Des milliers de Grecs sont descendus manifester dans les grandes villes du pays après le coup de force de la banque centrale européenne contre leur gouvernement. La Banque centrale européenne (BCE) a en effet privé les banques grecques d'une de leurs sources de financement, pour punir le nouveau gouvernement grec de tenter de renégocier sa dette.
Cette dette, on sait à qui il est demandé de la rembourser : au peuple grec. Mais d'où vient elle ? Et pourquoi ce chantage qu'on nous fait a nous, ici, en nous disant que si dette n'était pas acquittée, les contribuables français devraient la payer ? On nous a même chiffré l'addition à 660 euros par contribuable pour nous faire peur !
Ce n'est pas aux peuples de payer les dettes illégitimes
Dans cet écran de fumée, quelques vérités sont bonnes à rétablir : la dette grecque n'est pas celle du peuple grec, mais celle de ses gouvernements successifs, corrompus jusqu'à la moelle, au plus grand profit des banquiers européens et des grandes sociétés. Un seul exemple, les dépenses militaires : elles représentent 4 % du PIB contre 2,4 % pour la France ! En 2010, la Grèce a acheté à la France six frégates de guerres pour 2,5 milliards d'euros et des sous-marins allemands d'une valeur de 5 milliards d'euros. Or, à ce budget là, la Troïka (Commission européenne, BCE et Fond monétaire international - FMI) n'a pas touché, au contraire.
Les grands gagnants de la dette grecque ont été les banques qui se refinançaient auprès de la BCE à 1 % et prêtaient à la Grèce à 6 %, et même à 12 % début 2010. Des bénéfices plantureux et indécents. A elles de payer maintenant et pas aux populations ! Car les banques ont été doublement gagnantes dans l'affaire. Les créances grecques qu'elles détenaient leur ont été rachetées par les États. C'est ainsi, que par un tour de passe passe, on nous dit que c'est nous qui possédons une partie de la dette... CQFD.
Et pendant que les financiers s'engraissaient, les conditions imposées par la Troïka ont entraîné une chute dramatique de l’activité économique du pays. La dette représentait 113 % du PIB en 2009 et a atteint 175 % en 2014 après son intervention. Des résultats nuls au prix d'une dégradation dramatique des conditions de vie de la population : salaires réduits à 550 euros, pensions à 400 euros, un tiers des fonctionnaires licenciés. Parallèlement, l'Église, un des plus gros propriétaires fonciers du pays, ainsi que les très riches armateurs qui échappent à l'impôt, ont été épargnés.
Le besoin de mesures radicales
La population a dit stop à ce carnage social en élisant un nouveau gouvernement qui a promis de changer leur situation. Mais le gouvernement Syriza est passé de l'annulation de la dette à sa renégociation, et maintenant juste à son étalement dans le temps. Impossible de rompre avec les politiques austéritaires sans annuler la dette, sans rompre avec la logique capitaliste du profit en expropriant les secteurs clés de l'économie capitaliste sous contrôle des travailleurs grecs. C'est aux capitalistes de payer ! Pour imposer cet objectif, en Grèce comme ailleurs, l'intervention du monde du travail est incontournable.
Les capitalistes ne comprennent que le langage du rapport de forces. La population grecque, en descendant dans la rue après la décision de la BCE, l'a bien compris.
Soutenir le peuple grec c'est se battre pour l'annulation de la dette
Ici, nous sommes bien sûr solidaires de la lutte du peuple grec contre les sacrifices qu'on lui impose depuis des années, sans aucun résultat autre que de continuer à engraisser les banques et les multinationales de nos pays. Nous avons plus d'intérêts communs avec le monde du travail grec qu'avec le gouvernement et les banquiers de France. Soutenir le peuple grec ici c'est contraindre Hollande à annuler la dette et ne pas laisser s'appliquer sa politique de régression sociale tel que la loi Macron. Les mobilisations autour du 15 février doivent servir à avancer dans cet objectif. Mais ici comme là-bas il n'y aura pas de sortie de crise sans rompre avec le capitalisme et sa logique de profit pour une minorité.