Dans quelques jours, la ministre du travail doit annoncer les orientations pour la future réforme du Code du travail. Et Valls de nous faire croire que l’objectif est de décomplexifier un Code du travail devenu « illisible » dont « les protections seraient bien trop virtuelles » ! Il est bien là le menteur, parce que lui comme tous les membres de son gouvernement n’en n’ont rien à faire des travailleuses et travailleurs dont ils réduisent mois après mois la vie à de l’insécurité sociale latente.
Du dialogue social à la conférence sociale : les patrons se lèchent les babines
C’est comme une ritournelle, qui revient sans cesse : grâce au dialogue social, le débat s’harmoniserait et les réformes avancent. Du point de vue du gouvernement et du patronat c’est absolument évident ! Les retraites sont de nouveau attaquées avec l’accord (signé par le MEDEF, CFDT, CFTC et CGC) sur les retraites complémentaires du privé. Les futurs retraités ayant le choix entre 10% de décote pendant trois ans ou bien le report d’un an du départ en retraite ! Le Premier ministre y voit « une belle démonstration » de la vivacité du dialogue social et Hollande s’émerveille : « C’est une nouvelle liberté qui est accordée ». Mais la seule liberté c’est celle du patronat d’extorquer encore davantage de force de travail pour pas un euro en plus.
Il faut croire que c’est avec la même liberté de ton que la FSU s’était prononcée positivement pour le protocole sur les carrières et les salaires dans la Fonction publique qui acte la poursuite du gel du point d’indice jusqu’à 2017. C’est aussi avec le même élan qu’elle a participé à la conférence sociale pourtant boycottée par la CGT et Solidaires qui, en pleine bataille de chemise arrachée, ont senti que ce serait compliqué de justifier le dialogue avec les amis des licencieurs !
Avec Air France, que les « sans-culottes » s’organisent contre toutes les chemises !
La chemise déchirée est désormais le symbole de cette colère souterraine, rentrée qui s’est d’un coup exprimée par les milliers de témoignages de solidarité avec les salariés d'Air France mis en garde à vue comme des « voyous » selon les mots mêmes de Valls.
En quelques heures, le dialogue social vole en éclats. Une cadre de l’entreprise le dit elle-même: on a tout accepté pour rien ! Et elle résume finalement bien la situation : aucun sacrifice consenti par le chantage à l’emploi par les salarié-e-s ne créera d’emplois. Au contraire, chaque concession faite au patronat est une pression supplémentaire pour que ces charognards exigent plus encore et toujours.
Depuis 7 ans que la crise a éclaté, nous sommes sommé-e-s de mouiller la chemise, de participer à l’effort collectif : licenciements en masse, salaires gelés, services publics gangrénés pour la majorité des salarié-e-s, millions à gogo en retraites chapeau, prime de départ ou d’arrivée, dividendes et autres parachutes dorés pour les dirigeants des entreprises du CAC40 devant lesquels Hollande et toute sa clique déploient le tapis rouge.
Le 5 octobre, une chemise de DRH déchirée a redonné dignité à la classe ouvrière. Mais pour que cela ne reste pas qu’un symbole, pour faire cesser l’envie à Xavier Broseta, le DRH à la chemise, d’envisager des contrats de travail différenciés en fonction de la productivité, pour que notre camp social redresse enfin la tête, c’est un mouvement social généralisé qui sera nécessaire. Air France pourrait être cette étincelle. Nous étions plusieurs milliers le 22 octobre à Paris près de l'Assemblée Nationale avec les salariés d'Air France. La colère qui s’y exprimait doit s’amplifier pour que le 2 décembre, à l’occasion du procès des 5 salariés pour « violences en réunion », s’expriment non seulement le refus de toute sanction mais également l’annulation du plan social qui prévoit la suppression de 2900 postes. Plus encore, cette journée devrait être une occasion de déposer massivement des appels à la grève et de mobiliser pour l’interdiction de tous les licenciements et contre toutes les sanctions qui pèsent aujourd’hui sur des dizaines de syndicalistes ! Il y en a assez de leur dialogue social, ce qu’il nous faut, c’est une grève générale !