Article paru Guingamp Armor-Argoat. Écrit par Emmanuel Nen.
Thierry Pérennes, l’infatigable militant. Le cégétiste guingampais est de tous les combats sociaux depuis bientôt un demi-siècle. Toujours prompt à « donner un coup de main aux copains ».
« Dans les années 96-97, lors d’une manif pour les sans-papiers, le secrétaire général de la préfecture est venu me dire : « Pérennes, si vous n’étiez pas aussi connu, je vous aurais fait mettre en taule ». C’est vrai que je suis souvent borderline ». Une anecdote parmi d’autres tant Thierry Pérennes en a plein la besace, en bientôt 50 ans de combats sociaux menés dans le pays de Guingamp, de Bégard à Rostrenen. Sa première carte à la CGT, le natif de Rostrenen l’a prise à l’âge de 19 ans. Et a toujours montré une fidélité sans faille au syndicat fondé en 1895, hormis une entorse de quelques années à la CFDT, « du temps où elle était à gauche ». Une pique lancée avec un grand sourire. Tel est Thierry Pérennes, un agitateur qui se départit rarement de son humour.
« La solidarité chevillée au corps »
« Je milite heureux », affirme le sexagénaire. Toujours au service des « copains », pour lesquels il n’hésite jamais « à donner un coup de main car je n’aime pas laisser les gens dans la merde. Je suis un militant au service d’une humanité, je ne fais pas ça pour me faire enfler les chevilles. Je n’en retire pas de bénéfices, seulement des emmerdes, mais voilà, j’ai la solidarité chevillée au corps ».
L’esprit de camaraderie est une valeur forte chez lui. « Je suis un mec sincèrement gentil mais si on me cherche, on me trouve. Je tiens ça de mon père, qui a été Résistant durant la Deuxième Guerre mondiale ». Cette pugnacité, il l’a manifestée en 2018 lors du déplacement d’Emmanuel Macron à Saint-Brieuc. Une délégation de la CGT comptait interpeller le président de la République au port du Légué sur l’avenir de la maternité de Guingamp, menacée de fermeture. Sauf que Thierry Pérennes s’est montré trop turbulent au goût des forces de l’ordre, qui l’ont placé en garde à vue. La réunion s’est déroulée sans lui. « J’ai pu faire une bonne sieste à la place », s’amuse-t-il.
Le code Dalloz relu pendant le confinement
Une pugnacité qui se remarque aussi la veille du reconfinement, fin octobre, à la librairie Mots et Images. Parmi les nombreux clients dans la file d’attente, le syndicaliste a préféré opter pour la dernière version du code du travail édité par Dalloz. Toujours utile en vue des prochains combats au tribunal des prud’hommes. « J’adore ça, je suis un vrai batteur de foire. Je donne tout, je laisse mes tripes pour défendre les salariés ».
Devenu spécialiste du droit au fil des décennies, l’ancien agent d’exploitation à la DDE puis au conseil départemental est toujours autant sollicité. Pour de grands combats comme le maintien de l’AOIP ou le projet de réforme des retraites, comme de plus petits. La défense des migrants et des sans-papiers lui tient à cœur. Ce qui explique sa présence dans le cortège de 400 manifestants samedi à Guingamp. « C’est devenu un combat depuis l’évacuation de l’église Saint-Bernard, à Paris, en 1996. J’ai vécu ça comme une vraie injustice ».
Un tel engagement sur la durée ne pourrait se faire sans le soutien familial. Thierry Pérennes a rencontré son épouse Christine en 1974, lors de la grève de cinq mois aux abattoirs Doux, à Pédernec. « Elle est militante, elle a pris sa carte à la CGT. Sinon, elle n’aurait pas supporté tout ça. On a toujours réussi à garder des espaces pour nous et nos deux enfants ». Des enfants eux aussi syndiqués à la CGT, forcément.