Le lundi 23 novembre à huit heures, les travailleuses et travailleurs du site General Electric de Villeurbanne sont entrés en grève reconductible. La grève est pour elles et eux le moyen de faire pression sur la direction pour sauver leurs emplois, mis en péril par un grand plan de licenciements et de délocalisation de leurs activités en Chine, en Inde et en Italie. C’est au total 285 emplois qui sont menacés sur le site de Villeurbanne. Les grévistes ont été rejoints par les travailleurs et travailleuses du site de Saint-Priest, lui aussi attaqué par le plan national de destruction de l’emploi engagé par la direction de GE qui concerne, sur tout le territoire français, 684 emplois.
Depuis l’annonce de ce plan de licenciement, les travailleurs et travailleuses de GE ont multiplié les mobilisations et les rassemblements. Mardi 24 novembre, ils ont appelé à un rassemblement devant l’hôtel Mercure de Lyon Perrache où devaient se tenir les négociations entre le représentant de la direction, Alexis Martinez, et les représentants des syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC). La rencontre a été interrompu afin que les travailleurs et travailleuses puisse interpeler le représentant de la direction qui n’avait que des mots creux à répondre aux accusations des ouvriers puisqu’il n’est pas décisionnaire dans ce plan « social ». On voit clairement ici le mépris de la direction vis-à-vis des travailleurs, qui ne vient pas pour écouter les revendications et les attentes, mais envoie un technocrate user de la langue de bois devant les syndicalistes. Face à cette situation, les représentants des trois syndicats ont décidé de suspendre les négociations, les propositions de la direction n’étant pas satisfaisantes.
Le 1er décembre, les grévistes de GE et leurs soutiens ont passé la vitesse supérieure et ont décidé de se rendre à Paris pour interpeller les pouvoirs publics. Les représentants syndicaux ont obtenu un rendez-vous à Bercy avec les directeurs de cabinet de Bruno Lemaire et la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher. Ils ont alerté le ministère sur la situation en insistant sur le fait que la direction de GE avait touché de nombreuses subventions publiques, notamment lors du rachât d’Alstom par le groupe américain en 2015, promettant en échange de ces subventions de créer de l’emploi. Mais c’est tout le contraire qui s’est passé puisque, depuis le rachât il y a cinq ans, le groupe a supprimé plus de 3000 emplois sur le territoire français. Cette rencontre avec le ministère de l’Économie et des Finances n’a évidemment abouti sur rien de concret si ce n’est la promesse de « rappeler à l’ordre » la direction de GE qui vient de nouveau, sans aucune gêne, demander de nouvelles subventions auprès de l’Etat, tout en licenciant à tour de bras. Les grévistes se sont ensuite rendus à l’Assemblée nationale pour alerter les députés quant à l’urgence d’une action de l’État sur le PSE qui les touche, des élus PCF et FI ont pris l’engagement d’amener la question devant l’Assemblée nationale et le gouvernement dès la semaine suivante lors des questions au gouvernement. Mais ce n'est pas de ce côtés que viendra la solution.
De cette journée de mobilisation, on peut retenir la motivation sans faille des grévistes, le soutien de la jeunesse mais également celui des salariés licenciés des TUI, entreprise ayant annoncé plus de 600 licenciements en visio-conférence, qui ont lancé, à travers la CGT TUI, une initiative de regroupement des travailleurs impactés par des plans de licenciements au niveau national. Serge Paolozzi, délégué syndical CGT à GE, a rappelé lors du rassemblement l’importance de s’inscrire dans cette démarche : « l’appel des TUI […] s’inscrit dans une optique de fédérer les luttes pour se faire entendre. ». Il est essentiel à l’heure qu’il est de poursuivre la grève, de faire grandir la mobilisation à GE et de regrouper les forces pour faire front ensemble contre les plans anti-sociaux des capitalistes. Les patrons et actionnaires mettent en avant la crise sanitaire et ses impacts économiques pour licencier massivement : on compte aujourd’hui plus de 600 plans de licenciements et 700 000 emplois supprimés depuis début 2020. Mais nous le savons bien, cette crise n’est qu’un prétexte pour continuer de se faire des profits en exploitant davantage une main-d’œuvre malléable et à moindre coût dans d’autres pays tels que la Chine ou encore l’Inde. Nous ne sommes pas de la chair patron, ni en France, ni partout ailleurs !
Et alors que des plans de licenciements tombent tous les jours, le gouvernement continue de faire la sourde oreille et de distribuer massivement de l’argent public – près de 350 milliards d’euros – pour sauver le portefeuille des patrons et actionnaires pendant que les hôpitaux publics, au bord du gouffre, doivent faire face à la crise sanitaire. Une chose est claire : nous ne pouvons pas faire confiance à ce gouvernement, à la botte des capitalistes, pour défendre les travailleurs et travailleuses qui se battent contre un système qui broie leurs vies au profit d’une minorité de parasites ! Face à cela, une seule solution : riposter ensemble ! Suite à l’appel des TUI, l’initiative de regrouper les travailleurs et travailleuses touché-es par des plans sociaux se concrétise : une première date de manifestation nationale contre les licenciements se dessine le 23 janvier à Paris. Nous devons exiger l’interdiction des licenciements sous peine d'expropriation de ces entreprises, sans indemnités ni rachat, sous contrôle des travailleurs et de la population. Pour cela, il est nécessaire d’affronter ces capitalistes, qui veulent nous faire payer leur crise, par nos meilleures armes : la grève, l’auto-organisation ouvrière, l’occupation d’usine et le rapport de force en manifestant dans la rue !
Correspondantes