2020 c'est d'abord une grève massive pour ne pas trimer plus en vivant moins
Commencée en realité le 5 decembre 2019 par une grève reconductible majoritaire à la RATP contre le projet Delevoye d'allongement du départ à la retraite et sa généralisation à tous les régimes, l'année 2020 c'est avant tout la (re)découverte pour une part des salarié.e.s du combat par la grève reconductible : du rôle essentiel des liens interprofessionnels tant comme force face au patronat et au gouvernement qu'en tant que moteur pour abattre les divisions sectorielles, de genre, de couleurs, d'orientation sexuelle, de croyances religieuse ou philosophique, pour avoir comme préoccupation centrale de se sentir uni.e.s dans une lutte d'ampleur pour l'émancipation de celles et ceux qui travaillent jour après jour sans jamais recevoir les fruits de leur labeur autrement que par des miettes. La compréhension que le meilleur de nos vies a été arraché avec les dents par des luttes et encore des luttes, fut un moment essentiel.
Couvre-feu, confinement, état d'urgence sanitaire, rôle central du conseil de Défense et.... tête dans le sable du mouvement ouvrier
La brutalité de la propagation du coronavirus, sa gravité et la précipitation avec laquelle nous avons dû intégrer ces informations ont, d'une certaine manière, coupé momentanément l'herbe sous le pied de la mobilisation.
Le confinement de mars nous aura laissé le goût amer d'une mesure sécuritaire inédite et relevant d'un autre temps. Mais ce qui est vraiment moyennageux c'est la pénurie organisée de tout ce qui aurait pu contribuer à ne pas se retrouver dans une telle situation. Sans masque, sans gel, sans test, sans condition matérielle de distanciation physique sur les lieux de production, sans hôpitaux en conditions optimum d'accueillir et de soigner correctement, il était bien plus simple pour Macron de justifier le confinement. Et les travailleurs et la jeunesse n'étaient pas en mesure, en termes de rapport de force, de contrer cela tout en assurant des garanties sanitaires pour toutes et tous. Mais plus encore, quel silence abrutissant des organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier face aux prises de parole incessantes du gouvernement. En plusieurs mois de pandémie, la seule chose qu'elles auront réussi à produire c'est un texte de plusieurs dizaines de mesures pour sortir de la crise. Comme si les exploité.e.s et les opprimé.e.s ne voyaient pas, ne vivaient pas déjà le problème, n'avaient pas compris quels seraient les moyens de s'en sortir tant est qu'ils aient assez de confiance dans leurs propres forces pour s'engager dans ce bras de fer !
En 2021, toutes celles et tous ceux se réclamant de l'anticapitalisme ne pourront se payer le luxe de regarder passer les trains et d'en commenter la vitesse
Marche des solidarités, manifestations contre les violences policières, lors du déconfinement, les organisations politiques, syndicales, associatives ont été collectivement dépassées par l'ampleur de la mobilisation pour l'égalité des droits et pour la justice.
Et cette reprise de la rue et de la lutte allait s'observer aux quatre coins du monde : pour le droit à l'avortement, pour l'égalité, pour sauver les emplois, pour manger, pour vivre !
Depuis le mois de juin, sur tous les continents, des feux s'allument d'abord en réaction, pour sauver sa peau, pour faire
vivre ses proches, pour être dignes. Second confinement, nouveau couvre-feu, nouvelles lois sécuritaires dans les cartons, rien ne devra plus être comme en mars 2020. Aux braises qui chauffent, nous devons apporter les moyens de tenir et de s'épanouir. La
vision du capitalisme qui nous mène à la douleur et à la mort est largement répandue. Pour que se répande désormais le projet d'une société émancipatrice, sans classe, sans oppression ni exploitation, pour que vive le communisme, nous avons l'immense et indispensable
tâche d'unir et de regrouper celles et ceux qui maintenant déjà se battent et prévoient de continuer dès les premiers jours de 2021 !