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/ Jardin Service - Marseille : « Le patronat tape à tout-va »
12:41
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> Entretien avec David Larriven, ouvrier paysagiste, licencié pour avoir participé à la construction d'une section syndicale CGT chez Jardin Service. L' audience aux prud'hommes, prévue le 30 juillet, a été reportée car l'avocat du patron était... en vacances. Elle s'est finalement tenue le 20 août.
Anticapitalisme & Révolution – Pour quel motif as-tu été licencié ?
David Larriven – Je suis ouvrier-paysagiste. En janvier, avec deux collègues, nous sommes allés voir la CGT. L’entreprise Jardin Service ne respectait pas la convention collective sur les salaires et le patron se comportait très mal : rudoiement, insultes, menaces. Et puis le boulot est dur physiquement, il y a toujours un ras-le-bol qui couve. Nous avons donc décidé d’aller lui « parler » autrement. Dès qu’il a appris la désignation d’un collègue comme responsable syndical, il m’a soupçonné d’être « l’instigateur » et de vouloir me présenter aux élections du personnel. Mais la plupart des gars nous soutenaient. Il a menacé et s'est mis subitement à proposer des augmentations de salaires. En moins de 15 jours, j’étais licencié.
A&R – Pourquoi être allé voir la CGT ?
DL – J’étais déjà syndiqué à la CGT, mais cela faisait plusieurs années que je n’avais pas été en mesure de militer. En discutant avec les gars au sujet de nos problèmes quotidiens, j’ai annoncé qu'en janvier, j'irais voir la CGT. Deux m’ont suivi. La CGT s’impose naturellement parce qu’elle apparaît toujours comme une force d’opposition aux patrons, et puis elle est implantée (deux unions locales – UL – sur les quartiers nord). On la connaît.
A&R – Quelle est la situation concernant la répression anti-syndicale à Marseille ? Y a-t-il des cas similaires dans d’autres boîtes ?
DL – Au moment de mon affaire, sur l’UL de la Rose, il y avait deux autres cas (centre sociaux CCO et entreprise de nettoyage). Plus généralement sur la région, le patronat tape à tout-va : centrale thermique de Gardanne, postiers, SNCF, hôpital public, CAF, et il y a quelque temps, les femmes de ménage des grands hôtels.
A&R – Comment vois-tu la suite ? Que peut-on faire pour s’organiser ?
DL – Aux prud’hommes, nous demandons la réintégration pour discrimination syndicale. Ça peut durer longtemps, mais je me considère toujours comme étant dans l’entreprise. J’essaie de voir les collègues régulièrement. Depuis, un délégué du personnel CGT a été élu malgré la fausse liste CFTC montée sous les ordres du patron, qui pense toujours pouvoir effacer ce qui s’est passé.
Il ne faut pas hésiter à évoquer le syndicat pour le proposer aux collègues qui discutent à propos des salaires, des conditions de travail et du fric que se fait le patron. C’est partout la même chose, même si sur mon site nous étions trente et que dans ce genre de boîte, c’est spécial. Partout on l’on bosse, des travailleurs et des travailleuses isolés qui souffrent cherchent à s’organiser pour pouvoir se battre et relever la tête. Il faut mutualiser nos expériences, renouer avec la construction d’un syndicalisme de lutte de classe pour pouvoir leur proposer de se mobiliser collectivement.
Propos recueillis par Florencia Catania