Amphi B1, université de Nanterre
Nous reproduisons ici l'article de nos camarades de Nanterre, publié sur le site du NPA.
La fermeture à durée indéterminée de tous les lieux d’étude, y compris des universités, depuis le lundi 16 mars, afin d’éviter la propagation du CoVid-19, rend la poursuite de notre année universitaire particulièrement compliquée. Certaines universités ont mis en place cours et examens en ligne. Cette situation rendra la validation de l’année encore plus difficile pour les étudiantEs des classes populaires !
Inégalités
Actuellement, en France, plus d’unE étudiantE sur cinq vit en-dessous du seuil de pauvreté et subit une inégalité technologique : inégalité d’accès à internet, dans la détention d’ordinateur et/ou de smartphone, etc. Face à la fermeture des lieux d’études, cette inégalité à l’accès du matériel électronique est donc accrue par la mise en place de ces non-solutions que proposent les présidences des universités et le gouvernement.
Plus de 50% des étudiantEs sont salariés. La plupart d’entre elles et eux dans des entreprises de grande distribution alimentaire qui profitent de la fermeture de nos établissements pour développer leurs activités et donc faire d’autant plus travailler les étudiantEs salariés, ne leur permettant donc pas d’avoir le temps nécessaire pour travailler leur cours, réviser et passer leurs examens. Non seulement ils et elles vont subir la mise en péril de leur année universitaire, mais aussi être exploités par leur patron qui n’ont aucun égard pour leur santé.
À cela s’ajoute bien sûr les conditions très particulières dans lesquelles nous nous trouvons avec le confinement. Souvent, les étudiantEs ont dû être rapatriés chez leurs parents, se retrouvant donc avec parents, frères et sœurs, des conditions souvent bruyantes et donc inadéquates pour étudier. Avec la fermeture des universités et des bibliothèques, l’accès au savoir est d’autant plus compliqué, ce qui défavorise les étudiantEs en master et en doctorat.
De l’argent il y en a, dans les caisses… des universités ?
Dans une situation de crise sanitaire qui est aggravée par la casse du service hospitalier par le gouvernement, Frédérique Vidal propose un « plan de continuité pédagogique ». Dans ce plan, le ministère prévoit de faire passer les examens par l’intermédiaire de prestataires privés avec un tarif de 17 euros par étudiantE et par examen. Ce tarif exorbitant ne peut être pris en charge par le budget de nos universités déjà trop faible.
Dans ce plan de continuité, les étudiantEs doivent prendre à leur charge le matériel pour passer ces examens, sachant qu'une mauvaise connexion à internet ou un matériel défaillant ou inexistant entraîne l’annulation de l’examen... Au total : de nombreuses inégalités entre étudiantEs et des conditions abominables d’examens et d’études pour touTEs les étudiantEs et enseignantEs.
Alors que le gouvernement devrait mettre de l’argent pour s’assurer que les étudiantEs puissent être confinés dans des conditions dignes, ou ouvrir plus de lits dans les hôpitaux, il propose une somme exorbitante pour passer des examens. Il s'acharne à tenir les partiels car il se soucie plus de la réputation de ses universités (ce serait une honte de dire que le semestre a été offert aux étudiantEs !), dans une logique de mise en concurrence des universités, en ignorant les inégalités d'accès des étudiantEs aux moyens techniques. Nous savons très bien que ce gouvernement ne prête pas attention aux intérêts des étudiantEs, puisque ces dernières années il n'a pondu que des lois qui augmentent la sélection, augmentent les inégalités entre étudiantEs, au détriment des plus pauvres et des étudiantEs extra communautaires, et rend l'accès aux bancs de l'université encore plus difficile.
Au lieu de s'acharner à mettre cela en place, à faire des cadeaux aux entreprises, le gouvernement devrait faire en sorte que les étudiantEs puissent se confiner sans problèmes, il devrait débloquer de l’argent pour la santé des jeunes et des travailleurEs.
Imposons la validation automatique dans toutes nos universités !
N'arrêtons pas la mobilisation collective malgré le confinement ! Nous devons continuer à développer les cadres d'auto-organisation dans les facs mais aussi au côté du monde du travail. Les comités de mobilisation et les AG interpro doivent s’organiser en ligne et continuer de créer le rapport de forces dans nos universités. Face aux différents plans des présidences de fac, mais aussi du gouvernement, nous devons exiger une validation automatique du semestre afin d'assurer que tous et toutes puissent avoir leur année sans être pénalisés par le confinement. Nous devons aussi exiger le report des candidatures sur Parcoursup et E-candidat.
M & Y, étudiantes de Nanterre, militantes d'A&R
Source : Le plan de continuité pédagogique du ministère de l'ESRI https://urlz.fr/c5vk (la partie sur les examens de ligne se trouve pages 4 et 5)