel, c’est à dire le contrôle des banques et des secteurs-clés de l’économie, ce sont les travailleurs et les jeunes de Grèce. Ce n’est pas l’objectif de Syriza, mais ce doit être celui des travailleurs grecs.
La mobilisation des travailleurs d'Europe et en France joue un rôle important et nous avons une responsabilité directe à ce sujet. C'est le meilleur soutien à apporter au peuple grec. D'une façon immédiate, on doit demander que le gouvernement Hollande -et le gouvernement Merkel, et toute l'UE- acceptent le non paiement de la dette et que les « pertes » de cette décision soient à la charge des banques. Nos propres luttes contre Hollande et l’austérité, contre la loi Macron, doivent converger avec celles des travailleurs de Grèce et de toute l'Europe.