Le 22 octobre dernier, le tribunal constitutionnel polonais a rendu un arrêt interdisant l’avortement dans le cas d’une malformation grave et irréversible du fœtus ou d’une maladie incurable ou potentiellement mortelle.
Le droit à l’avortement dans le pays était déjà très restreint, seulement quatre cas permettaient une interruption volontaire de grossesse légale (IVG) : les cas de viols, d’inceste, de menace pour la santé et la vie de la mère, et jusqu’au 22 octobre, les cas de malformation du fœtus, qui jusqu’ici représentaient 98% des IVG légales recensées en Pologne.
L’interdiction de l’IVG en cas de malformation du fœtus revient donc à interdire l’IVG dans ce pays.
La contestation ne s’est pas faite attendre, dès le 22 octobre, des militantes pro IVG bravaient les mesures de confinement sanitaires pour dénoncer cette interdiction, faisant face à des militantes catholiques et réactionnaires, heureuses d’être privées des droits sur leur corps au nom d’une religion au service des capitalistes et des conservateurs. Le gouvernement de droite du parti « Droit et Justice » au pouvoir depuis 5 ans ainsi que l’épiscopat de Pologne ont par ailleurs exprimé leur satisfaction suite à l’interdiction.
Les Polonaises n’ont quant à elle eut de cesse de prendre la rue pour manifester leur indignation et leur rage face à l’interdiction de l’IVG. Le 23 octobre au soir, dans les principales villes du pays, des dizaines de milliers de manifestant.e.s battaient le pavé. Face au mépris et la non prise en compte de leur contestation, le mouvement s’est alors amplifié de jours en jours.
Les églises ainsi que les locaux du parti au pouvoir sont pris pour cibles, bâtiments vandalisés, messes interrompues, tentative de manifester devant la maison du président (protégée par des centaines de policiers), le mouvement s’est accru pour atteindre vendredi 30 octobre une immense manifestation dans la capitale Varsovie réunissant de 80 000 personnes selon la police à 100 000 personnes selon la mairie.
Cette contestation voit la mobilisation de nombreuses femmes, mais s’appuie aussi sur des appels à la grève dans les entreprises, et sur des revendications plus larges notamment sur les droits des personnes homosexuelles et transsexuelles, également stigmatisées dans ce pays où la religion catholique exerce une grande influence en étroite collaboration avec les gouvernements bourgeois.
Mercredi 28 octobre, les collectifs féministes appelaient à la grève générale, organisant les blocages de la circulation dans les principales villes du pays. Le mot d’ordre du mouvement se radicalise : « C’est la guerre. » D’autres femmes scandent « Notre violence et notre vulgarité sont assumées et à la hauteur du cauchemar que nous réserve l’avenir ».
Face aux religieux, aux capitalistes et réactionnaires en tous genres, qui briment les droits des femmes, exploitent les travailleuses et travailleurs, oppriment les LGBT, nous devons unir notre classe pour faire face à leurs attaques !
Nos corps, nos choix ! Que l’église s’occupe du ciel, les travailleuses et les travailleurs s’occuperont de la terre ! Solidarité avec nos camarades en Pologne !