Quel déferlement de haine ! Quel mépris de classe ! Les dirigeants politiques et patronaux s’en sont donné à cœur joie, aidés par des médias à leur solde, vis-à-vis des employés d’Air France qui ont manifesté leur colère lors du CCE le 5 octobre. Les salariés arrêtés à leur domicile au petit matin comme de vulgaires criminels sont condamnés par avance, notamment par le premier ministre Valls. Ils seront déférés en correctionnelle dès le 2 décembre – la justice bourgeoise sait être rapide ! –, et ils sont privés de leur salaire depuis le 15 octobre.
« Deux poids, deux mesures » !
Jamais un seul « patron voyou » n’a été traité ainsi, ni aucun banquier voleur, aucun délinquant en chemise blanche, comme tous ces Balkany, Cahuzac, Copé ou Guéant.
De façon éclatante, la violence patronale s’est révélée, à travers le désespoir de salariés trimbalés de plan de restructuration en plan de compétitivité. La violence des 2900 licenciements, c’est autant de vies brisées. Celle de salariés à qui l’on demande toujours plus et qu’on accuse de tous les maux. En témoigne cette vidéo d’une employée d’Air France lors du CCE, qui clamait avoir consenti de gros efforts, quatre ans sans augmentation, des milliers de suppressions de postes, et « c’est encore nous qui allons trinquer » criait-elle, touchant des milliers de salariés dans la même situation.
La direction d’Air France a tout essayé, notamment de dresser les personnels les uns contre les autres : elle a voulu faire croire que si les pilotes n’acceptaient pas de travailler une centaine d’heures en plus pour le même salaire, les licenciements allaient pleuvoir ! Et ce dimanche, le P-DG a annoncé tranquillement que de toute façon, 1000 licenciements allaient avoir lieu en 2016… alors que la compagnie se porte bien, affiche des bénéfices et connaît un taux de remplissage de ses avions de plus de 90 % !
Quel mépris de la part de ce Juniac qui a touché au minimum 690 000 euros l’an dernier et qui, lors d’une réunion patronale, a fait s’esclaffer l’assistance en racontant qu’au Qatar, les grévistes sont envoyés en prison !
Amplifier la colère sociale
Et voilà que tous ces messieurs découvrent la colère sociale. A Lyon, à la Bourse du Travail, un pot de yaourt a été jeté sur Macron, hué, traité de licencieur par une salariée et accusé d’assassiner les chômeurs. De même, aux chantiers STX de Saint Nazaire, Hollande s’est fait interpeler par un dirigeant CGT, qui a refusé de lui serrer la main en dénonçant sa politique anti-ouvrière.
C’est cela qu’il faut amplifier, et non ces négociations bidon comme cette conférence sociale avortée qui débute et se conclut ce lundi, juste pour la photo, et que la CGT et Solidaires boycottent. Patrons et gouvernement craignent seulement notre colère. Les salariés ont cent fois raison de se défendre par tous les moyens contre ceux qui brisent des vies sans états d’âme, qui utilisent une violence quotidienne, avec comme résultat plus de 6 millions de chômeurs dans notre pays où par ailleurs les richesses explosent.
Jeudi 22 octobre, 12 syndicats d’Air France appellent à un rassemblement à 13 h à Paris, devant l’Assemblée nationale, contre les licenciements et les sanctions : une solidarité qui peut s’afficher ce jour-là dans tout le pays, à travers des rassemblements de soutien. Car c’est toute la population salariée qui est attaquée depuis de longues années. Il faut que la colère sociale s’exprime, pour que la peur change de camp. Il est temps de montrer que nous ne sommes plus résignés à nous laisser faire. C’est ce message qu’il nous est possible de faire entendre, en solidarité avec les salariés d’Air France !