Ces dernières semaines, le gouvernement a ouvert une véritable chasse aux musulmanes et aux musulmans. C’est d’abord Macron qui a dit que face à « l’islam porteur de mort », il fallait une « société de vigilance », dans laquelle « les institutions ne suffiront pas ». S’engouffrant dans cette brèche, Julien Odoul, élu RN au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, a agressé une mère voilée qui accompagnait une sortie scolaire. C’est là que Blanquer et un certain nombre de responsables de l’Éducation ont déversé un flot de déclarations islamophobes. Blanquer a déclaré que « le voile n’était pas souhaitable dans la société », cela après avoir accusé la FCPE de « flatter le communautarisme » pour avoir imprimé une affiche représentant une mère voilée accompagnant son enfant lors d’une sortie. La semaine dernière, la rectrice de Versailles, qui visitait une école à l’occasion de la « journée contre le harcèlement », a tourné le dos et décidé d’annuler sa visite sous prétexte qu’une mère portant le voile aidait à l’encadrement d’ateliers au sein de l’école.
Une offensive raciste et xénophobe pour nous diviser
Ces déclarations islamophobes s’inscrivent dans un contexte dans lequel le gouvernement fait voter des lois racistes, de stigmatisation en général des étrangers, des immigrés, en leur attribuant à toutes et tous l'appartenance à une religion, présentée comme « dangereuse », l'islam. Ainsi, la semaine dernière, Édouard Philippe a annoncé une série de mesures réduisant encore les maigres droits dont bénéficiaient les immigrés en France. Ces mesures prévoient l’instauration de quotas d’immigration économique, ainsi que l’instauration d’un délai de carence de trois mois pour accéder à la protection universelle maladie. Marlène Schiappa, elle, s’est félicitée d’avoir intégré un amendement qui prévoit… l’expulsion des étrangers condamnés pour violences sexuelles. C’est là la reprise de la rhétorique de la pire extrême droite, selon laquelle les immigrés seraient des « prédateurs sexuels ».
Le lendemain de l’annonce de ces mesures, Castaner a envoyé la police déloger deux camps de migrants à Paris. Ces déclarations et ces mesures racistes n’ont qu’un seul but : nous diviser, en faisant croire que le danger n’est pas Macron et ses ministres, bien français, mais le travailleur musulman ou immigré. Elles visent à faire croire que, face au « danger islamiste » ou à « l’invasion migratoire », les travailleurs français auraient les mêmes intérêts que leurs patrons. C’est exactement l’inverse : français, immigrés, avec ou sans papiers, croyants ou non croyants, femmes voilées ou pas, ce sont les mêmes patrons qui nous exploitent, et nous avons les mêmes intérêts : les combattre !
Contre la division, l’unité dans la mobilisation
Face aux déclarations nauséabondes du gouvernement, l’indignation a été massive. Le dimanche 10 novembre, une large manifestation a été appelée contre l’islamophobie, avec la participation de syndicats importants comme la CGT, Solidaires, la FSU, ainsi que des partis politiques comme la France Insoumise, le NPA ou encore LO. A Paris, cette manifestation a rassemblé près de 15000 personnes, et différents rassemblements ont également eu lieu dans d'autres villes. Dans l’Education Nationale, une pétition intitulée « Non à une école du soupçon » a rassemblé plus de 9000 signataires en quelques jours. D’ailleurs, nombreux étaient les enseignants à participer à la manifestation du 10 novembre, et Blanquer a été la cible de nombre des slogans.
La réussite de cette manifestation, avec la participation d’organisations ouvrières, et de secteurs professionnels comme les enseignants, est une très bonne chose. Le meilleur moyen de lutter contre le racisme, contre la division, c’est de construire l’unité de notre classe sociale dans la mobilisation. C’est pourquoi, la meilleure réponse contre l’offensive raciste et islamophobe du gouvernement sera de construire la grève interprofessionnelle à partir du 5 décembre.
Édito du 12/11/19