Un reconfinenement ? Non, une obligation d’aller se faire exploiter
Après plusieurs jours de tergiversations, Macron a donc rendu publiques hier soir les annonces concernant la lutte contre l’épidémie de Covid 19. Les chiffres concernant l’évolution de l’épidémie sont en effet particulièrement alarmants : 1 235 132 cas confirmés par test, soit 36 437 de plus en 24 heures ; 20184 personnes hospitalisées, dont 3036 en réanimation, avec une hausse de 127 cas en réanimation en 24 heures ; 244 morts de plus en une journée le 27 octobre… Face à cela , Macron a annoncé un retour au confinement, mais dans une situation totalement différente de celle de mars dernier. Pour pouvoir sortir de chez soi, il faudra à nouveau produire des attestations : pour se rendre au travail, à un rendez-vous médical, pour porter assistances à des personnes fragiles, faire ses courses ou prendre l’air. Les réunions privées seront interdites ainsi que les rassemblements publics. Les établissements recevant du public seront fermés. En revanche, les crèches, écoles, collèges et lycées resteront ouverts, avec des « protocoles sanitaires renforcés », et l’activité se poursuivra dans les services publics, les usines, les exploitations agricoles et le BTP. En clair, il ne s’agit pas du tout d’un reconfinement, mais de l’interdiction de toute activité… autre que celle d’aller se faire exploiter par son patron ! Avec ces mesures, on pourrait donc se contaminer en allant travailler, mais il serait interdit de nous réunir dans un cadre privé ou dans un cadre collectif pour défendre nos revendications ! Une situation bien évidemment totalement inacceptable pour toutes celles et ceux qui devront continuer à aller bosser tous les matins, s’entasser dans les transports, alors qu’on leur dit à longueur de temps qu’il faut respecter les « gestes barrières » et la « distanciation sociale ».
« Des protocoles sanitaires renforcés » … mais qui ne remettent surtout pas en cause la liberté d’exploitation !
Macron annonce que les activités économiques devront se poursuivre, dans le « strict respect des protocoles sanitaires ». Mais dans la plupart des entreprises, ces protocoles sanitaires sont réduits à peau de chagrin. Dans bien des entreprises, cela se limite à porter un masque chirurgical ou en tissu, dont on sait très bien qu’il est moins protecteur qu’un masque FFP2. On tente de nous faire croire que nos comportements individuels seraient responsables de l’épidémie, sans jamais remettre en cause l’entassement dans les transports et sur les lieux de travail !
Le choix de laisser les écoles, collèges et lycées ouverts, pendant que les universités ferment, est d’ailleurs révélateur : il s’agit pour le gouvernement de faire en sorte que les enfants soient gardés pour que les parents puissent aller travailler ! Et d’ailleurs, comment appliquer un protocole sanitaire digne de ce nom dans le secteur de l’éducation, quand on sait que les classes sont surchargées, jusqu’à 35 élèves voire plus, que le personnel de nettoyage est en nombre cruellement insuffisant, que la médecine scolaire est inexistante… A moins d’un investissement gigantesque immédiat dans le secteur pour recruter en masse les personnels suffisants, il est impossible de laisser les établissements scolaires ouverts sans risquer une propagation plus grande encore de l’épidémie.
Pour contrecarrer l’épidémie, il faut des investissements massifs dans la santé !
Dans son discours, Macron a d’ailleurs particulièrement été sur la défensive lorsqu’il a évoqué la question des moyens dans la santé. Et en effet, comment s’en étonner, lorsqu’on sait qu’en réalité, la situation dans les hôpitaux est souvent encore pire aujourd’hui qu’elle ne l’était en mars dernier. Malgré les fanfaronnades de Macron sur la création hypothétique de « 10000 lits de réanimation », la réalité est qu’aujourd’hui le pays ne dispose que de 5432 lits pour une population de 60 000 000 d’habitants. De plus, épuisés, et dégoûtés par les annonces ridicules ressorties du « Ségur de la santé », de nombreux personnels ont quitté l’hôpital public, aggravant la charge de travail pour ceux qui restaient.
Il est urgent, aujourd’hui, d’investir massivement dans la santé. Il est urgent d’ouvrir des lits, de former des personnels, d’augmenter leur rémunération. Et pour cela, il faut de l’argent, qu’il faut aller chercher là où il est : dans les poches des patrons !
De plus, ce virus ne pourra être définitivement vaincu que par la découverte d’un vaccin. Au lieu de les laisser se livrer à une concurrence malsaine, il faut mutualiser les moyens des laboratoires, c’est-à-dire nationaliser l’industrie pharmaceutique et la mettre entièrement sous contrôle de la population. Notre santé n’est pas une marchandise !
Face à cette politique désastreuse : il est urgent de se mobiliser !
Contre cette politique qui met en danger toute la population, il est plus qu’urgent de réagir. Dans les sommets des centrales syndicales, pour l’instant, rien n’est fait en ce sens. Les patrons, eux, n’attendent pas, et cherchent coûte que coûte à maintenir l’activité économique, au mépris de toutes les règles sanitaires. Mais ce n’est pas à eux de décider de nos vies ! Ce sont aux travailleurs et travailleuses, à celles et ceux qui font tourner cette économie, de décider de ce qui doit continuer à fonctionner, comment, avec quel protocole sanitaire. C’est bien par nos mobilisations, en cessant le travail, en nous mettant en grève, en nous réunissant en assemblées générales, que nous pourrons faire stopper cette politique mortifère. Le 7 novembre prochain, un collectif de 18 organisations toulousaines appelle à manifester contre la politique du gouvernement, et pour des moyens pour la santé. Voilà ce qu’il faudrait généraliser sur l’ensemble du territoire ce jour-là.