Depuis plus d’un an, le Chili vit au rythme d’un mouvement social historique contre les fortes inégalités sociales et, plus largement, contre la politique néolibérale héritée de la dictature de Pinochet. Le point de départ du mouvement, l’augmentation du prix des transports début octobre 2019, a engendré immédiatement des initiatives de contestation de la part de la jeunesse lycéenne et étudiante, qui ont entraîné très rapidement des manifestations de masse, rejointes par les travailleurs et les travailleuses.
S’appuyant sur la constitution chilienne mise en place sous la dictature de Pinochet, le président Piñera a déclaré l’état d’urgence, déployé l’armée et instauré des couvre-feux dans les villes les plus mobilisées. Face à cette répression d’une extrême violence, les manifestations se sont amplifiées, les grèves multipliées, le mouvement s’est renforcé et des journées de grève générale ont éclaté en novembre. Face à la force que prend le mouvement, le gouvernement tente alors de le canaliser et répond par un référendum pour une nouvelle constitution et la mise en place d’une Assemblée constituante, deux mesures votées très majoritairement le 25 octobre dernier par la population.
Indépendance de classe
Ce résultat est perçu comme une victoire, une transcription électorale de la mobilisation qui secoue le pays. Mais la nouvelle constitution restera celle d’un État bourgeois au service du patronat, qui appliquera une politique néolibérale en faveur d’une minorité qui s’enrichit sur l’exploitation de notre classe sociale. La jeunesse et la classe ouvrière du Chili n'ont pas besoin d'illusions. Le résultat du referendum ne doit pas marquer la fin du conflit, il montre au contraire qu'une brèche est ouverte. Mais pour s'y engouffrer, pour l'élargir les travailleuses et les travailleurs ne doivent s'en remettre à aucun politicien, ils doivent défendre leur propre perspective et utiliser leurs méthodes de lutte pour imposer leurs revendications comme l'augmentation des salaires ou la fin des cadeaux fiscaux aux entreprises... et pour remettre en cause le pouvoir patronal et le système capitaliste !
Le terrain sur lequel notre camp social peut gagner n’est pas celui des institutions bourgeoises, déjà instrumentalisées par Piñera sous couvert d’un « espace d’unité et d’avenir » et d’union nationale pour enterrer le mouvement. C'est celui de la rue, la grève, l’auto-organisation ! Dès l’annonce des résultats du vote, des centaines de milliers de personnes sont sorties manifester. Elles ne sont pas prêtes à lâcher la mobilisation. La lutte de la jeunesse et de la classe ouvrière chilienne est un exemple à généraliser pour venir à bout de ce système capitaliste qui ne fait que nous opprimer et nous exploiter !