Le texte de la PfC aborde des questions ayant des implications allant bien au-delà du simple débat électoral.
La « démocratisation du pouvoir » ?
Le thème qui revient le plus tout au long du texte de la PfC, c’est celui de la « démocratie réelle », de la « conquête de la démocratie » et même la « démocratisation du pouvoir »… du pouvoir de la classe dirigeante ? Comme s’il était possible de démocratiser les institutions de l’Etat capitaliste…
On peut m’accuser de faire un procès d’intention. En attendant, des camarades de la PfC comme Olivier Besancenot ont signé l’appel du « Plan B » de Varoufakis, axé sur la « démocratisation des institutions européennes »...
Ce qui n’empêche pas le texte de la PfC d’affirmer que la leçon essentielle de l’expérience de Syriza, c’est qu’il faut « rompre avec les institutions de l’UE »… Démocratiser les institutions nationales, rompre avec l’UE, et (même si le texte mentionne en passant « l’appropriation sociale des moyens de production ») mettre au deuxième voire troisième plan la confrontation avec la propriété privée… drôle de programme, non ?
Classe ouvrière, mouvement ouvrier : circulez, y’a rien à voir
Sur quelle force s’appuyer pour faire vivre cette « démocratie » aux contours pour le moins flous ? « Le mouvement ouvrier est largement désarmé (…) sans capacité à affirmer ses propres intérêts. » ; « Le néo-libéralisme transforme la société du sol au plafond. Les
manifestations les plus visibles en sont l'atomisation du prolétariat (…) et le développement d'un État fort. » En somme, la classe ouvrière et le mouvement ouvrier ne représenteraient plus une force suffisante ni pour s’opposer à l’offensive de la classe dirigeante, et encore moins pour formuler un projet de société alternatif.
Sans le dire de manière explicite, le texte présente les choses comme si le mouvement écologiste était plus que d’autres, susceptible d’incarner un espoir : il mettrait au jour une « nouvelle génération militante qui remet en cause le système et contribue à remobiliser des militantEs plus anciens. »
Plus largement, le texte formule une première hypothèse pour construire une nouvelle « représentation politique ». La solution pour débloquer la situation serait de se tourner vers les « mouvements sociaux » : « Il faut un sursaut, une initiative politique réellement unitaire, au sens où elle cherche à faire converger des expériences politiques, militantes, sociales différentes, des terrains de luttes et de réflexion différents, à partir de ce qui reste vivant dans les mobilisations. ». Les mouvements sociaux peuvent mettre en crise l’ordre capitaliste (le mouvement de libération Noire aux Etats-Unis dans les années 60 par exzemple) mais aucun mouvement social n’a en lui-même la force nécessaire pour renverser le pouvoir capitaliste.
Retour à la case dialogue avec les réformistes
En cherchant un substitut à la mobilisation de l’ensemble de notre classe, la PfC finit alors pas retomber sur une deuxième hypothèse : le dialogue avec les forces réformistes. « Dans ce cadre, le NPA articule actions unitaires et débats avec l'ensemble de la gauche sociale et politique qui combat les mesures austéritaires mises en œuvre par ce gouvernement. »
C’est le seul scénario crédible en l’absence de mouvements sociaux suffisamment forts à l’heure actuelle pour occuper le devant de la scène politique. A force de courir après une « représentation politique » qui serait à elle seule le « sauveur suprême » de la situation (comme le dit le texte « il manque une critique radicale de tout l'ordre social pour contrecarrer les politiques du capital »), la PfC en finit par retomber sur le bon vieux dialogue avec la gauche réformiste. Qui peut d’une main écrire des pages et des pages sur la « démocratisation des institutions » et de l’autre tranquillement voter l’état d’urgence.
Xavier (comité Poste 92)