Sannois (Val d'Oise) : une fermeture « de fait », obtenue de haute lutte !


Suite à un débrayage avec droit de retrait et à une journée de grève à 75 %, le personnel du collège Jean Moulin de Sannois (Val d'Oise) a enfin obtenu la fermeture de trois classes comptant chacune au moins trois élèves testés positivement au Covid-19. Plus de la moitié des enseignants et enseignantes sont placés en isolement pour une semaine, ce qui ferme de facto la majorité des classes. Voilà comment le gouvernement peut prétendre que les établissements scolaires restent ouverts et ne sont pas des lieux de contamination !

Mobilisation pour de réels moyens

Comme d'autres établissements, le collège avait été en grève reconductible et majoritaire à la rentrée de novembre. Les personnels dénonçaient l'absence de moyens pour mettre en place un protocole sanitaire à la hauteur. Si la direction avait fini par reculer sur les mesures qui mettaient en danger les élèves comme les équipes enseignante et de vie scolaire, le rectorat n'avait cependant daigné ni renforcer les effectifs de personnels, ni mettre en place un accueil des classes par demi-groupes. Les exigences immédiates sont pourtant évidentes : il faut soit accueillir moins d'élèves à la fois, soit être plus d'adultes pour le faire !

Une première victoire est cependant la dotation globale pour l'an prochain, tombée en janvier, qui prévoit une augmentation des heures, preuve que la lutte n'est pas vaine. Mais cette hausse ne rattrape pas les heures supprimées ces dernières années et elle ne répond pas au véritable besoin, le classement en réseau d'éducation prioritaire.

Convaincue que la lutte commence à payer, mais que le résultat est loin d'être à la hauteur, l'équipe a été majoritairement en grève le 26 janvier. Elle s'est jointe aux établissements du Val d'Oise rassemblés devant la direction académique, puis à la manifestation parisienne.

Une situation de danger sanitaire et de tensions

Malheureusement, les faits ont démontré la justesse de ces revendications. Alors qu'une classe comptait en milieu de semaine cinq cas d'élèves testés positivement au coronavirus, chiffre monté à huit avant la fermeture !, c'est l'ensemble de l'équipe de surveillants et surveillantes qui a dû être mise à l'isolement pour toute la semaine.

Non seulement la classe aurait dû fermer bien plus tôt, mais c'est même l'établissement entier qui n'aurait pas dû ouvrir en l'absence de vie scolaire ! Surtout alors que des agressions d'élèves et de violentes tensions sont survenues chaque matin depuis la semaine dernière à l'entrée du collège.

Dès mardi après-midi, sachant que la surveillance dans l'établissement ne serait assurée le lendemain que par deux adultes, le CPE et une assistante d'éducation détachée par le rectorat, l'équipe pédagogique a demandé au chef d'établissement de banaliser les cours pour le reste de la semaine... Ce qui a été refusé.

Droit de retrait et grève

C'est dans ce contexte de tensions et d'anxiété, pour les élèves comme pour le personnel, qu'est survenu un incident le mercredi matin, avec la diffusion de gaz lacrymogène dans un couloir par un élève. Un tel événement était imminent et la hiérarchie en avait été avertie ! L'ensemble des enseignants et enseignantes ont exercé leur droit de retrait à 10 heures, obtenant finalement la banalisation de la dernière heure de cours... Mais pas des journées suivantes.

La grève du lendemain, 4 février, a été suivie à 75 %, avec la tenue d'un rassemblement devant l'entrée du collège, auquel se sont joints nombre de parents d'élèves. Parents qui ont par ailleurs écrit massivement à la direction pour annoncer leur refus d'envoyer leurs enfants en classe dans les conditions actuelles.

Au cours de la journée, enfin, des fermetures ont été annoncées. Le collège tournera au ralenti jusqu'aux vacances. Mais la colère des personnels et des parents n'est pas prête de retomber !

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