Crise sanitaire, économique, sociale : une crise du capitalisme !

Nous vivons une période inédite, tant la crise sanitaire modifie la vie quotidienne de chacun et chacune. Pour autant, la société est toujours dirigée par une minorité qui vit sur le dos du travail des autres et se soucie des profits plus que de la vie de la grande majorité.
Des priorités significatives...
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reconnu le 3 mars la pénurie de masques, alors qu'un stock de plus de 600 millions de masques filtrants et d'un milliard de masques chirurgicaux existait il y a encore quelques années. En 2015, un rapport du Sénat avait alerté sur la disparition de cette réserve. Si la crise actuelle n'était pas prévue, l'existence des épidémies n'est pas nouvelle !
Désormais, les masques disponibles sont réservés à une petite partie des personnels de santé, les médecins généralistes et les infirmiers et infirmières d'État... Comme si le virus se souciait du statut de ses victimes ! Des victimes en grande partie invisibles, puisque même pour les personnels de santé, les tests de dépistages ne sont pas disponibles.
En attendant l'arrivée de nouveaux masques, de tests et de gel hydroalcoolique, les moyens ne manquent pas pour envoyer des drones dans les villes afin de contrôler les déplacements. Voilà les « drôles » de priorités de nos dirigeants !
Le confinement ? C'est pas pour tout le monde !
La ministre du Travail Muriel Pénicaud a traité « d'irresponsables » les ouvriers du bâtiment qui refusent de travailler... Parce qu'ils sont censés construire de nouveaux hôpitaux ? Non. Parce que le secteur de l'immobilier est trop important pour les profits des capitalistes.
Dans les entreprises qui tournent encore, même sans fournir des biens nécessaires comme l'alimentation ou le matériel médical, la protection de base n'est pas disponible : pas de gants, de solution hydroalcoolique ou de masques, pas de respect des distances de sécurité... En revanche, les syndicalistes n'ont plus le droit de se rendre sur les lieux de travail pour discuter avec leurs collègues et les informer, par exemple sur leur droit de retrait. À Croissy-sur-Seine (78), le 20 mars, un délégué syndical a été expulsé d'un centre de tri postal par la police à la demande des cadres de La Poste. Alors que ma direction de l'entreprise, elle, réunit son conseil d'administration... à distance !
Il en va de même dans de nombreuses entreprises, notamment dans la grande distribution, où les travailleurs et les travailleuses d'exécution doivent assurer leur boulot en présentiel, sous le contrôle de cadres en télétravail.
Si une prime de 1000 euros est envisagée pour ceux et celles qui prennent le risque de venir travailler, les cadeaux directs ou indirects aux entreprises se mesurent en milliards. Et la crise est l'occasion de remettre en cause les acquis de notre camp social. La loi d'urgence votée ce week-end permet au patronat de revenir « temporairement » sur le temps de travail et les congés payés, au nom de « l'effort national ». Au Portugal, le gouvernement « de gauche » va jusqu'à remettre en cause le droit de grève !
Voilà bien la preuve que même en période de confinement, la lutte des classes ne fait pas de pause.
Confinés ou non : restons organisés
Samedi 21 mars, une réunion nationale virtuelle des AG, coordinations locales de luttes et structures syndicales a réuni environ 90 personnes, représentant trente-cinq structures. Une nouvelle réunion se tiendra le samedi 28 mars. Des secteurs, comme le travail social ou l'éducation, tiennent des réunions similaires.
Il nous faut maintenir ces cadres collectifs pour contrer les attaques contre nos droits, refuser les situations dangereuses, imposer des droits de retrait, refuser les injonctions au télétravail... Et pour passer à l'offensive : face à la crise, il est urgent de réquisitionner les hôpitaux privés et les laboratoires pharmaceutiques.
La situation montre bien qui est utile à la société et devrait la diriger : ce ne sont pas les politiciens et les patrons !

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