Poursuivant leurs politiques antisociales, gouvernement et patronat ont dû faire face ces derniers jours à des explosions de colère qui sont sans doute le signe d’un ras-le-bol général, comme en témoigne l’identification de larges milieux populaires aux salariés d’Air France. Dans ce contexte, nous avons la responsabilité d’exprimer les intérêts des exploités et des opprimés, de défendre leur légitime révolte, de chercher à favoriser les mobilisations et à leur proposer des objectifs. Nous l’avons fait dans nos interventions militantes et Olivier Besancenot l’a fait dans les médias. Mais en ne présentant pas de listes, nous avons loupé l’occasion de le faire également par une campagne aux régionales. Par conséquent, tout en agissant pour transformer le mécontentement en luttes sociales, le NPA doit appeler dès maintenant à voter pour les listes de Lutte ouvrière, qui comme nous veut « faire entendre le camp des travailleurs ».
Un programme de lutte
Nous devons populariser un programme de sauvegarde des intérêts du monde du travail et de la jeunesse. « Aucun sacrifice pour leurs profits », voilà ce qui pourrait le résumer. Les capitalistes nous imposent le paiement de leur dette : nous répondons que ne devant rien, nous ne paierons rien. Qu’ils piochent dans les 4 500 milliards octroyés aux banques depuis 2008 ! Le P-DG de PSA s’augmente de 211 % quand les travailleurs se serrent la ceinture : nous exigeons l’interdiction des licenciements, le partage du travail, l’augmentation des salaires et leur indexation sur le coût de la vie.
Smart prétend être obligé d’augmenter le temps de travail pour maintenir les emplois : nous réclamons la fin du secret des affaires et l’ouverture des livres de comptes, pour que les travailleurs contrôlent où vont les richesses qu’ils produisent. Nous mettons en avant la réquisition des banques et secteurs clés de l’économie, sous contrôle des travailleurs, car aucun de nos besoins vitaux ne peut se résoudre sans remettre en cause le pouvoir exorbitant de la bourgeoisie. Nous nous opposons aux replis souverainistes ou soi-disant « protectionnistes », en expliquant que nos intérêts sont les mêmes que ceux des travailleurs roumains ou marocains et qu’ils sont inconciliables avec ceux de nos propres patrons. Nous montrons aussi que tout ce qui nous divise nous affaiblit, qu'il s'agisse du racisme, de l'homophobie ou du sexisme. Nous pointons les responsabilités de l’impérialisme français dans le désordre mondial et exigeons l’ouverture des frontières et la régularisation de tous les sans-papiers.
Sachant que seule l’action des travailleurs peut faire aboutir un tel programme, nous militons pour que les luttes se développent, convergent et se fondent en un mouvement d’ensemble. Dans cet objectif, nous proposons l’unité d’action, sans confondre l’unité de notre classe ni avec la construction d’un front politique avec les « réformistes », ni avec le soutien aux directions syndicales qui sont surtout unitaires pour démobiliser les salariés.
Pour un Mai 68 qui aille jusqu’au bout
Le pouvoir des travailleuses et des travailleurs ne viendra d’aucune négociation, d’aucun compromis avec les capitalistes, mais de l’affrontement soutenu de notre classe pour prendre le contrôle de la société à tous les niveaux. Voilà pourquoi nous parlons d’une grève générale, d’un mouvement comme ceux de 1936 ou 1968, mais qui aille jusqu’au bout : jusqu’au renversement de l’État bourgeois et des institutions capitalistes, et jusqu’à leur remplacement par un gouvernement des travailleurs, issu de leurs luttes et sous leur contrôle. Il n’y a aucun raccourci possible, aucune autre voie que la mobilisation de la classe ouvrière. Le projet d’une société communiste, débarrassée de toute forme d’exploitation et d’oppression est ambitieux, mais c’est le sens réel de notre existence en tant que parti.
Indépendance et regroupement des révolutionnaires
La transformation, en quelques mois à peine, du parti « anti-austérité » Syriza en parti du troisième mémorandum nous prouve qu’il n’y a pas d’issue positive pour les classes populaires si l’énergie de leur lutte finit coincée dans les institutions. En rappelant l’impasse du réformisme, l’expérience grecque démontre la nécessité de l’indépendance et de l’unité des révolutionnaires pour rendre audible une orientation de lutte de classe, anticapitaliste et internationaliste. Il est évidemment impossible de s’allier à ceux qui, en France, soutiennent le gouvernement Syriza et ses mesures anti-ouvrières. Mais peut-on davantage s’allier à ceux qui, avec le « plan B », prônent la sortie de l’euro et la défense du capitalisme national ? Tous refusent l’affrontement avec le pouvoir des capitalistes. Le NPA ne peut se situer à équidistance du Front de gauche et de Lutte ouvrière, et c’est à cette dernière que nous devrions nous adresser dans la perspective des échéances électorales de 2017. Quoi qu’il advienne, nous devons préparer une campagne anticapitaliste, révolutionnaire, pour un mouvement d’ensemble de notre camp social.