Rien n’est prêt pour affronter la rentrée en dehors le plan de contre-réformes et de casse de l’éducation.
Blanquer et son ministère ont eu presque six mois, depuis le début du confinement, pour permettre à l’éducation nationale de fonctionner en temps de pandémie. Mais en cette rentrée, les enseignants et les parents d’élèves ne peuvent que constater qu'aucune mesure n'a été prise. Seul le maintien de l'austérité budgétaire a guidé leur action. Comme d'habitude leurs profits valent plus que la santé et que la vie des salariés et de leurs enfants.
Vous avez dit « protocole sanitaire » ?
Le protocole sanitaire dévoilé la veille de la rentrée n'en est pas un. Seul le port du masque est rendu obligatoire pour l’ensemble des enseignants et pour les élèves à compter du collège sans que les masques ne soient fournis aux élèves. En dehors de cette mesure, le protocole renonce à la distanciation physique, à la limitation du brassage des groupes, aucun test systématique n’est envisagé ni pour les personnels de l’éducation, ni pour les élèves, le protocole de nettoyage est réduit au minimum avec seulement une désinfection par jour. Les consignes du lavage des mains quatre fois par jour pour les élèves est rendu impossible par la vétusté de nombreux écoles, collèges et lycées, ne disposant pas de sanitaires en nombre suffisants. Ces mesures semblent pourtant essentielles pour limiter la propagation du virus et pouvoir contrôler sa circulation. Tout le monde aura bien compris que pour maintenir la distanciation physique, il faudra réduire le nombre d’élèves par classe et donc créer des postes, embaucher. C’est précisément ce à quoi se refusent Blanquer et le gouvernement : mettre de l’argent sur la table. Pourtant à l’échelle européenne, de nombreux gouvernements ont été contraints d’adopter ces mesures élémentaires. En Italie, dans l’État espagnol, en Belgique, en Irlande… partout des moyens supplémentaires ont été débloqués pour embaucher des enseignantEs, construire des locaux supplémentaires.
Indispensables créations de postes
Le 31 mai, Blanquer déclarait que si le virus circulait toujours à la rentrée, il y aurait toujours la règle des groupes restreints. Encore une fois, il a menti. Covid ou pas, la rentrée s’annonce comme les précédentes avec son lot de classes surchargées, ses fermetures de classes, d’absences d’enseignants non remplacées. Le ministère a annoncé seulement 1248 postes créés dans le premier degré, ce qui comble à peine les besoins pour l’objectif affiché de dédoubler les classes en CP et CE1 en éducation prioritaire et réduire les effectifs de classes de grande section. Rien n'est prévu dans le second degré où, au contraire, le ministère supprime 2000 postes ETPT alors qu'il y aura 20 000 élèves supplémentaires à la rentrée. Le système était déjà au bord du craquage : dans le contexte de reprise de l’épidémie, la rentrée risque de voler en éclat.
Le seul plan prévu semble être la re-fermeture des établissements en cas de cluster et peu importe les conséquences sur la santé des personnels et des élèves ou sur les apprentissages.
Blanquer veut « maintenir le cap »
Par contre, il y a un objectif que Blanquer ne perd pas de vue : « Maintenir le cap des réformes » ! Voilà ce qu’il a déclaré lors de sa conférence de presse de rentrée.
Il revient à la charge sur sa volonté de transformer les directeurs d’écoles en supérieurs hiérarchiques des enseignants. Cette mesure présente dans la loi sur « l’école de la confiance » avait été repoussée par la mobilisation. Aujourd’hui, en profitant de la responsabilité qui a pesé sur les directeurs d’écoles pendant la crise sanitaire, le gouvernement revient à la charge en instituant « une délégation d’autorité » aux directeurs et directrices d’écoles.
Envers et contre tout, Blanquer maintient le cap sur la très contestée réforme du bac. Alors que dans près de 4000 établissements les épreuves anticipées du baccalauréat ne se sont pas tenues suite à la mobilisation commune des lycéens et des enseignants, il donne des injonctions pour que ces épreuves se déroulent en cette rentrée ! Comment ne pas constater qu’après la période de confinement et de fermeture des établissements scolaires, le passage d’examens est encore plus une hérésie qu’en janvier ! Il en va de même pour les évaluations pour les classes de CP et CE1 que le ministère compte maintenir. Dans sa conférence de rentrée, Blanquer annonçait aussi sa volonté de poursuivre la casse de l’éducation prioritaire.
Ils ne nous feront pas taire
Blanquer n’a pas oublié une autre de ses priorités : mettre les profs au pas et faire taire la contestation grandissante des personnels de ce secteur. Les enseignants de Melle, qui avaient osés se mobiliser contre la réforme du bac, se sont vus notifier la prolongation de leur suspension sans même avoir réuni de commission disciplinaire ! Mais la répression et l’autoritarisme ne parviendront pas à éteindre la colère qui gronde depuis de nombreux mois chez les personnels de l’éducation, qui refusent désormais de porter à bout de bras un système qui craque de toutes parts.
En cette rentrée, les raisons de la colère restent intactes : la réforme des retraites est toujours sur la table, les conditions de travail et d’enseignement ne cessent de se dégrader sous ce régime d’austérité budgétaire, d’autoritarisme, le mépris des mensonges du ministre de l’éducation sur les revalorisations de salaires qui se cantonnent à des annonces de com sans jamais se concrétiser sur les fiches de paie… Certains établissements ont déjà fait le choix de se mettre en grève contre ces conditions de rentrée. La journée de grève interprofessionnelle appelée pour le 17 septembre sera l’occasion de regrouper et d’exprimer ces revendications. La coordination nationale de l’éducation est également à l’initiative d’un meeting contre la répression au travail qui se tiendra le 16 septembre en présence de salariéEs victimes de la répression patronale ou gouvernementale à l’image d’Anthony Smith de l’inspection du travail ou Alexandre El Gamal de la RATP.
Juliette Stein