Sans aucun doute, pour tous ceux qui y ont participé, la journée du 9 avril avait un côté regonflant et réjouissant. Il faut dire que cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu tant de manifestants ouvriers dans les rues de la capitale et de plusieurs grandes villes du pays. Selon les syndicats, plus de 100 000 Paris, ainsi que 10 000 à Bordeaux, ou 45 000 à Marseille. Au total, les 86 rassemblements ont rassemblé près de 200 000 manifestants en dehors de Paris. Partout, une même volonté de manifester contre l'austérité, la loi Macron et son travail du dimanche, de nuit, son démantèlement du code du travail, les cadeaux faits aux patrons sans aucune contrepartie. Bref, les motifs de colère étaient nombreux.
Les secteurs en lutte très visibles...
Il y avait dans les cortèges des secteurs qui ont peu l'habitude de défiler et de manifester, et ils ont été particulièrement visibles : les grévistes de Radio France bien sûr, mais aussi les salariés de Carrefour Market ou Leader Price. De nombreux slogans fusaient contre le travail du dimanche de la part de salariés de la distribution. Les caissières de la Tour Eiffel ont été aussi très remarquées. Il y avait aussi des délégations importantes de l’Éducation Nationale, et pas que des professeurs, mais aussi des agents, qui protestaient contre la baisse des moyens attribués à l'école. Également d'autres secteurs en lutte, qui se battent soit contre les licenciements soit pour une augmentation de salaire, comme les salariés de Sambre et Meuse ou de Métal Temple, ceux de Sanofi, ou encore de PSA Mulhouse et Sevelnord.
...mais peu de grèves
Si les grands médias ont pu malgré tout passer complètement sous silence toutes ces manifestations, c'est que des secteurs importants et décisifs comme les transports n'étaient pas en grève. Trains et métro circulaient normalement. Même si le mouvement des aiguilleurs du ciel a fortement perturbé le trafic aérien, le fait qu'il n'y ait pas eu un mouvement de grève un peu généralisé pour cette journée lui a donné un aspect moins visible du large public.
Préparer la suite
C'est pourquoi, si on peut légitimement se féliciter du succès de cette journée, il faut maintenant réfléchir à la suite. Nous savons tous qu'il est impossible de faire plier gouvernement et patrons par une manifestation, aussi grosse fût-elle. De nouvelles journées sont nécessaires, et notamment une prochaine journée de grèves et de manifestations, assez rapidement, à la mi-mai par exemple, pour rester sur l'élan du 9 avril. Les syndicats proposent le 1er mai comme perspective. Il faut espérer qu'il y aura beaucoup de participants à cette journée traditionnelle, mais ce n'est pas une perspective de lutte. Il est nécessaire pour les salariés d'avoir une feuille de route, un plan et des objectifs pour faire reculer Hollande et Gattaz. C'est à cela qu'il convient de s'atteler dans les jours et les semaines qui viennent. On ne peut pas se reposer sur d'éventuels appels syndicaux, qui ont bien tardé à venir ces derniers temps. Il est donc important d'en discuter entre nous, dans nos organisations respectives, de s'appuyer sur les secteurs en lutte, qui sont nombreux, mais éparpillés en ce moment. De très nombreuses entreprises, dans tous les coins du pays, sont, ont été, ou se préparent à faire grève. Beaucoup sur les salaires et les conditions de travail. C'est pourquoi un regroupement de tous les secteurs en mouvement devient de plus en plus urgent.