École primaire : un laboratoire de contre-réformes éducatives

Des milliers de postes ont été supprimés en 5 ans sous Sarkozy... et bien entendu pas restitués par Hollande. Ainsi, depuis 2008, il manquerait 1 800 postes de remplaçants/es et 4 000 postes d’enseignants/es de RASED (réseaux d’aide spécialisée aux enfants en difficulté). Mais ce n’est pas tout...

Depuis 30 ans, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de revenir sur le nombre d’enseignants mais aussi sur les éléments émancipateurs introduits par touches successives dans l’école. On est bien loin de Montessori qui écrivait : « L’éducation doit être une aide à ce mouvement de la vie en chaque enfant. »

La maternelle comme garderie et l’école élémentaire comme boîte de tri

L’école maternelle devait être le lieu d’accueil des jeunes enfants qui, dès 2 ans, devraient avoir la possibilité de s’ouvrir au monde en étant dans un environnement stable et serein du fait de leur vulnérabilité émotionnelle. Pourtant, aujourd’hui, dans toute la France, 7 000 classes de maternelles accueillent plus de 30 enfants en leur sein ! Avec 70 000 enfants supplémentaires scolarisés en deux ans et seulement 2 511 postes prévus pour la rentrée prochaine, la scolarisation des tout-petits et des petits est donc la première sacrifiée.

Dans le même temps, l’évaluation de plus en plus précoce en maternelle tend à induire peu à peu l’idée que la grande section de maternelle, c’est bien la « vraie » école parce qu’on y évalue l’enfant... au lieu d’être la « vraie » école parce qu’on y apprend à connaître et à faire.

Et cette pédagogie de l’évaluation explose en élémentaire où les dispositifs se multiplient, se superposent : évaluation en CE1, en CM2, et aide personnalisée, projet personnel de réussite éducative, projet personnel de scolarisation... Le seul projet ignoré est celui qui consiste à créer des postes afin que l’effectif maximum soit de 20 enfants par classe, avec une infirmière et des RASED complets par groupe scolaire, des locaux et des supports adaptés sans qu’il soit besoin de les quémander !

Rythmes et refondation de l’éducation prioritaire : 
le gouvernement poursuit le sale boulot

La vérité des prix, c’est que les enfants sont plus fatigués et toutes les craintes des enseignants/es étaient justifiées : transfert d’activités et d’autorité aux municipalités (par le choix des horaires et donc de l’organisation quotidienne des équipes éducatives), non formation des personnels d’animation recrutés à la va-vite et souvent avec un statut précaire, inégalité territoriale des « nouvelles activités périscolaires » en fonction de la gratuité ou pas...

Ce gouvernement, si soucieux parait-il des rythmes de l’enfant, a récemment informé la profession d’un nouveau découpage des zones de vacances scolaires en fonction des intérêts économiques des lobbies touristiques (!). Dans ce qu’ils portent de désorganisation du temps de travail et d’apprentissage et de grignotage du statut des professeurs/es des écoles, les nouveaux rythmes restent les premiers facteurs de colère de la profession.

Mais la cerise sur le gâteau est venue cet hiver avec la refondation de l’éducation prioritaire. Loin de concentrer les moyens sur les écoles qui en avaient le plus besoin, elle a surtout permis de faire de nouvelles économies : hausse des effectifs, suppression de décharges de direction… tandis que dans les REP et REP +, c’est toujours « Rien En Plus » !

Partout en France depuis des mois, des dizaines et des dizaines d’écoles, parents et enseignants/es, se mobilisent contre des fermetures de classe, le déclassement du réseau d’éducation prioritaire, la perte d’un enseignant sur­numéraire ou d’une décharge de direction.

Après la grève du 9 avril, il s’agit de trouver les moyens de s’unir, par la grève le 19 mai, pour dire non à cette politique de destruction des droits des enseignants/es et du service public d’éducation !

Denise Sarraute
Dans l'hebdo L'Anticapitaliste n°  287 (30/04/15)

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