Dans le dépôt de bus RATP de Nanterre, comme pour le reste de l’entreprise, le travail est maintenu depuis le début de la semaine et les machinistes sont appelé.es à assurer leur service malgré la dangerosité de l’exposition au coronavirus ainsi que les restrictions drastiques de sortie annoncées par le gouvernement. Pour répondre à l’urgence de la crise sanitaire, quelques mesures ont été prises par la direction de la RATP de Nanterre contre le virus, dont, notamment, la désinfection quotidienne des bus. Pourtant, lundi matin, les salarié.es du dépôt, constatant que tous les bus n’avaient pas été nettoyés et étaient encore, pour plusieurs, dans des états insalubres, apprennent qu’un des employés affectés à la désinfection des bus a été hospitalisé en urgence avec une fièvre soudaine de plus de 40°, symptôme identifiable du coronavirus. Beaucoup de bus ont donc soit été désinfectés par une personne probablement malade qui les a réinfectés aussitôt qu’elle les nettoyait, soit n’ont pas été nettoyés et étaient des potentiels foyers de contamination. Suite à cela, la direction du dépôt de bus RATP de Nanterre n’a pris aucune mesure exceptionnelle pour empêcher la sortie des bus suspectés d’être contaminés et a laissé les salarié.es qui n’ont pas exercé leur droit de retrait assurer leur service, en ignorant délibérément le danger auquel elle exposait ses employé.es et ses usager.ère.s.
Même face à cette situation, qui présentait des risques de contamination et de propagation du virus plus grands, la direction a favorisé l'activité économique de l'entreprise plutôt que la santé de ses employé.es, ne respectant pas non plus les règles barrières demandées à tout.e à chacun.e pour endiguer l’épidémie du virus. Des machinistes ont alors exercé leur droit de retrait, refusant de travailler dans ces conditions dangereuses, et s’opposant à la logique du profit prépondérant adoptée par l’entreprise qui accorde ainsi plus d'importance à son chiffre d'affaire.
Ils et elles font partie des milliers de personnes mobilisées depuis le 5 décembre dans le mouvement historique contre la réforme des retraites. Par ce refus de se plier aux exigences irresponsables de leur direction, ils et elles dénoncent plus généralement la logique du gouvernement qui gère cette crise sanitaire de la même manière qu'il prétend instaurer un système plus juste et équitable avec la réforme des retraites. Sous couvert des mêmes discours de solidarité, le gouvernement fait encore une fois passer les intérêts économiques des patrons avant la protection des vies des salarié.es.
La lutte de classe n'est pas confinée
Ainsi le droit de retrait exercé par les machinistes de la RATP est une nécessité sanitaire mais aussi une claire démonstration du refus de faire confiance à ce gouvernement. Alors qu'il a cassé l'hôpital public, supprimant 70 000 lits et enchaînant les coupes budgétaires, Macron nous demande de nous en remettre aux décisions du gouvernement pour résoudre cette crise sanitaire. Pourtant, les seules mesures concrètes annoncées sont : un budget de 300 milliards d'euros débloqué pour financer des prêts bancaires à destination des entreprises et 45 milliards d'euros de suspension de frais, elles n’auront pas à payer leurs loyers, leurs factures, leurs cotisations ainsi que leurs impôts. Mais en parallèle aucune budgétisation n'a été ne serait-ce qu’évoquée pour obtenir une augmentation des moyens dans les hôpitaux ; déjà fortement en crise et manifestant leur colère depuis maintenant plus d’un an. Ces choix mettent en évidence les priorités du gouvernement qui ne sont pas celles d'assurer notre sécurité : c'est ce même gouvernement qui prévoit de détruire nos retraites, et qui aujourd'hui veut faire passer par ordonnance la destruction de nos acquis sociaux du travail.
L’urgence n’est pas d’assurer le bon fonctionnement du système capitaliste mais bien d’assurer la sécurité des travailleurs et des travailleuses qui, courageusement, font face en première ligne aux risques du virus. Depuis le début de la semaine, dans plusieurs régions du monde et en France, de plus en plus de travailleurs et travailleuses exercent leur droit de retrait, jusqu'à être majoritaire et arriver à obtenir la fermeture de certains sites, comme ce fut le cas lundi dernier à La Poste dans les Hauts-de-Seine. Mardi, beaucoup de postières et de postiers ont de nouveau exercé collectivement leur droit de retrait, entre 350 et 400 agent.es ont refusé de travailler et 65 bureaux de poste sur 80 ont fermé. Par l’exercice des droits de retrait, il y a la revendication que des mesures sérieuses et utiles doivent être prises par le gouvernement pour réellement faire face et surmonter cette crise sanitaire, il faut mettre des milliards non pas au service des patrons mais au service de la population et des hôpitaux !