Retourne à l’école et ferme ta gueule !


« La crise du covid-19 peut être utilisée par certains pour démontrer l’incapacité des États à protéger la population », voire susciter « une remise en question radicale de notre société »... Ces affirmations qui semblent tomber sous le sens ne sont pas issues d’un tract politique ou syndical, mais d’une note de l'Éducation nationale sur la réouverture des écoles. 

Une note qui met en garde, car dans ce contexte : « des enfants peuvent tenir des propos manifestement inacceptables » !

Du devoir de réserve au devoir d’allégeance

Pour accompagner son lot de mesures sanitaires inappliquées et inapplicables, le gouvernement se lance dans un grande campagne pour un retour à leur ordre moral, en lançant une chasse à des élèves qui pourraient oser le critiquer dans sa gestion de la crise sanitaire.

Pourtant, dire que l'État n’a pas été capable de protéger la population c'est bien énoncer une réalité. C’est le gouvernement et l'État qui ont maintenu le premier tour des élections municipales, ce sont eux qui n’ont pas testé largement la population, eux qui ont détruit des masques, qui ont désarmé les personnels soignants avec les coupes budgétaires, qui obligent des secteurs non essentiels à se remettre en route… Ce sont donc eux qui sont coupables de cette situation ! Et l’école n’est pas la chargée de communication de ces incompétents !

Faudrait-il expliquer que tout s’est bien déroulé dans le meilleur des mondes ? Pour l'Éducation nationale, l'enseignement ne vise manifestement pas à aiguiser l’esprit d’analyse et à donner aux élèves des armes pour porter un regard critique sur le monde. Les programmes scolaires seront-ils bientôt directement issus de celui de La République en marche ?

Le gouvernement voudrait que les enseignants et les enseignantes réécrivent l’histoire pour le dédouaner et gommer l’ensemble des fautes qu’il a commises. Pas de devoir de réserve, mais un devoir d’allégeance aux responsables de la catastrophe.

Le gouvernement va même plus loin quand sa circulaire parle, avec des relents pour le moins racistes, des « replis communautaires » qui pourraient favoriser cette critique et même mener à une « radicalisation ». Autrement dit, ce seraient les musulmans et les musulmanes qui seraient le plus susceptibles d'être imperméables à la propagande gouvernementale. Et pour cause, parmi eux se trouve une partie des travailleurs et des travailleuses les plus exploités, ceux et celles dont les secteurs ont continué à travailler pendant le confinement. Normal, donc, que leurs critiques soient encore plus acerbes !
Par le droit de retrait, par la grève, mais aussi en assumant que des élèves critiquent le monde dans lequel ils vivent et en leur donnant les armes pour se forger cet esprit critique, les enseignantes et les enseignants doivent faire taire ce gouvernement et son ordre moral inacceptable !

Un enseignant

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