Syndicalisme : où va la FSU ?

Depuis 2012 et l’arrivée du PS au gouvernement et à la tête de l’État, la FSU est probablement le syndicat qui aura le plus fait preuve d’allégeance à François Hollande. Pourtant, son champ d’intervention n’aura pas échappé à la politique austéritaire : maintien du gel du point d’indice des fonctionnaires, poursuite de la politique de non remplacement d’au moins la moitié des fonctionnaires partant en retraite, réforme des rythmes scolaires, réforme de l’éducation prioritaire, réforme du collège.

Concernant l’Éducation nationale dans laquelle la FSU reste le syndicat majoritaire, rien ou presque n’aura été épargné aux personnels qui ont d’ailleurs souvent riposté durant ces 3 ans. Mais à chaque fois, l’accompagnement des réformes du gouvernement au détriment de la mobilisation des enseignants aura été la ligne de la FSU, à des degrés divers selon ses syndicats nationaux prédominants, le SNES et le SNUipp. Mais au final, un même résultat : aucune mobilisation de l’ensemble de l’Éducation nationale depuis 2012, même pas sur le budget, et alors que le 26 janvier dernier encore, lors de la grève Fonction publique, les enseignant-e-s formaient le gros des troupes de la manifestation parisienne.
La FSU, c’est ce vaste ensemble de syndicats dans les trois fonctions publiques, qui se rêvait une possible fédération « interpro » de la fonction publique, mais où les deux gros syndicats de l’enseignement, le SNES pour le secondaire et le SNUipp pour le primaire, donnent le ton. SUD et la CGT apparaissant probablement pour bon nombre de salariés, dans la fonction publique hospitalière par exemple, bien plus crédibles que la FSU.

Dans les rouages du dialogue social

L’une des particularités de la FSU dans le paysage syndical est qu’elle est la seule organisation à être divisée en tendances. La tendance majoritaire, Unité et Action, a systématiquement aidé le gouvernement : dans le premier degré, en expliquant que la réforme des rythmes scolaires était une avancée alors qu’une très large majorité des enseignants la rejetait, elle a ainsi empêché que la mobilisation ne prenne de l’ampleur. Face à elle, SUD, la CGT et FO ont réussi leur apparition de syndicats clairement opposés à cette réforme, mais sans jamais appeler nationalement à la grève reconductible et donc sans donner la possibilité aux AG locales de franchir un pas dans l’organisation de la contestation.

La question des rythmes n’a été qu’un aperçu des années suivantes : sur l’éducation prioritaire, SNES et SNUipp n’auront pas cherché à unifier les différents secteurs en revendiquant le retrait du projet et l’extension des classements en réseau d’éducation prioritaire. Sur la réforme des collèges, après plusieurs journées nationales de grève toujours autant suivies, et alors même que le décret est passé, le SNES, sous un verni plutôt radical, laisse les équipes s’épuiser localement dans des grèves isolées.

Ce syndicat jeune – un peu plus de 20 ans –, qui se disait « de transformation sociale » et déclarait vouloir faire du syndicalisme « autrement », est aujourd’hui totalement intégré à tous les rouages du dialogue social.

Il inscrit même désormais noir sur blanc dans ses textes de congrès que la grève n’est pas le seul moyen d’action pour en minimiser le rôle.

Synthèse ou opposition interne ?

Malheureusement, la principale tendance se revendiquant d’opposition, l’Ecole Emancipée, a en réalité aidé Unité & Action à faire passer sa politique, en pratiquant à chaque fois la « synthèse » : tout texte devant recueillir 70 % pour être adopté, l’Ecole Emancipée a favorisé systématiquement la conciliation pour arriver à cette barre de 70 %, sous prétexte de ne pas bloquer la fédération. C’est ainsi que cette tendance a permis qu’une majorité se dégage pour donner un avis favorable au PPCR, le protocole sur les salaires et les carrières qui confirme la poursuite du gel du point d’indice ! Les autres tendances d’opposition (Emancipation, URIS, Front Unique) n’ont quant à elles jamais réellement cherché à influer sur le cours de la fédération, se contentant de déposer des motions au moment des congrès. Pourtant, à l’occasion du débat interne sur ce fameux protocole, de nombreux militants de toutes les tendances minoritaires ont décidé de s’afficher publiquement et ensemble, contre ce qu’ils estimaient être la capitulation de trop. Cet épisode est resté très circonscrit ; pourtant, c’est cette voie-là qu’il faut commencer à suivre : chercher à unir les militants combatifs, par-delà les querelles de tendances, pour dégager une large opposition contre une direction s’alignant sur la politique du gouvernement.


Armelle Pertus

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