Des obstacles à franchir
Le gouvernement affiche toujours sa fermeté, tout en cherchant à proposer des négociations sectorielles ou sur la mise en place de sa contre-réforme. Des négociations auxquelles les directions syndicales, y compris celles qui se disent opposées au projet, acceptent de participer aujourd'hui et demain, mercredi 18 et jeudi 19 décembre. Si elles sont si déterminées que cela, pourquoi ne refusent-elles pas ces négociations ? Et pourquoi ne mettent-elles pas plutôt toute l'énergie et tous les moyens nécessaires pour élargir la grève et la faire tenir ?
Élargir la grève, c'est d'abord convaincre les travailleurs et les travailleuses qu'il est possible de gagner, qu'aucun secteur ne restera isolé mais que nous allons mener le combat ensemble jusqu'au bout. Pour que la grève soit permanente, reconductible aussi longtemps qu'il le faudra, il faut permettre aux grévistes de tenir le coup en mettant en place une caisse de grève nationale.
Le gouvernement compte bien franchir l'épreuve de force en profitant des vacances et des fêtes de fin d'année. Il espère sans doute que la disponibilité à la lutte soit moins importante chez beaucoup de travailleurs et de travailleuses.
Il compte aussi sur une forte répression : la police n'hésite pas, dans plusieurs villes, à s'attaquer aux manifestations, à forcer les barrages et piquets de grève, à intimider voire à arrêter les militants et militantes. Le double procès de Gaël, militant de SUD Poste 92, aujourd'hui, est une illustration de l'acharnement de l'État contre ceux et celles qui résistent et proposent une politique de riposte à notre camp social.
Affûter nos outils
À l'heure où ces lignes sont écrites, l'intersyndicale n'a pas encore donné de prochaine date de manifestation, ce qui serait le minimum pour donner des perspectives à notre mouvement.
Évidemment, la grève reconductible ne consiste pas qu'à faire des manifestations. Ce sont des lieux de convergence entre ceux et celles qui se mobilisent localement, qui au quotidien, tiennent des assemblées générales sur leurs lieux de travail, discutent avec les collègues non grévistes, élisent des comités de grève afin de prendre en charge les tâches du mouvement, tiennent des piquets de grève, participent à des blocages d'entreprises ou de dépôts...
Autant d'activités qui permettent de tisser des liens entre secteurs, de construire des équipes militantes interprofessionnelles soudées et déterminées... Et autant d'actions qui montrent l'importance des AG interprofessionnelles locales.
Puisque ce sont ces cadres qui font vivre le mouvement au quotidien, puisque ce mouvement est celui des militants et militantes qui se réunissent dans ces AG, ne serait-ce pas à elles de diriger le mouvement ?
Pour cela, elles doivent se coordonner à toutes les échelles, y compris nationalement. C'est ce qu'a commencé à faire l'éducation avec une coordination nationale qui s'est réunie samedi dernier et se réunira de nouveau samedi prochain.
Un tel cadre pour l'ensemble du mouvement permettrait de mettre en place la caisse de grève nécessaire, il reflèterait les aspirations et les revendications des grévistes, il empêcherait ainsi les directions syndicales de négocier et d'appeler à la fin de la mobilisation. Il serait la vraie direction de la lutte, celle qui lui donnerait des rythmes permettant d'entraîner plus de monde encore, jusqu'au retrait total du projet Delevoye.